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Orange – MasMovil : une fusion à haute tension


Une fin heureuse commence enfin à se dessiner  pour la fusion très attendue entre Orange et l’opérateur espagnol MasMovil pour une valeur estimée à près de 19 milliards d’euros.

Jean-François Fallacher, directeur général d'Orange France

Après une période d’examen minutieuse par la Commission européenne, un feu vert conditionné pourrait être donné le 22 février, veille du Mobile World Congress 2024 à Barcelone. Cette décision intervient après plus d’un an d’attente et de négociations tendues, soulignant l’importance de cette fusion pour les deux opérateurs ainsi que pour le marché des télécoms en Europe.

Mariage à quatre sinon rien

La fusion, qui a d’abord été annoncée en juillet 2022, a été scrutée pour ses potentielles conséquences anticoncurrentielles, compte tenu de la création d’un géant des télécommunications avec 7 millions de clients dans le fixe et 20 millions dans le mobile.

La Commission européenne a exprimé ses préoccupations concernant la réduction de la concurrence et l’éventuelle hausse des prix pour les consommateurs. Pour apaiser ces craintes, Orange et MasMovil doivent s’engager à des concessions significatives, notamment en facilitant l’émergence d’un quatrième opérateur mobile national pour maintenir un marché à quatre opérateurs.

Digi, un opérateur roumain proposant des tarifs compétitifs, a été identifié comme candidat potentiel, suite à un accord pour lui céder des fréquences pour 140 millions d’euros.

Préserver la concurrence

Cette condition reflète la politique de la Commission européenne contre la consolidation du marché qui réduit le nombre d’opérateurs, visant à préserver la concurrence et à empêcher une augmentation des prix pour les consommateurs. Malgré la consolidation en cours, la doctrine européenne reste ferme sur le maintien d’au moins quatre opérateurs sur le marché, une stance qui pourrait freiner d’autres fusions ou acquisitions dans le secteur à l’avenir.

Un test grandeur nature

Le nouvel ensemble, résultant de cette fusion, consoliderait sa position comme le deuxième acteur du marché derrière Telefónica, avec un chiffre d’affaires combiné d’environ 7,5 milliards d’euros et un résultat d’exploitation de 2,3 milliards d’euros.

Cette fusion est vue non seulement comme une opportunité de renforcement pour Orange et MasMovil mais aussi comme un test pour la politique de régulation européenne en matière de télécommunications. Elle met en lumière la volonté de la Commission de favoriser la compétitivité et l’innovation tout en protégeant les intérêts des consommateurs.

Alexandre Bodkine

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