Lorsqu’on s’intéresse au palmarès de Nordine OUBAALI, on comprend vite que l’athlète franco-marocain détient différents records dont celui d’avoir marqué l’Histoire en devenant le premier de sa catégorie à s’emparer du titre de champion du monde WBC à trois reprises avec une grande Première à Las Vegas face à Rau’shee Warren le 19 janvier 2019. Et ce souvenir-là, Nordine le raconte à Casablanca lors de la Conférence qu’il anime à l’occasion du salon Africa Sports Expo. De beaux souvenirs et de douloureux obstacles, Nordine Oubaali n’oublie rien et répond sans filtre à Amine Birouk de Radio Mars.
Des anecdotes aussi qui permettent de mieux comprendre son parcours si impactant. L’histoire d’une famille, d’un Maroc ambitieux et tourné vers l’entraide, la famille et le travail.
Avec émotion, il évoque ses racines et dit « être fier de revenir au Maroc parce que la jeunesse ici est très nombreuses et tellement talentueuse. Je veux transmettre mon savoir, mon expertise et que mon histoire serve aux Marocains parce que le Maroc ce sont mes racines. Les valeurs que mes parents m’ont inculqué sont celles du travail, de détermination et de solidarité. C’est la richesse d’avoir une double culture. Je suis fier d’avoir vécu deux olympiades avec le drapeau tricolore mais il était aussi très important pour moi de monter sur le ring avec le drapeau marocain pour rendre hommage à la terre de mes ancêtres ».
De l’émotion aussi lorsqu’il se souvient de ce jour où il a tapé dans la main de son frère et coach Ali Oubaali « avec mon frère, on s’est regardé et on s’est dit : on va le faire. On va devenir champions du monde en 15 combats. Je voulais écrire l’Histoire et montrer qu’en croyant en soi, en étant bien entouré et en travaillant très dur, on peut s’accomplir. Si moi je l’ai fait, je suis venu dire ici aux jeunes marocains, aux champions en herbe de ne rien lâcher, ils peuvent le faire ».
Et le message lancé dans l’espace des conférences trouve écho bien au-delà du quartier Anfa de Casablanca car le témoignage du champion du monde embarque avec lui toute une jeunesse mais également des investisseurs et des passionnés prêts à miser sur le sport et sur une expérience client toujours plus intense. C’est en effet l’analyse portée par l’économiste du Sport Vincent Chaudel qui a présenté à l’occasion du salon une étude unique avec des chiffres inspirants.
L’expert sport business venu spécialement de Paris l’a en effet rappelé lors de sa prise de parole : «Le secteur privé au Maroc génère 16,8 milliards de dirhams en 2021, soit 1,16% du PIB du pays. Si nous intégrons le secteur associatif et le secteur public, le sport au Maroc pèse plus de 2,5% du PIB, ce qui est déjà très significatif». Oui cela fait sens.
Cette analyse résonne au parcours de Nordine Oubaali mais également de Khadija Mardi de passage à la rencontre des exposants et du public montrant l’engouement des marocains suscité pour les athlètes et l’amour de tout un peuple pour accompagner leur performance.
Nordine Oubaali évoquera d’ailleurs avec émotion le courrier que lui a adressé le roi Mohamed VI après son premier titre mondial WBC et l’exploit réalisé à Las Vegas : « J’ai été invité par l’Ambassadeur du Maroc en France à Paris à la demande du Roi. Le courrier qu’il m’a écrit et qui m’a été remis représente énormément pour moi. C’est une fierté parce que le nom OUBAALI fait partie de l’Histoire du Maroc maintenant et ça compte énormément. J’en remercie profondément sa majesté et je sais tout l’engagement qu’il porte pour développer le sport ici au sein du Royaume parce que les Marocains et la jeunesse est pleine de talents. J’ai ressenti beaucoup d’amour et à chaque fois que je viens, je rencontre beaucoup de jeunes qui veulent s’exprimer par le sport. Je veux leur apporter le meilleur et rendre ce que la boxe m’a apportée. Il faut travailler sur la formation et la compétence. Les structures sont là, à nous aussi de revenir et de transmettre ».
Sport passion et sport ambition
Et justement, Vincent Chaudel évoquera également cet aspect d’un Maroc prêt à jouer un rôle central dans le développement du sport en Afrique en s’appuyant sur le récent engouement aussi bien pour le football avec les Lions de l’Atlas que pour la boxe avec le soutien de tout le pays à la désormais championne du monde Khadija El Mardi : « la place de la femme dans le sport est un sujet crucial parce que ce sont les femmes qui sont bien évidemment les mamans et qui vont inviter ou engager leurs enfants dans le sport. Voilà pourquoi c’est une très bonne nouvelle cette présence de femmes dans ce secteur privé du sport mais également dans les performances sportives et sur le terrain. Des jeunes filles peuvent s’identifier et prendre la relève ».
Prendre la relève et assurer un héritage puissant. Voilà le message envoyé en fin de conférence par Nordine Oubaali qui a remercié l’organisation et notamment Mehdi Sekkouri pour ces temps de partage et de construction commune en rappelant que les champions, les sportifs de haut niveau qu’ils vivent en France ou ailleurs, et dont les racines sont marocaines ont cette responsabilité là aussi de participer à faire rayonner le pays, ses talents et construire un meilleur avenir pour la jeunesse par le sport qu’il a qualifié de langage universel et intemporel :
« Tous ne deviendront pas champions mais avec le sport, ils pourront apprendre, grandir et se structurer. Il faut rêver grand et ne pas avoir peur d’échouer car l’échec est le plus bel apprentissage dans une vie. Tomber, se relever, travailler et briller. Croire en soi et ne pas se mettre de frein. Ce que moi j’ai accompli, ce n’est pas impossible. Oui, c’est historique mais nous sommes toutes et tous capable d’écrire l’Histoire ».
Une conclusion ambitieuse et généreuse à l’image de la carrière du champion franco-marocain qui a promis qu’il reviendrait très vite à la rencontre des Marocains et au service du royaume pour un sport qui rassemble et fait rayonner les talents locaux jusqu’aux plus hauts sommets.
Souad Soulimani