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Nick Leeder, DG de Google France : « Comment nous aidons les start-ups et les PME »


Première capitalisation boursière mondiale, Google (Alphabet) est devenu en l'espace de quelques années une entreprise hégémonique. Implantée en France depuis 2010, la firme californienne accompagne et finance le tissu entrepreneurial hexagonal dans sa transition numérique. L'objectif ? Devenir un acteur incontournable pour les PME. Directeur général de Google France depuis 2013, Nick Leeder nous explique ce que l'entreprise américaine est en mesure d'apporter aux entreprises hexagonales.

Entreprendre - Nick Leeder, DG de Google France : « Comment nous aidons les start-ups et les PME »

Première capitalisation boursière mondiale, Google (Alphabet) est devenu en l’espace de quelques années une entreprise hégémonique. Implantée en France depuis 2010, la firme californienne accompagne et finance le tissu entrepreneurial hexagonal dans sa transition numérique. L’objectif ? Devenir un acteur incontournable pour les PME. Directeur général de Google France depuis 2013, Nick Leeder nous explique ce que l’entreprise américaine est en mesure d’apporter aux entreprises hexagonales.

Entreprendre : Quelles évolutions ont-elles été induites par Google dans le secteur professionnel ? S’agit-il d’une évolution ou d’une révolution ?

 

Nick Leeder :

En France, où nous comptons désormais plus de 700 employés, nous constatons depuis 10 ans que les acteurs économiques prennent part à ce que l’on peut qualifier de révolution numérique.

Mais les disparités persistent. C’est la raison pour laquelle nous essayons, avec d’autres, de soutenir la transformation numérique des start-up, TPE/PME, grands groupes, associations et acteurs culturels, en développant des programmes sur-mesure à leur intention.

Notre objectif est de les aider à comprendre comment elles peuvent utiliser le numérique pour accélérer leur développement. Je dois dire qu’il y a urgence : les acteurs économiques français enregistrent un retard par rapport aux pays européens plus matures. Le poids du numérique dans le PIB en France est ainsi deux fois inférieur par rapport au Royaume-Uni (5,5% contre 10% en 2011 (Etude McKinsey, Accélérer la mutation numérique des entreprises : un gisement de croissance et de compétitivité pour la France, septembre 2014). Mais la France est en marche ! En 2015, 16% des PME françaises vendaient en ligne, contre seulement 11% en 2014.

Quel rôle joue Google auprès de PME et TPE  et plus largement au niveau de l’écosystème entrepreneurial?

Nick Leeder :  

Google France a mis en place de nombreux programmes pour soutenir les petites et moyennes entreprises. D’une part, depuis 2012, nous avons déployé notre dispositif “Google pour les Pros” dans plus de 100 villes en France, un dispositif unique au monde qui, grâce à des coachs sur le terrain, permet d’accompagner les PME.

Cette initiative, en partenariat avec les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI), a pour objectif d’aider les commerçants, TPE et PME à tirer parti des outils numériques. Dans ce cadre, plus de 72 000 professionnels ont déjà été formés à travers toute la France. Nous mettons également à disposition gratuitement sur le site de Google un MOOC qui permet d’acquérir des compétences en matière de marketing digital.

D’autre part, s’agissant des start-up, nous sommes un partenaire historique du NUMA, premier accélérateur et haut lieu de l’innovation et du numérique. Au-delà d’un soutien financier de près d’un million d’euros, nous menons des actions en direction des startupers, sous forme de sessions de mentoring intenses partout en France qui leur permettent d’affiner leur business model.

Pour celles qui sont plus avancées, nous avons lancé une initiative dédiée, appelée Scale-up qui a pour objectif, une fois la première levée de fonds réalisée, de les accompagner dans la phase la plus complexe et critique de leur développement : celle de l’internationalisation. Nous avons lancé cette action car plusieurs études montrent qu’en France la mortalité des start-up est la plus élevée entre la 2ème et la 5ème année d’existence (Étude Raise – Bain – “5 ans après leurs créations et la traversée de ce que l’on appelle “la vallée de la mort”, seules 50% des start-up auront survécu“)

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Dès 2015, 10 start-up ont été sélectionnées (Alltricks, Blablacar, Captain Train, Drivy…) et accompagnées par une équipe de dix personnes au sein de Google. Le résultat a été spectaculaire : ces 10 scale-up se sont développées dans plus de 30 pays, ont embauché plus de 400 personnes, doublé leur chiffre d’affaires, et levé pour plus de 250 millions d’euros.

Pouvez-vous nous expliquer « le moteur des réussites françaises », en quoi consiste-t-il, quels en sont les enjeux ?

 

Nick Leeder :

Les acteurs que nous rencontrons peuvent parfois connaître des freins quant à la transformation numérique, qu’ils peuvent juger disruptive et souvent éloignée de leurs problématiques. Notre rôle, avec d’autres, est d’expliciter de façon pédagogique que le numérique peut être une source de croissance et une chance pour ceux qui s’en saisissent. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé l’année dernière “Moteur de réussites françaises”, en cherchant à mettre en avant les histoires de celles et ceux qui ont réussi grâce au web. Nous souhaitions porter un message optimiste.

Nous lançons d’ailleurs un nouveau concours national et invitons les associations, les entrepreneurs et les lieux culturels de toutes les régions françaises à postuler jusqu’au 30 septembre pour gagner un an d’accompagnement et d’expertise pour accélérer le développement de leur projet.

Comment la transformation digitale des PME s’opère-t-elle, quels sont les enjeux associés ?

 

Nick Leeder :

La plupart du temps, la phase cruciale pour les PME concerne l’internationalisation de leurs ventes. Les outils numériques que nous mettons à disposition leur permettent de passer ce cap difficile et de retrouver de la sérénité pour poursuivre leur aventure entrepreneuriale.

Lors de notre passage à Lyon, il y a quelques semaines, nous avons dévoilé les résultats d’une étude d’impact Ipsos dans laquelle 57% des dirigeants de PME interrogés déclarent avoir compris qu’Internet est un levier de croissance pour leur entreprise, et un quart d’entre eux constate une augmentation du nombre de clients et une augmentation des ventes ou des réservations.

C’est ce qui se passe par exemple pour la société UVEA, une start-up basée à Roubaix qui crée des combinaisons anti-UV pour les enfants de 1 à 12 ans.

Depuis 2010, grâce au web, la production de la société a été multipliée par quatre avec des ventes uniquement réalisées via son site web et expédiées partout dans le monde. Aujourd’hui, il est primordial pour les entreprises d’avoir une vitrine numérique, mais cela ne les dispense pas d’ouvrir des points de vente et des boutiques physiques, loin de là.

Comment la France peut-elle rattraper son retard, quels sont ses atouts ?

 

Nick Leeder :  

Je vais vous faire part d’un chiffre qui m’a frappé : selon une étude de McKinsey[2], la France pourrait gagner 100 milliards d’euros de PIB par an si elle accélérait sa transformation numérique et se mettait au même niveau que les pays les plus avancés, comme le Royaume Uni, les États-Unis ou l’Allemagne.

Tous les acteurs économiques français sont concernés, quelle que soit leur taille, la nature de leur activité ou leur localité. Cette opportunité est d’autant plus intéressante que les Français sont en avance sur les entreprises dans leur pratique du numérique : selon une étude de Roland Berger, nous sommes 59% à acheter en ligne, alors que seulement 11% des entreprises françaises vendent en ligne. Au vu de ces deux chiffres, il paraît clair que les consommateurs français se tournent vers des offres étrangères, faute d’offre suffisante dans l’Hexagone.

Un dernier constat : je crois que c’est avant tout aux chefs d’entreprises, des plus petites entreprises aux groupes du CAC 40, de comprendre les enjeux et saisir les opportunités. Lorsque nous voyons des entreprises qui se transforment, il y a toujours un dirigeant aux manettes.

Comment favoriser la transition numérique et imaginer un nouveau modèle économique ? En quoi et comment Google peut-il aider les entreprises à conduire ce changement ?

 

Nick Leeder :

Google propose des outils numériques adaptés à la maturité digitale des différents acteurs. Pour les moins avancés d’entre eux, nous les aidons à être visibles gratuitement : nous leur expliquons comment créer leur page Google My Business, ce qui leur permet de référencer leur entreprise sur le moteur de recherche ainsi que sur Google Maps.

Concernant les acteurs plus matures, nous les accompagnons dans la création de leurs campagnes de marketing en ligne. Nous avons un rôle de conseil sur différents aspects : les audiences cibles à avoir, le bon message à faire passer, quel moment choisir, et sur quel dispositif le transmettre.

Nous avons par exemple récemment travaillé avec l’enseigne de prêt-à-porter Petit Bateau. Nous voulions évaluer l’impact de leurs activités online sur les ventes offline et le résultat a été très intéressant : sur 100 achats en magasin, environ 44 sont précédés d’une visite sur leur site web, ce qui montre que l’effet online-to-offline est déterminant chez eux. Cette étude a prouvé, encore une fois, l’importance de la visibilité des sites web des entreprises auprès de leurs clients, et de leurs prospects.

La stratégie menée par Google vise-t-elle à la création d’emplois ? Quels sont vos objectifs sur le sujet ?

 

Nick Leeder : 

Notre objectif est d’accompagner les différentes entreprises quel que soit leur taille, la nature de leur activité ou leur localité. Je vais vous donner un exemple concret : celui d’une entreprise traditionnelle d’Eure-et-Loir, appelée Store-et-Rideaux et lauréate de notre concours.

Cette entreprise a pu se développer grâce aux outils numériques : elle réalise désormais 30% de son CA en ligne et prévoit d’embaucher cinq collaborateurs pour absorber la croissance et grandir à l’étranger. Le numérique est donc très certainement un atout très fort pour l’emploi, et nous jouons, avec d’autres, un rôle à son essor dans le pays.

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