En 2011, à 37 ans, Hervé Connay-Stofft plaque tout pour recommencer à zéro sa carrière professionnelle. Brillant consultant dans l’univers de la restauration, ce boulimique de travail choisit d’abandonner le confort d’une routine devenue vide de sens pour devenir boulanger.
«Pour changer de vie, il suffit de le décider ! Le stress de mon métier de consultant était supérieur au plaisir. Je n’étais jamais à la maison et proche du burnout», nous confie-t-il. La naissance de sa fille est le déclic qui lui fait franchir le pas. «J’ai toujours voulu être boulanger sans réellement savoir pourquoi…
À la naissance de ma fille, ma femme m’a dit : “peut-être est-ce le bon moment”. Ce choix, nous l’avons fait à deux», insiste celui qui ne regrette aucun des avantages de son ancien métier, «ni les chambres d’hôtels de luxe ni la carte business Air France», sourit celui qui a dû en passer par un apprentissage de 9 mois pour décrocher son diplôme. «Il faut être sûr de soi car on se retrouve sur les bancs de l’école face à des enseignants et des élèves qui ne comprennent pas votre décision !».
Un dossier très bien ficelé qui convainc les banques
D’autant que beaucoup lui prédisent qu’il devrait faire ses preuves chez les autres avant d’ouvrir sa propre boulangerie. Mais n’écoutant que son désir et soutenu par sa femme Anne, ex-directrice des relations extérieures du Medef de Lyon, Hervé Connay- Stofft ficelle si bien son dossier, cautionné par l’organisme de cautionnement des artisansboulangers, qu’il obtient un prêt de 400.000 € sur 7 ans de sa banque.
Le moulin de Lea : la qualité avant tout
De quoi ouvrir Le Moulin de Léa (L pour Lilou, E pour Emma, ses filles, et A pour Anne, sa femme), sa boulangerie rue de la Croix-Rousse à Lyon, dans laquelle redécouvrir toutes les saveurs du pain et de la tradition boulangère.
Chez lui, il y a d’un côté le choix des meilleures farines, produites par des petits minotiers, garants d’un produit irréprochable, le savoir-faire de techniques séculaires et l’oeuvre du temps long accordé au repos de la pâte ; de l’autre, un laboratoire ouvert sur la boutique, une présentation innovante des produits et des pains qui se réinventent à la faveur des saisons et de l’inspiration.
Un changement de vie qu’il ne regrette pas
«La première année, nous avons réalisé 410.000 € de CA, 10.000 € de plus que nos prévisions. Aujourd’hui, notre CA est de 620.000 €. Mais entre le remboursement du prêt et les investissements, nous ne réalisons pas de bénéfices.
Et cette année, nous devons aller chercher 50.000 € de plus», note le boulanger pétri de passion, qui ne regrette pas d’aller chercher ses filles à l’école avec son tablier blanc plutôt qu’en grosse berline.
Diversifier ses activités
Son avenir, il le voit dans la diversification de ses activités, lui qui sert déjà des étoilés, comme Jean-Michel Carrette du restaurant gastronomique Aux Terrasses, espère servir prochainement des grands événements, envisage même la vente par Internet pour exporter certains produits à l’autre bout du monde.
En revanche, pas question pour l’instant de franchiser son concept : «Notre travail est artisanal et je souhaite qu’il le reste !». Les gourmands peuvent comprendre…