Les deux groupes, Moma (Lapérouse, Pavillon, Noto, Casa Amour, Manko, Hôtel de la Marine…) et Paris Society (Maxim’s, Chez Castel, Girafe, Abbaye des Vaux de Cernay, Le Bal de la Marine…), s’affrontent sur le terrain prestigieux des grandes maisons de savoir-vivre et des restaurants branchés. Pour le moment, avec ses 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’entreprise fondée par Laurent de Gourcuff, passée sous le contrôle d’Accor fin 2022, devance celle de Benjamin Patou. Mais la confrontation entre les deux entrepreneurs, tous deux âgés de 46 ans, n’est pas seulement entrepreneuriale : elle a pris une tournure judiciaire, à coups de procès et d’accusations de manipulation de la justice. Début novembre, le parquet a requis une peine d’un an d’emprisonnement avec sursis contre Laurent de Gourcuff dans le procès pour trafic d’influence actif et recel de favoritisme. Selon Challenges, au cours de l’audience, il aurait reproché à son rival de manipuler la justice… Dans ce contexte de rivalité exacerbée, l’arrivée de l’homme d’affaires Walter Butler, en tant qu’actionnaire et vice-président du conseil d’administration, peut-elle changer la donne ?
Ami de Guy Savoy et ancien actionnaire du PSG
Walter Butler n’est pas n’importe qui. Énarque, haut fonctionnaire, ancien conseiller de François Léotard au ministère de la Culture, ami du restaurateur Guy Savoy, le milliardaire aux trois nationalités (américaine, brésilienne et française) est à la tête d’un petit empire qui emploie 50 000 personnes dans différents secteurs (lifestyle, défense, industrie, informatique, gestion d’actifs…). Son family office possède notamment le cabaret le Paradis Latin, Pierre Hermé, le restaurant L’Ambroisie et 15 % du capital du groupe Partouche. Entre 2006 et 2008, Butler, 124ème fortune française (un milliard d’euros), fut même actionnaire du PSG à hauteur de 30 %.
Développement international
Son arrivée chez Moma contre un chèque de 30 millions d’euros est motivée par la volonté de Benjamin Patou de développer son groupe à l’international (40 ouvertures prévues d’ici 2025 en Europe, aux États-Unis et au Moyen-Orient) et de trouver un investisseur de premier plan depuis le départ du groupe Barrière. Mais pas seulement. Désormais à la tête de 35 % du capital — Benjamin Patou conserve 50 % de la holding chapeautant Moma, tandis que Patrick Bruel, Eric Sitruk et Jean-David Sarfati restent à 15 % —, Butler Industries est un actionnaire incontournable et surtout un atout de poids dans le duel à distance que se livrent Moma et Paris Society.