La chronique économique de Bernard Chaussegros
Profiter des univers ludiques des parcs d’attraction ou découvrir les parcs à thèmes, ce n’est pas encore pour ce week-end et pourtant, tout était prêt pour une ouverture à Pâques comme prévu initialement. Les exploitants craignent de voir leur saison à nouveau amputée à cause de l’épidémie.
Ce mercredi à 20h, le Président Macron a « douché » les plus optimistes en durcissant les mesures du confinement et en limitant les déplacements.
Traditionnellement, Le week-end de Pâques, réunion familiale oblige, offre une exposition nationale « à la chasse aux œufs » mais c’est aussi le signal de départ de la saison pour les parcs de loisir.
En pleine tourmente, les exploitants de ces parcs redoutent une crise durable et ne peuvent s’engager sur l’avenir. Ils sont dans l’obligation de décaler ou d’annuler leurs investissements. Or, il est bien connu que ce sont les nouveautés qui attirent les visiteurs.
Malgré les dates de réouverture incertaines, les parcs bénéficieront en 2021 des nouvelles tendances de consommation touristiques des Français. La mise en place du télétravail généralisé ainsi que la complexité de se rendre à l’étranger vont inciter les Français à opter pour des courts séjours locaux plutôt que pour des voyages à l’étranger. Dans ce contexte, un rebond de 65% du chiffre d’affaires des parcs est attendu pour 2021 (sauf si la réouverture est tardive).
La pandémie, mais aussi un changement de comportement touristique des Français ayant une vraie appétence pour la redécouverte des régions de l’hexagone, sont autant de raisons de croire à une amélioration rapide des conditions économiques actuelles.
On assiste à la multiplication de week-ends prolongés favorisant les activités sur le territoire national ne nécessitant pas de longues périodes de déplacement. Les parcs bénéficient ainsi de plus en plus d’une clientèle française. La crise sanitaire a accentué ce phénomène, et les parcs régionaux, avec leur clientèle locale, ont mieux résisté à l’évolution du secteur « tourisme » que les Parcs d’envergure internationale (Disney, Le Puy du Fou, Le Futuroscope, Astérix..)
En effet, ce marché est devenu mature et les parcs de loisirs sont désormais intégrés comme un choix de destination majeur pour les courts séjours touristiques. Le marché français a partiellement comblé son retard sur l’Allemagne et le Benelux avec un taux d’acceptation des parcs supérieur à 88% (soit autant, voir plus que les lieux touristiques historiques) et une offre qui redevient dynamique avec des nouveautés régulières au sein des Parcs existants.
Les ménages consacrent également, depuis 2012, une part croissante de leur budget pour les dépenses liés aux courts séjours, avec une augmentation significative pour la part réservée aux parcs de loisirs (destination familiale par excellence)
Les facteurs de fréquentation des parcs
Le pouvoir d’achat des ménages a une forte influence sur le budget alloué aux loisirs et plus particulièrement les sorties en parc d’attractions. L’épargne des ménages a augmenté en 2020 et 2021.
Le confinement et le besoin de sorties vont sans aucun doute, favoriser, en cas d’ouverture prochaine, un redémarrage fort des activités de loisirs en général et des Parcs en particulier, surtout si le Parc se trouve à proximité d’un ou des lieux touristiques.
Les « vacanciers » auront, dans ce type de cas, tendance à passer une journée sur le parc car c’est un lieu à découvrir, durant leur période de vacances, plus particulièrement si les conditions météorologiques sont réunies, sachant que la majorité de l’expérience des visiteurs des parcs thématiques et d’attractions se déroule en extérieur. Cet aspect météorologique est d’autant plus important pour les parcs régionaux dans la mesure où de nombreuses visites de personnes habitant la région sont décidées au dernier moment et non prévues.
Un autre facteur important reste évidemment, et d’autant plus dans une période aussi fragile que celle que nous vivons, les prix des prestations.La capacité des parcs à adapter leurs tarifs en fonction de la demande, de la concurrence et des prestations proposées est essentielle pour une stabilisation de la fréquentation des parcs. Enfin, dans la mesure où 70% des visites dans les parcs d’attractions et de loisirs sont liées à la volonté des enfants, la communication vers cette « cible » est essentielle.
Axes de développement
Indépendamment de l’offre locative, c’est avant tout la capacité à créer des passerelles touristiques avec d’autres lieux de visite qui permettra aux Parcs de se développer : « nous sommes plus forts à plusieurs que tout seul ».
Il est également important de se renouveler et de mettre en place des plans d’investissement permettant d’augmenter la superficie des parcs en proposant de nouvelles attractions. L’idée étant de proposer de nouvelles offres premium : les visiteurs sont de plus en plus friands « de personnalisation » car ces activités facturées en supplément contribuent à la hausse du panier moyen des visiteurs. Ces expériences immersives contribuent également à la fidélisation client, c’est aussi un des leviers principaux pour accroitre leur fréquentation et pour justifier de l’augmentation des prix des billets. Mais cette offre proposée par les parcs doit donc s’inscrire dans les nouvelles attentes du consommateur ; notamment en matière de développement durable, respect de l’environnement ou de protection des animaux.
Enfin, développer les prestations à destination des professionnels est essentiel car elles permettent d’étoffer les services proposés par les parcs, diversifier la clientèle et surtout favoriser l’activité hors période de forte affluence. Dans cette perspective, la multiplication des supports de communication digitaux est indispensable pour construire et entretenir la notoriété des parcs.
L’impact de la crise sanitaire sur le long terme inquiète
Les organisations discutent avec le gouvernement, mais les zones d’ombres ne se dissipent pas. Le protocole sanitaire que le gouvernement veut mettre en place en 2021 sera le même que celui retenu pour 2020. Or les parcs ont démontré l’année dernière qu’ils savaient gérer la sécurité des visiteurs, aucun parc français n’ayant généré de cluster, ni dans le public, ni dans l’organisation. Les parcs sont surtout inquiets de voir leur date de réouverture repoussée à nouveau et de revivre le cauchemar du dernier exercice, où ils ont perdu 50 % de leur chiffre d’affaires car ils n’avaient pu retrouver leurs visiteurs qu’en juin. Tous les parcs sont donc aujourd’hui dans des situations inconfortables (des charges fixes importantes) et le flou persiste, alors qu’il convient de la rappeler, les attractions sont en plein air.
Le rôle socio-économique d’un Parc Régional : le Parc Spirou
Le Parc Spirou, imaginé et conçu à l’origine par la société PAREXI et exploité désormais par l’actionnaire majoritaire,Média Participations (maison mère des Editions Dupuis) et son Président visionnaire Vincent Montagne, a décidé cette année de se donner plus de temps au regard de la situation sanitaire. Alors qu’ils étaient prêts pour une réouverture imminente, ils espèrent à présent pouvoir « lever le rideau » à fin avril-début mai, date coïncidant entre la première semaine des vacances dans la zone d’Aix-Marseille et à la dernière de celle de Montpellier, qui font partie intégrante de leur zone de chalandise. Cet élément sera important pour déterminer les bases d’une reprise qui pourra à coup sûr sauver cette année 2021. L’établissement de loisirs, inauguré en 2018 à Monteux, près d’Avignon, fonctionne avec une clientèle régionale, ce qui est un atout en ces temps de crise sanitaire où le tourisme international est au point mort.
Les incertitudes quant à la date de l’ouverture du Parc ont des conséquences sur l’écosystème local et régional. En effet, environ 200 emplois saisonniers directs et 500 emplois indirects sont créés chaque année pour réponse aux besoins de cet outil de loisir. Une sélection rigoureuse et une formation solide du personnel dont les dirigeants du Parc peuvent se louer tant les commentaires sur les réseaux sociaux sont flatteurs à ce sujet. La restauration s’appuie également sur le « circuit court » en s’approvisionnant majoritairement sur les producteurs locaux.
Ces éléments sont autant de marqueurs positifs qui démontrent l’attractivité du territoire et sa capacité à se réinventer. Création d’emplois, destination touristique, emblème de l’Entertainment régional, au-delà des attractions, le Parc Spirou est un « moteur économique » soutenu par la Région Sud et son Président Renaud MUSELIER, dans un département particulièrement touché par la crise. Mais nous voulons encore rêver et reprendre nos vies là où elles se sont arrêtées. Et pour ce faire, quel meilleur remède qu’un peu d’amusement ? Rabelais ne disait-il pas d’ailleurs que « le rire est le propre de l’homme (et de la femme..) » !
Bernard Chaussegros