Passer du service public à une entreprise privée peut faire naître quelques apréhensions… Cette reconversion vers le monde entrepreneurial peut-elle s’envisager directement ou faut-il suivre un processus de formation adapté ? Comment les différentes parties peuvent-elles y gagner ? Interview de Christian Galtier, consultant chez Arclès.
Vous intervenez auprès d’ancien cadres de l’administration et du secteur public en reconversion. Quel est l’intérêt de telles interventions ?
Christian Galtier :
Dans la préparation d’une transition vers le privé, il est indispensable que les candidats puissent bénéficier d’un regard objectif sur ce monde du privé qu’ils connaissent souvent mal. C’est le cas notamment des militaires qui quittent le métier largement avant l’âge de la retraite civile : il s’agit pour eux d’une véritable seconde carrière. Il est indispensable qu’ils y soient préparés.
Arclès réalise des stages de sensibilisation, par exemple pour les officiers qui envisagent de partir dans le privé. En effet, l’expérience a montré qu’ils avaient besoin de mieux connaître la vie en entreprise.
Ces courtes sessions mettent en valeur tant les points communs qu’ils pourront cultiver que les différences où se situent les espaces à combler.
Dans l’approche de vos stagiaires, où se situent ces principales difficultés ?
Dès les premiers échanges, les candidats à la reconversion vers le privé parlent de leur ignorance de la culture d’entreprise et des vocabulaires associés. Ils voudraient savoir rapidement comment transposer leurs habitudes et leurs savoir-faire en utilisant une sorte de traduction directe.
Une telle traduction directe universelle, bien sûr, n’existe pas. Alors, dans la suite du processus avec Arclès, les stagiaires découvrent que l’écart entre leur expérience et ce qui les attend relève moins de savoir-faire que de la compréhension des enjeux autour et dans l’entreprise, notamment dans sa fonction commerciale.
Cet objectif n’est-il pas difficile à atteindre pour des cadres imprégnés de la notion de service public ?
Là se trouve probablement le cœur des reconversions de ce type. Formés et nourris au lait du bien commun, les anciens agents publics en reconversion doivent progressivement trouver leur place dans le système de l’entreprise, système dans lequel le but est de survivre et de prospérer.
Certes, les buts changent. Mais les méthodes – et notamment le rôle des équipes et la façon de les entraîner – sont identiques.
En effet, tant dans la fonction publique que dans le privé, le rôle des managers, dans leur fonction d’encadrement, consiste à identifier les valeurs personnelles de chacun et à optimiser leur contribution au système dans lequel ils évoluent. Or, public ou privé, les valeurs recherchées appartiennent aux mêmes référentiels.
Aussi, les qualités de manager se transposent-elles naturellement. Même, pour les meilleurs candidats, ces qualités pourront constituer un atout dans leur nouvel environnement.
Cette approche est-elle profitable pour les deux parties, le candidat et l’institution cible ?
A l’heure où il faut s’attendre à des rééquilibrages entre la fonction publique et les entreprises, il est bon de savoir que ces échanges sont non seulement possibles mais aussi souvent profitables, et ce pour toutes les parties.
Le candidat aura l’opportunité d’une deuxième carrière et l’enrichissement découlant du contact avec un monde nouveau. L’institution accueillante recevra une personne possédant une éthique issue de l’exposition au bien public et, souvent, ayant eu une formation continue plus étoffée que dans le secteur privé.
Arclès observe régulièrement des réussites à tous les niveaux d’encadrement. Ces constats montrent que pour éviter les méprises ou les « erreurs de casting » , la phase la plus sensible se situe bien dans une approche et une bonne appropriation des attendus de l’entreprise ou, plus généralement, du monde privé.
Vous évoquez de courtes sessions. Comment est-il possible de faire passer avec succès et en peu de temps aux stagiaires des messages si dépaysants pour eux ?
Nous nous appuyons à la fois sur le dépaysement et sur les points communs pour marquer durablement les esprits.
Nous ciblons les messages sur l’essentiel. Sur le plan pédagogique, nous faisons en sorte que les stagiaires soient impliqués et qu’ils bâtissent dans leur esprit une représentation pragmatique de ce monde qu’ils cherchent à connaître. Nous leur indiquons comment s’appuyer sur ce qu’ils connaissent et les points sur lesquels les choses changent.
Nous avons entre autre développé des méthodes de découverte par le jeu d’entreprise. Nous dotons ainsi les stagiaires d’un vécu, certes réduit, mais déclencheur et fixateur ludique de la compréhension d’un changement de monde.
Enfin, nous estimons que l’objectif est atteint quand l’ancien agent public a intériorisé sans état d’âme qu’il allait passer d’une logique de résultat (le bien faire) à une logique de profit (le bien vendre notamment).
Arclès, au service du management
Arclès est un groupe de cadres seniors issus de grandes écoles, la plupart ingénieurs, ayant au moins 25 ans d’exercice de management.
Les consultants d’Arclès créent des réponses personnalisées adaptées aux situations spécifiques de leur clientèle. Arclès intervient tant dans des domaines transverses comme l’organisation du management ou la maîtrise des processus que dans divers secteurs spécifiques.
Arclès met en pratique sa devise: l’expérience en partage. Le partage est autant entre les consultants, qui interviennent de façon collégiale, qu’avec les clients, en particulier dans les projets de transmission de compétence ou de formation.
Pour en savoir plus : www.arcles-formation.fr