Si l’écosystème français du financement progresse toujours, les États-Unis représentent toujours l’Eldorado des fonds d’investissements. Et les Français, à l’image de Criteo ou de Sigfox, ont la cote.
Benoît Spendov est un fin connaisseur du milieu de l’innovation et des fonds d’investissement américains. Basée à San-Francisco, sa société de conseil en management, Blue Sequoia Consulting, accompagne les entreprises à la recherche de croissance. Pour lui, aucun doute, l’Amérique est toujours la patrie des start-up.
«Les États-Unis sont un point de passage quasi-obligé pour les start-up qui veulent atteindre une dimension globale. L’exception peut venir de la Chine, mais la domination occidentale passe par les US et la côte ouest pour de nombreux secteurs.
En effet, l’écosystème de la Silicon Valley est le plus puissant moteur car il associe des universités et donc des chercheurs de qualité dans des domaines multiples (tech, clean tech, bio tech…), des fonds chevronnés, un pool de talents attirés par les grandes réussites, le tout résultant en une auto émulation qui n’existe nulle part ailleurs (encore).
Bien qu’il y ait une baisse mondiale en nombre de deals et de financement, et bien que les deals aient augmentés en Europe lors des 2 derniers trimestres, les États-Unis ont représenté respectivement 60% des deals et 59% des montants de capital investis par les VC contre 21,5% et 11,2% pour l’Europe pour la période allant du dernier trimestre 2015 au 3ème trimestre 2016.
La baisse s’est cependant confirmée au dernier trimestre 2016, mais a été suivi par des investissements à hauteur de 5 Mds$ au premier trimestre 2017, soit 80% d’augmentation par rapport au dernier trimestre 2016». Une situation privilégiée qui séduit les entrepreneurs français, de plus en plus nombreux à tenter l’aventure de l’autre côté de l’Atlantique et à tenter de convaincre les fonds d’investissements américains. Mais, attention, la compétition est rude.
Taille minimale exigée
Pour Benoît Spendov, il ne suffit pas d’envoyer un dossier par Internet. «S’il est très pertinent de chercher à lever des fonds aux États-Unis, cela n’est possible qu’à condition d’établir son siège sur place, avec la structure adéquate, et une présence permanente du ou des fondateurs-dirigeants. Il n’est pas impossible, voire recommandé de garder une partie de son équipe en France, notamment pour des questions de pool de talents et de coûts.
Il est préférable pour une start-up d’avoir déjà un produit ou service « minimum viable » et des clients (les Américains parlent de « traction ») et par conséquent de rechercher des fonds d’amorçage (seed) même pour des montants de 100 K$ à 1 M$ (90 à 900 K€) voire de Série A, si le marché américain est déjà pénétré. Bien entendu, des financements plus importants et pour des Séries supérieures sont envisageables, si les conditions de croissance sont réunies».
Et il ne faut pas non plus arriver comme en terrain conquis. «Les point-clés sont évidemment d’être réalistes quant à sa valorisation, d’avoir un produit ou service minimum viable, sauf à rechercher des business angels pour de très petits montants, qu’il sera plus simple de trouver en France. Il faut ensuite démontrer sa capacité à se remettre en question et adapter son service ou produit en fonction des résultats et de la croissance».
Son dernier conseil ? «Le pitch est un point crucial, qui doit démontrer le problème que le service ou produit résout, avec la taille du marché, l’avantage concurrentiel, le coût d’acquisition et bien entendu, le retour sur investissement. Il faut comprendre que lorsque un VC investit, son business model devient celui de l’entrepreneur, et non l’inverse… Et les fonds d’investissement recherchent toujours les licornes…». Alors, si vous tentiez votre chance ?