Les amateurs de beau linge de maison connaissent Garnier-Thiebaut, une entreprise vosgienne de tradition qui, du haut de ses 186 ans, fabrique des articles haut de gamme à Gérardmer. L’aventure continue de plus belle avec Paul de Montclos à sa présidence.
La société maîtrise un savoir-faire devenu rare qu’il s’agisse de teinture, de tissage et de confection. Aujourd’hui, ses 220 salariés sont rassurés quant à leur avenir. Cela n’était pourtant pas évident il y a quelques années. Mais c’était avant l’arrivée de Paul de Montclos.
Leçon n°1 pour les repreneurs
Pour cette entreprise travaillant sur le haut de gamme, la recette miracle du sauvetage peut tenir en trois composantes : positionnement précis de l’offre, élargissement de la clientèle et diversification de la distribution. Un travail de titan, car pour les entreprises françaises de textile, la compétitivité par le prix n’est plus une option depuis bien longtemps. Impossible de rivaliser avec le continent asiatique sur ce point précis. Paul de Montclos, le président, a dû trouver d’autres solutions.
Un Isèrois devenu Vosgien
Paul de Montclos est aujourd’hui plus Vosgien que jamais, en tant que président du textile de l’Est qui met en avant le label « Vosges Terre Textile ». L’entreprise qu’il dirige fait partie du cercle prisé des « Entreprises du Patrimoine Vivant ».
Haut de gamme contre low cost
C’est le combat de « Vosges Terre Textile », un label sur lequel Paul de Montclos souhaite miser en parvenant à lui donner de la visibilité auprès des clients. L’entreprise s’est appuyée sur le savoir-faire de ses salariés pour proposer une collection grand public, mais aussi et surtout du linge de table, lit et bain pour les hôtels de luxe, profitant ainsi des forces du groupe Tissages Denantes (cf encadré).
Qualité contre quantité
Inutile de se battre sur le prix, Paul de Montclos a su changer la donne en orientant la production sur les petites séries, abandonnant au passage la quantité pour la qualité et une réactivité record, inhabituelle dans le secteur. Résultat : 50% des ventes s’effectuent à l’étranger, dans plus de 80 pays et la rentabilité est au rendez-vous. Garnier-Thiebaut a échappé à la fermeture en 1995, et n’a plus jamais perdu d’argent depuis 1996. Le défaitisme n’est donc pas de mise, y compris dans des filières qui ont été fortement mises à mal par la mondialisation.
Tissages Denantes
Champollion, le célèbre égyptologue était maître toilier et ancêtre des tissages Denantes. Sa fille Barbe épousa Michel Denantes en 1719. Quelques générations plus tard, Hélène Denantes épouse Paul Pérouse de Montclos. La douzième génération dirige toujours l’affaire. Le marché de l’hôtellerie a sauvé l’activité après des années difficiles dans la première moitié du XXe siècle, tout comme le rassemblement des actions entre les mains d’un seul héritier, Hervé de Montclos. Il lança une politique de croissance externe, rachetant entre autres Garnier-Thiebault, dont son frère est à présent le PDG.
Economie et Ecologie
Une fois les fondamentaux remis en place, la question environnementale a pris toute son importance dans un secteur fortement polluant du fait du lavage des produits une fois vendus. La voie choisie a été celle de l’innovation, avec des solutions en phase avec les consommateurs : création d’une lessive totalement végétale et biodégradable, lancement de « Green Sweet » (traitement anti-tâches développé par le R&D), intégration de fibre optique dans un tissu, étude sur la filière française de chanvre afin de limiter la dépendance au coton.
Coup de torchon !
Des torchons ont été créés pour la ville de Paris, reprenant les grands monuments et œuvres d’art présents dans la capitale. Des produits que l’on peut également retrouver depuis 2018 au magasin de la marque à Paris, 13 rue du Cherche-Midi. Un spécial « Notre Dame de Paris » a été créé dans l’urgence dont les bénéfices iront intégralement à la reconstruction.
Une histoire très ancienne
Cette très vielle famille du textile possède les tissages Denantes, entreprise familiale et plus que bicentenaire. Tout a commencé avec la toile de Voiron, tissée à partir de chanvre isérois dès les années 1620 et s’est poursuivi de façon incroyable jusqu’à présent. Paul de Montclos est aujourd’hui un fervent défenseur de l’économie vosgienne, et d’un secteur, le textile, dont il avait pourtant voulu se tenir éloigné plus jeune. Très pragmatique, il ne perd jamais des yeux les besoins des clients, anticipant les opportunités possibles, année après année. Arrivé pour fermer l’entreprise, il a su en faire une très belle PME qui a un non seulement un présent, mais surtout un bel avenir devant elle.
E.S.