La crise du COVID-19 a entraîné une chute brutale des marchés financiers. En France, le CAC 40 s’est achevé sur une baisse historique de 26,5 % au premier trimestre de l’année 2020. Des contre-performances observées sur la totalité des bourses européennes. Si certains secteurs se sont effondrés, comme le luxe, l’aérien ou encore le tourisme, d’autres résistent et sortent toutefois gagnants de cette crise.
Répondre à un besoin essentiel ne suffit pas. Les entreprises qui résistent aux bouleversements actuels ont prouvé à la fois leur solidité financière et leur capacité à maintenir leur capacité de production.
« L’enjeu a été de maintenir nos capacités productives, tout en garantissant à nos collaborateurs les meilleures protections sanitaires », explique Annick De Poorter, vice-présidente d’Ontex, l’un des leaders mondiaux des produits d’hygiène, qui fait face à une demande toujours vivace.
Stay at home Index : l’indice des gagnants du COVID-19
La situation économique et sanitaire est inédite. Jamais les inégalités entre les différents secteurs n’ont été aussi importantes. Les taux d’activité par branche varient de 0 % à 100 % en fonction des secteurs d’activité. Mais, si l’un d’entre eux sort gagnant de la crise, c’est bien celui de l’économie numérique. Loin d’être impactées, les entreprises du secteur ont même profité des mesures de confinement pour générer un regain d’activité. Ces groupes sont même désormais ironiquement désignés par une appellation générique, l’indice Stay at home. 33 entreprises composent ce CAC 40 des gagnants de la crise sanitaire venant, très majoritairement, de l’entertainment dématérialisé, du e-commerce et du marché du télétravail, pour lequel la demande n’a jamais été aussi prononcée à l’échelle mondiale.
Et leur champion hors catégorie est, sans doute, le GAFA Amazon, qui a même été dans l’obligation d’embaucher 100 000 intérimaires pour faire face à un regain d’activité lié à l’afflux de commandes par internet. Déclenchant aussi une salve de réactions hostiles, déplorant le manque d’engagement du groupe en faveur du respect des normes sanitaires pour ses employés. Dans son sillage, Netflix, Facebook, eBay ou encore l’application de téléconférence pour particuliers et professionnels Zoom ont aussi bénéficié de cette période particulière. Netflix atteint ainsi son plus haut niveau depuis son introduction au NASDAQ en 2002. Une tendance haussière conjecturelle partagée par l’ensemble des entreprises du Stay at home index. Par exemple, Zoom a ainsi gagné 122 % sur les trois derniers mois, profitant de l’essor vertigineux du télétravail dans une grande partie des entreprises de service.
Grande distribution, santé : le défi de la réponse à la demande
La grande distribution a prouvé ses capacités à assurer la fourniture des populations en biens alimentaires. Les enseignes restent ouvertes et bénéficient du réflexe de stockage des populations, mais aussi du report de la consommation hors domicile, notamment pour les étudiants ou les écoliers, qui ne déjeunent désormais plus en restaurant universitaire ou à la cantine. Le recours accru au drive, qui rassure les consommateurs, est aussi symptomatique de cette tendance. La fermeture des bars et restaurants a aussi, dans une certaine mesure, profité au secteur de la grande distribution. Mais, malgré l’explosion des ventes de la semaine du 16 au 22 mars, les ventes ont accusé une baisse puis retrouvé un volume habituel dans les semaines suivantes.
Autre secteur qui semble résister, la santé, qui paraît retrouver ses vertus de valeur défensive sur les marchés financiers. Sanofi, par exemple, est l’un des titres qui résiste le mieux avec une baisse cumulée de 8 % sur le mois de mars, là où le CAC 40 chutait de près de 30 %. Cette réalité repose d’abord sur des causes structurelles, car les populations ont un besoin permanent d’avoir accès aux médicaments. Et sur des réalités plus conjoncturelles, avec des variations fortes lors d’annonces sur d’éventuels traitements ou l’annonce de la création de tests. BioMérieux, par exemple, spécialiste du diagnostic in vitro, a signé une excellente performance au sein du SRD au premier trimestre 2020. Le groupe a obtenu des autorisations urgentes de vente de tests aux États-Unis et a annoncé, au début du mois, la production de nouveaux modèles de tests pour la France notamment. Mais ces valeurs restent extrêmement volatiles et dépendent des rumeurs de traitement et de la fiabilité, peu assurée, des tests. Les chaînes de production, largement délocalisées hors d’Europe, impactent encore à la baisse ces valeurs.
La résistance de beaucoup d’entreprises a aussi reposé sur leur capacité à assurer la continuité de la production dans un contexte troublé, pour répondre à une demande qui demeurait globalement inchangée. C’est ainsi le cas de l’entreprise belge Ontex, l’un des leaders mondiaux de la fabrication de produits d’hygiène, qui a réussi à garder intactes ses capacités de production au sein de ses 18 usines à travers le monde. Mais pour y arriver, le groupe a dû mettre en place des mesures sanitaires particulièrement strictes. Contactée par notre rédaction, Annick De Poorter, vice-présidente exécutive R&D, Qualité et Durabilité du groupe explique avoir mis en œuvre « des contrôles systématiques de températures, garanti la dotation des personnels en matériels de protection (masques et visières), proposé des systèmes de transport réservés aux personnels afin de leur éviter les transports en commun ou encore désinfecté très régulièrement les centres de production ». Les règles de distanciation sociales ont aussi été strictement appliquées et des safety guards ont été chargés de garantir l’application de toutes ces nouvelles règles. « Évidemment, le télétravail a été appliqué partout où cela été possible » poursuit Annick De Poorter. Au premier trimestre, les ventes du groupe, dont les activités répondent à un besoin essentiel pour les hôpitaux et les populations, ont grimpé de 6,8 % par rapport à la même période l’année dernière.
La fragilité cyber des entreprises révèle de nouveaux besoins
Un mouvement similaire semble se dessiner chez les spécialistes de cybersécurité et les fournisseurs d’infrastructures internet. Le COVID-19 pourrait être le révélateur des besoins des entreprises en cybersécurité, notamment les plus petites, et de leurs failles dans ce domaine. En effet, les cyberattaques se sont démultipliées pendant le confinement, les hackers les plus malveillants profitant des failles offertes par la multiplication des salariés en télétravail. Les chiffres fournis par Orange Cyberdéfense indiquent ainsi une hausse de 20 à 25 % des attaques informatiques depuis l’apparition du Covid-19 en France. Chez FireEye, l’un des spécialistes du domaine, les bénéfices ont par exemple augmenté de 7 % au premier trimestre de cette année, par rapport à l’année dernière.