Par Denis Louvel
Avant tout, je précise modestement que beaucoup de décideurs, d’analystes et d’économistes ont une bonne connaissance pratique de ce que j’ai mis au jour de manière formelle. Cela dit, personne ne l’avait fait jusqu’ici.
L’origine de ma recherche et de la découverte qu’elle a produit remonte à 1975, lors du plan de relance dit « plan Chirac ».
Ce plan, très étudié et affiné, qui mobilisait 2,3% du PIB, montant tout à fait considérable, était évalué très positivement par la plupart des économistes. Membre du comité des jumelages de la ville de Troyes à l’époque, je l’ai aussi un peu vécu de l’intérieur, notre maire, Robert Galley, ministre de l’équipement à ce moment-là, y ayant activement participé. Or, il a produit des résultats mitigés, notamment en matière de chômage, ce qui était son objectif principal. Pourquoi ? De formation scientifique, doté d’une bonne culture économique, toujours soucieux du « bien commun » cher à mon compatriote Jean Tirole, je me suis donné pour objectif à ce moment-là de répondre à cette question. Je crois y avoir réussi.
J’ai donc posé le problème d’une manière plus générale. Cela a nécessité une prise de recul, repartir des fondements de la réflexion économique. Relire mes économistes de référence, comme Friedrich Hayek, Ludwig von Mises, Frédéric Bastiat sans oublier Jean Baptiste Say, l’ancien de l’équipe, inventeur du concept d’entrepreneur, dont certaines observations concrètes des comportements humains n’ont pas une ride, ainsi que d’autres encore.
Les chiffres mondiaux, cités dans mon livre, nous montrent que la croissance est la meilleure solution pour lutter contre le chômage et la pauvreté des peuples.
Ensuite, j’ai validé ce que beaucoup disent : plus les prélèvements obligatoires sont élevés, plus la croissance est faible, statistiques nationales et mondiales à l’appui, effectuées sur plusieurs périodes successives. Il a été intéressant et instructif de regarder aussi certains cas assez caricaturaux des résultats obtenus avec la croissance…des prélèvements.
Après cela, j’ai observé un certain nombre de redressements économiques réussis. Plusieurs points communs apparaissent dans ce qui a été réalisé avec d’excellents résultats à un moment donné dans plusieurs pays à la fin du vingtième siècle comme le Canada, la Suède, la Finlande, et bien sûr l’Allemagne, mais aussi tout récemment et particulièrement significatif, dans l’union européenne.
Cette observation est la suivante : Partout où elles ont été réalisées avec un vrai projet les restrictions budgétaires n’ont que très peu pénalisé la croissance au moment où elles étaient appliquées (sauf quelques cas exceptionnels). Ensuite celle-ci est repartie de manière dynamique quand les économies réalisées ont permis une baisse des prélèvements. Ceci est un premier indice important. De plus, je n’ai pas trouvé de contre-exemple où le couple économies budgétaires-baisse des prélèvements aurait entraîné sur le long terme une diminution de la croissance.
Nous avons vu que quand les prélèvements obligatoires augmentent la croissance baisse, nous observons par ailleurs que quand les prélèvements obligatoires diminuent la croissance augmente. J’ai pu mesurer que la croissance additionnelle en valeur absolue est de plusieurs fois la diminution des prélèvements qui l’ont permise, toujours en valeur absolue. Cela fonctionne aussi dans l’autre sens, le diviseur de croissance peut devenir un multiplicateur. Il existe donc un coefficient dont il faut rechercher l’origine.
Après la réflexion macro-économique, prenons le microscope pour voir ce qui se passe aux bases de l’économie réelle, la micro-économie : Le bénéfice de l’entreprise, le résultat d’exploitation ou le « reste pour vivre » du particulier ne représente qu’une toute petite partie du chiffre d’affaires ou du salaire brut.
Par définition, tout impôt nouveau prélève sur cet argent disponible. Il s’effectue donc sur des bénéfices ou des résultats d’exploitation ou encore du reste à vivre du particulier. C’est donc de l’argent en fin d’un cycle alors qu’il a subi tous les coûts et prélèvements inhérents à sa création et qu’il est totalement disponible pour la croissance qu’il disparaît.
Il faut aussi considérer que les montants entrant dans les rouages de l’état, des organismes divers ayant pouvoir de prélever et des collectivités sont égaux à ceux qui en sortent via les multiples formes de redistribution ainsi que les salaires des agents des entités qui gèrent cette manne. J’en tire donc que si les montants distribués sont égaux aux montants prélevés alors qu’ils produisent des effets différents, c’est qu’il existe une différence de nature entre l’argent que l’on prélève et celui que l’on distribue.
A PARTIR DE CES ELEMENTS MA DECOUVERTE EST : L’argent absorbé par un prélèvement nouveau s’apparente fortement à une ponction sur des bénéfices distribués ou du résultat avant impôt alors que l’argent distribué s’apparente fortement à du chiffre d’affaires. Inversement, toute baisse de prélèvement libère de l’argent qui était un résultat latent et est donc totalement disponible pour la croissance et provoquera le fameux effet multiplicateur cher à Richard Khan.
Fort de cela je me suis livré à de nombreux calculs pour mesurer l’effet mécanique de ma découverte. Plusieurs points doivent être pris en considération : certains prélèvement touchent le résultat d’exploitation, d’autres le bénéfice avant impôts, d’autres le bénéfice let, d’autres le salaire brut du particulier, d’autres encore le reste pour vivre final du particulier. En prenant en compte les proportions de chaque cas, je suis arrivé à un coefficient proche de 5. Je reste très ouvert sur la précision mais suis certain de l’ordre de grandeur.
Ceci veut dire qu’à chaque redistribution, sous quelque forme que ce soit, on divise par environ 5 l’efficacité de l’argent que l’on prélève. Dit autrement, à chaque « création » d’un poste public non hospitalier, on envoie cinq salariés du privé de salaire équivalent au chômage.
J’ai ainsi répondu à mon questionnement de départ : Le plan n’a pas fonctionné parce que son financement a coûté environ cinq fois plus cher que ce qu’il a distribué.
Il est loisible d’ailleurs de noter qu’avant la crise sanitaire, ce que la commission européenne demandait à la France pour rééquilibrer ses finances publiques c’était de faire des économies et non de créer des impôts nouveaux, ce qu’elle n’a cependant cessé de faire avec les résultats négatifs et parfois explosifs que chacun a pu observer.
Je précise que je ne suis pas opposé aux prélèvements par principe. J’ai moi-même bénéficié de l’effort social quand mon père est décédé dans un accident de la route alors que j’avais trois ans et demi, mon frère dix-huit mois et une mère sans emploi, « mère au foyer » comme on disait à l’époque. Mais, avec 30% de prélèvements à ce moment-là, la France m’a permis de suivre des études supérieures et de « faire mon chemin ».
La première direction qu’implique ma découverte est la suivante: C’est avec des économies (qui se sont réalisées dans d’autres pays avec d’excellents résultats) qu’il faut financer le coût de la relance et non avec des impôts ou prélèvements supplémentaires.
L’auteur. Denis Louvel est consultant auprès de plusieurs managers français. Il les aide à élaborer leurs prévisions économiques et leur stratégie. Ses travaux personnels en économie ont déjà généré la publication de quatre essais. Cet ouvrage fait suite à une découverte conséquente couronnant plus de trente années de recherches personnelles sur les causes de réussite ou d’échec de plans de redressement ou de relance.