Créé il y a 30 ans dans l’Aube par deux frères forains, Nigloland est devenu l’un des parcs les plus prisés de France.
Le petit hérisson, mascotte du parc, s’est fait une bien jolie place entre la souris américaine de DisneyLand et les irréductibles gaulois du Parc Astérix. Avec plus de 600.000 visiteurs en 2016, Nigloland, installé au cœur de la Champagne depuis plus d’un quart de siècle, se hisse en effet à la 5ème place des parcs d’attractions de l’Hexagone en termes de visiteurs. La raison d’un tel succès ? Une politique d’innovation soutenue et une vision familiale du divertissement.
Le manège dans les gênes
Chez les Gélis, on ne badine pas avec la tradition du spectacle. «Le monde du cirque et de la fête foraine fait partie intégrante de l’histoire de notre famille. Nous sommes la 6ème génération à proposer du plaisir et des émotions aux gens», annonce fièrement Philippe Gélis, 58 ans, cofondateur et copropriétaire du parc.
Pour le forain et son frère Patrice, 65 ans, plus questions de foires, de manège à monter, démonter et transporter sur les routes de France. «Déjà dans les années 70, notre père envisageait de se sédentariser pour ouvrir un parc». Si le patriarche n’a pas concrétisé son rêve, l’idée a fait son chemin dans l’esprit de ses deux fils. «En 1982, au cours d’un voyage aux États-Unis, nous avons découvert les parcs d’attractions américains. Nous avons été totalement bluffé par ce que nous avons vu mais surtout par l’idée d’un ticket d’entrée unique…».
Pour mener à bien leur projet, les deux frères choisissent d’installer leur parc sur la propriété familiale de Dolancourt, un village isolé de l’Aube. Un choix stratégique, puisque le domaine de 5 hectares dispose d’arbres bicentenaire et d’une petite rivière propice à la création d’un parc arboré, mais surtout financier.
«Nous n’avons pas eu besoin d’acheter de foncier ! Nous avons simplement loué la surface pour 3.000 francs à notre père et notre oncle, les propriétaires», indique Philippe Gélis. Une bouffe d’air pour les deux jeunes hommes qui doivent faire appel aux banques mais aussi aux crédit familial pour lancer les travaux. Pas question en effet de faire entrer des investisseurs ni d’associer toute la famille Gélis : Patrice et Philippe restent les seuls maîtres à bord.
D’ailleurs, les deux frères remontent leurs manches pour débroussailler et construire eux-même les premières installations. Quelques mois plus tard, en juin 1987, Nigloland, ouvre ses portes au public. Et dès la première saison, le succès est au rendez-vous : les deux frères, qui se sont fixés 50.000 visiteurs, en accueillent le double… et 200.000 l’année suivante. Au début des années 90, la fratrie rachète «pour trois fois rien» la Toison d’or, à Dijon. Un parc d’attraction porté par la ville et une filière de la Lyonnaise des eaux. Si le rachat permet de gonfler rapidement l’offre de manège de Nigloland, c’est surtout pour le parc champenois une façon d’éliminer la concurrence et de s’approprier toute une zone de chalandise qui lui échappe.
Investissements raisonnés
Loin d’être grisés par le succès, Patrice et Philippe ont conscience que, pour pérenniser leur affaire, ils doivent investir. «Pour fidéliser la clientèle, nous devions proposer à chaque saison de nouveaux manèges, mais aussi développer des attractions fortes capables de séduire toute la famille». Commence alors une impressionnante vague d’investissement : 4 M€ en 1998 pour La Spatiale expérience, 1 M€ en 2000 pour le Juke-Box, 1 M€ en 2004 pour le King of Mississippi…
En 2009, une Grande Roue visible de loin, s’installe sur le parc. Cet investissement de 5 M€ permet aux visiteurs de voir Nigloland à 50 m de haut.
Fort de ses 500.000 visiteurs en 2013, le parc prend un nouveau virage en 2014 avec l’ouverture de l’Alpina Blitz, un grand huit de plus de 700 m de parcours, avec un départ à 33 m de hauteur et une vitesse maximale 87 km/h. Plus important investissement du parc depuis sa création (8 M€), ce grand huit se classe d’ailleurs parmi les tous premiers en France en termes de sensations et permet d’attirer 50.000 visiteurs supplémentaires.
Boostés par ce nouveau succès, le duo poursuit ses investissements sensations. «L’année dernière, nous avons inauguré Le Donjon de l’extrême, la plus grande tour de chute libre rotative au monde». Pas question pour autant d’oublier l’objectif premier : plaire à tous. «En marge, nous avons installés la tour des petits fantômes pourvant accueillir toute la famille. Chez Nigloland, les plus petits ne regardent pas la tête en l’air les grands qui s’amusent !» martèle Philippe Gélis.
De grandes ambitions
«Le parc grandit en fonction de nos ressources car nous ne voulons pas nous surendetter. 2017 sera consacrée à des travaux éclectique, notamment à la résiliation d’un nouveau parking». Un choix budgétaire qui n’empêche pas les Gélis de fêter dignement les 30 ans de leur parc. «Cette saison, nous renouons avec nos origines en accueillant le cirque Achille Zavatta Fils tout l’été».
Avec une clientèle qui provient majoritairement de l’Aube et des départements limitrophes, Nigloland, qui compte 39 attractions et spectacles, 8 restaurants à thème, 350 collaborateurs en haute saison pour 20 M€ de CA, a désormais des ambitions nationales voire européennes.
«Pour faire venir à nous les visiteurs les plus éloignés, nous réfléchissons à une offre hôtelières plus conséquente que celle que nous proposons aujourd’hui», confie le chef entreprise qui a déjà investi 5 M€ en 2005 pour la construction de l’Hôtel des Pirates, un 4 étoiles de seulement 30 chambres. Un pari fou que vont relever Rodolphe et Valentine, les enfants de Philippe et Patrice, tout juste nommés directeur des opération et chargé de communication.