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Thomas de Moussac (Technique Solaire) : « Notre objectif est de devenir un énergéticien de rang mondial »


Fondé en 2008 par Julien Fleury, Lionel Themine et Thomas de Moussac, Technique Solaire (250 millions d’euros de chiffre d’affaires prévisionnel en 2024) va investir, d’ici 2030, quatre milliards d’euros dans la construction de projets de production d’énergie renouvelable (photovoltaïque et biogaz). Entretien avec Thomas de Moussac, l’un des trois co-fondateurs de l’ETI basée à Poitiers.

Thomas de Moussac (Technique Solaire)

Quelle est la genèse de Technique Solaire ?
Thomas de Moussac. Nous nous sommes rencontrés à l’EDHEC. Après avoir travaillé quelques années dans l’audit et le conseil, nous voulions lancer notre entreprise. Ce qui nous a rassemblés, c’est la volonté d’entreprendre. Après avoir étudié plusieurs pistes, comme la franchise ou la restauration, le solaire s’est imposé à nous. Le potentiel était immense et le marché quasi inexistant. En 2008, on ne voyait pas un panneau solaire en France.

Comment avez-vous financé le lancement de l’entreprise ?

Nous avons mis toutes nos économies. Ensuite, nous avons fait appel à des dispositifs publics comme Oseo (ex-Bpifrance, ndlr), au financement bancaire, aux subventions et aux aides régionales. L’une de nos forces est d’avoir ouvert notre capital très tard (Bpifrance et le Crédit Agricole sont actionnaires minoritaires depuis 2017, ndlr). Notre première levée de fonds a eu lieu neuf ans après la création de l’entreprise.

Se lancer en France, un pays où le nucléaire occupe une place prépondérante (plus de 70 % de la production totale d’électricité en 2008), était-il un pari risqué ?

Absolument. D’autant qu’à l’époque, on ne parlait pas du tout de croissance verte ou de transition énergétique. Le solaire coûtait cher, il était subventionné, intermittent et considéré comme un gadget. Pour certains, il n’avait aucun avenir. Aujourd’hui, c’est l’énergie la plus installée dans le monde avec des centaines de gigawatts chaque année. Les coûts ont été divisés par dix en dix ans.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Les changements de réglementation, notamment le moratoire sur le photovoltaïque en 2010 qui a mis à l’arrêt la filière, et le millefeuille administratif. En Allemagne ou aux Pays-Bas, il faut deux ans pour concrétiser un projet de centrale au sol. En France, il faut compter au minimum le double.

Quel est votre objectif à l’horizon cinq ans ?

Notre objectif est de devenir un acteur majeur de la transition énergétique et un énergéticien de rang mondial.

Quelle est la répartition du chiffre d’affaires de l’entreprise ?

La majeure partie du chiffre d’affaires provient du développement et de la construction d’installations photovoltaïques. En tant que producteur d’énergie, nous vendons également de l’électricité. Nous proposons aussi des services, comme la maintenance des centrales.

Qui sont vos principaux clients ?

Ce sont les agriculteurs : éleveurs, céréaliculteurs, maraîchers… Nous leur proposons différents outils : un bâtiment agricole, une centrale solaire, une centrale photovoltaïque, une volière…

Comment allez-vous mobiliser les 4 milliards d’euros d’investissement prévus ?

Cet investissement, qui s’inscrit dans le cadre de notre objectif d’atteindre 4 gigawatts (GWc) en 2030, sera financé par notre dernière levée de fonds et par la dette bancaire.

L’international est-il votre priorité ?

La France reste notre marché principal, celui dans lequel nous investissons le plus. Notre parc installé représente 532 mégawatts (MWc), dont 50 % en France. Nous visons une puissance installée entre 2,2 et 2,3 GWc en France d’ici 2030.

Les contraintes du solaire sont-elles un frein pour votre développement ?

Le solaire a des défauts, mais le stockage va se développer. Nous travaillons déjà sur le sujet. Nous misons aussi sur les nouveaux modèles d’affaires, comme les PPA (contrats d’achat d’électricité long-terme signés de gré à gré, ndlr), qui nous permettent de vendre de l’électricité à des entreprises comme Air France.

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