Dans la guerre que se livrent les acteurs de la téléphonie mobile en France, le groupe de Patrick Drahi est de nouveau dans le viseur des pouvoirs publics.
Pour celui qui avait signé un chèque de 13 milliards d’euros à Vincent Bolloré pour s’emparer de SFR en 2014, la couleuvre est difficile à avaler. D’autant plus que les résultats de l’entreprise ne sont pas à la hauteur des espérances dans un contexte économique de plus en plus tendu et avec une concurrence effrénée.
L’addition commence à être lourde pour Patrick Drahi,
le puissant et très riche propriétaire de SFR (sans oublier les chaînes de télévision BFM TV, BFM Business, RMC Découverte, Numéro 23, la radio RMC, « Libération », « L’Express » ou i24news) à travers son groupe Altice. Il y a quelques jours, l’Autorité de la concurrence a infligé une nouvelle amende à l’opérateur téléphonique et la note est salée : 40 millions d’euros.
Les Sages reprochent à SFR de ne pas avoir respecté des engagements pris lors de son rachat par Numéricâble, qui l’avait emporté face à Bouygues Télécom au mois de mars 2014. Drahi avait déboursé 13,36 milliards d’euros pour racheter à Vivendi l’entreprise SFR, mais avec quatre conditions que l’acheteur n’aurait pas appliquées selon l’Autorité de la concurrence.
Celle-ci reproche à l’opérateur de ne pas avoir mis en œuvre les engagements relatifs à un contrat de co-investissement dans le déploiement de la fibre jusqu’au domicile, pourtant signé en 2010 avec Bougues Télécom.
SFR n’aurait réalisé que la moitié des raccordements prévus selon le calendrier.
Les membres de l’Autorité soulignent aussi « une maintenance dégradée avec des délais de traitement des incidents manifestement excessifs », pouvant porter atteinte à Bouygues Télécom et causer des préjudices. Les dirigeants de SFR ont évidemment contesté la décision de l’Autorité de la concurrence et vont faire appel.
L’opérateur de téléphonie a néanmoins douze mois pour concrétiser ses promesses
sous l’œil d’un mandataire nommé par les Sages de la rue de l’Échiquier (siège de l’Autorité, à Paris) et qui remettra un rapport tous les trois mois.
Pour la société de Patrick Drahi, il s’agit de la troisième amende décidée par l’Autorité de la concurrence depuis le mois d’avril 2016. Soit 135 millions d’euros à payer ! La première fois, c’était dans le cadre de la cession d’Outremer Télécom à la Réunion et à Mayotte avec une sanction de 15 millions.
Et au mois de novembre 2016, SFR écopait d’une seconde amende de 80 millions d’euros pour avoir anticipé le rachat de Numéricâble en lançant prématurément des stratégies de fusion, alors que l’Autorité de la concurrence n’avait pas encore émis son avis.
Si SFR ne suivait pas ses engagements, les sanctions pourraient être contre plus graves, comme celle d’un retrait de l’autorisation du rachat de l’opérateur par Numéricâble. Avec des résultats moyens pour la France (la clientèle est certes revenue en 2016 pour la téléphonie mobile, mais l’entreprise a perdu 512 000 abonnés par rapport à 2015), le service du téléphone fixe ne semble guère attirer les consommateurs, malgré d’importants déploiements en très haut débit.