Mais pour OncoDiag, il est tout aussi important de pouvoir les détecter à temps, autant pour éviter des issues tragiques en déployant des traitements dans les meilleurs délais que pour éviter des erreurs de diagnostic. Cela implique une attention particulière à la sensibilité et à la fiabilité des tests, mais également au confort des patients, comme nous l’explique le fondateur d’OncoDiag, Claude Hennion.
En quoi la question du diagnostic des cancers est-elle si importante ?
C.H. : « Plus qu’importante, cette question est cruciale à bien des niveaux. Du point de vue des pathologies, plus un cancer est détecté tôt, avant l’apparition ou la généralisation des métastases, plus le traitement sera efficace. Mais il ne faut pas oublier que le cancer est une pathologie très diverse. Certains cancers, comme celui de la vessie, présentent également un fort taux de récidive à cinq ans, de l’ordre de 80 %. La surveillance des patients, pour s’assurer de la présence ou non de cellules cancéreuses, est alors essentielle. Pour ces phases de surveillance comme de détection initiale, pouvoir poser un diagnostic fin, et surtout avec un haut degré de certitude, est nécessaire. »
Qu’entendez-vous par haut degré de certitude ?
C.H. : « Soyons réalistes : le simple mot de “cancer” effraie. En cas de faux négatif, rien de détecté alors que le cancer est bien là, le retard en termes de traitement peut être fatal. Mais un faux positif, soit l’annonce à tort d’un cancer, provoquera un stress important pour le patient : à une telle nouvelle, une maison vous tombe dessus ! Aujourd’hui, la méthode de diagnostic la plus utilisée pour le cancer de la prostate, le test PSA, détermine la concentration dans le sang d’une hormone présente dans la prostate et dont l’augmentation peut révéler un cancer de la prostate. Mais cette approche présente un fort taux de faux positifs, que connaissent et déplorent d’ailleurs les urologues, car la sécrétion de cette hormone peut également être déclenchée par un stress local ou tout simplement par l’âge. Mais la réponse reste identique, avec une forte préconisation de la voie chirurgicale, alors même qu’elle n’est pas toujours nécessaire.
Car, quand bien même un cancer serait à raison détecté, les tests PSA n’analysent pas finement le résultat. De surcroît, il est important de pouvoir établir avec précision l’état d’avancement du cancer ainsi que sa nature. Un certain nombre de ces cancers n’évolueront pas et seront alors qualifiés d’indolents, ou seront à un stade de développement modéré. Il est alors possible de se contenter d’une surveillance de ce cancer pour déterminer son évolution et choisir le traitement le plus adapté selon le stade d’évolution.
Nous avons donc développé une réponse globale à ces questions avec deux nouveaux tests : Prostadiag®, un test qui s’appuie sur l’analyse de la présence ou non de marqueurs dans le sang, un test simple et non invasif, donc. Il permet de déterminer avec un haut degré de certitude s’il y a un cancer de la prostate ou non. Un deuxième test, ProstaScore®, permet de préciser son niveau d’agressivité afin d’aider l’urologue dans le choix du traitement.
Pouvoir diagnostiquer plus finement permet donc d’améliorer le taux de réussite des traitements tout en préservant le confort des patients ─ sans même évoquer les économies pour la collectivité avec la fin d’opérations non pertinentes. Il est d’ailleurs crucial, pour qu’elles soient pleinement et massivement utilisées, que les solutions de diagnostic restent d’un coût abordable. »*
Vous évoquez la question du confort des patients…
C.H. : *« Il s’agit pour moi d’une question centrale, d’un point de vue humain bien sûr, mais également en termes d’efficacité. Deux exemples sont particulièrement significatifs : celui du cancer de la vessie et celui du cancer colorectal. Pour ce dernier, les tests les plus utilisés reposent sur une détection de sang dans les matières fécales, ce qui implique pour le patient un prélèvement de ses excréments, ce que près de 70 % ─ 70 % ! ─ se refusent à faire ; et nous avons donc autant de ces cancers silencieux, qui ne se manifestent que quand il est déjà trop tard ou presque, qui ne sont pas diagnostiqués.
Pour le cancer de la vessie et sa surveillance pour repérer une récidive hélas probable, la méthode suppose le passage d’une sonde dans les voies urinaires, très invasive et douloureuse. Là encore, certains patients se refusent finalement à faire ces tests, au grand désespoir des urologues et oncologues.
Pour remédier à cette problématique, OncoDiag a ainsi mis au point deux solutions de diagnostic, Urodiag® et Colodiag®. Urodiag® fonctionne par la détection des cellules cancéreuses sur un échantillon d’urine, bien moins invasif qu’une sonde, via l’application d’un test de type PCR, désormais bien connu de tous. Colodiag® repose, pour sa part, sur un prélèvement sanguin : l’apparition d’un cancer colorectal laisse en effet des traces dans le sang, qu’il est possible de détecter à travers l’utilisation des bons marqueurs et de la méthode appropriée, comme nous le propose OncoDiag. »*
À quels stades en sont vos différentes méthodes de diagnostic ?
C.H. : *« OncoDiag a été fondée en 2013, et nos quatre tests, Prostadiag®, ProstaScore®, Urodiag® et Colodiag®, ont à la fois fait l’objet de dépôts de brevets et de demandes de certification CE. Il s’agit en effet de solutions de diagnostic et non de traitements ; les processus de validation par les autorités sanitaires sont donc différents.
Le test Urodiag® est déjà disponible. Pour ProstaScore® et Colodiag®, les études cliniques sont terminées et en cours d’analyse. Les études cliniques du test Prostadiag® sont en cours.
Le démarrage de la commercialisation de tels tests est très lent : il faut rassurer les praticiens, leur permettre de vérifier sur le terrain, changer les habitudes, etc. C’est pour cette raison que, même si nous restons bien sûr en France, nous nous développons aujourd’hui dans d’autres pays européens, et notamment en Espagne. Globalement, ce développement est toujours trop long, surtout lorsque l’on pense aux situations humaines qui se cachent derrière les chiffres.
Les financements restent plus complexes à trouver lorsqu’il s’agit de développer des méthodes de diagnostic, car ils sont à ce jour majoritairement fléchés vers les traitements. Mais nous avançons, et après ces premières étapes prometteuses, nous pensons pouvoir terminer l’ensemble de nos développements dans l’année.
Car malgré la forte prévalence de ces pathologies, il ne faut pas oublier que la biologie a fait, ces dernières années, d’immenses avancées permettant de mettre en évidence des traces infimes dues à l’apparition d’une maladie, et il est pour nous essentiel d’y apporter notre contribution au profit de la lutte contre le cancer. »*
Plus d’infos :
Site : www.oncodiag.fr
Mail : hennion@oncodiag.fr
Tél. : 02 27 34 35 52