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Perf’Elite : pour que performance et précarité ne soient plus liées


À chaque Jeux Olympiques et Paralympiques, la situation des athlètes de haut niveau est mise en lumière. Loin d’être un long fleuve tranquille, la vie de championne et champion est traversée d’obstacles et de sacrifices qui se traduisent dans la majorité des cas par un quotidien difficile comme le confirme les...

Entreprendre - Perf’Elite : pour que performance et précarité ne soient plus liées

À chaque Jeux Olympiques et Paralympiques, la situation des athlètes de haut niveau est mise en lumière. Loin d’être un long fleuve tranquille, la vie de championne et champion est traversée d’obstacles et de sacrifices qui se traduisent dans la majorité des cas par un quotidien difficile comme le confirme les chiffres de l’INSEE qui rappelle que plus de la moitié des athlètes de haut niveau vivent sous le seuil de pauvreté.

Alors que le climat social est tendu, une lettre ouverte du collectif des champion(ne)s français a été publiée à l’intention du chef de l’Etat. Dans le même temps, jeudi 16 mars, l’association Perf’Elite emmenée par Sandra Ribeiro, ancienne perchiste de haut niveau était accueillie à la Mairie du 16ème arrondissement pour une soirée de collecte de fonds à destination des athlètes en préparation des JOP Paris 2024.

De plus en plus, les athlètes de haut niveau s’appliquent et s’impliquent auprès des différentes instances pour faire entendre leur voix et rappeler qu’ils consacrent bien souvent une grande partie de leur vie à chercher la performance, la médaille et le titre qui pourraient écrire l’histoire et changer de dimension mais trop souvent au prix de sacrifices d’une vie entière sans garantie.

Tous les grands champions vous le diront : représenter son pays et avoir l’opportunité de se qualifier pour les Jeux Olympiques et Paralympiques est un rêve auquel ils prétendent tous. Sandrine et Maria Ribeiro ont gagné leur ticket pour les JO de Pékin, Londres et Rio. Depuis 2016, leur implication dans le sport ne s’arrête pas.  De sa carrière de sportive et des obstacles rencontrés, Sandrine a décidé d’en faire un combat au service de toutes celles et ceux qui font vibrer le pays et le serve à travers les compétitions mondiales pour que le drapeau tricolore continue à s’élever.

Elle a souhaité entreprendre. Agir plutôt qu’attendre. Parmi les actions qu’elle lance, des collectes de fonds permettant aux athlètes de se préparer dans les meilleures conditions pour tenter de vivre le rêve olympique et paralympique. C’était le rendez-vous du jeudi 16 mars à la mairie du 16ème arrondissement qui a pu accueillir entre autres les athlètes titrés et médaillés Audrey Tcheuméo, Pascal Gentil, Aurélien Duarte, Thomas Martine, les joueuses du PSG dont Marie Antoinette Katoto, Kadidiatou Diani et Oriane Jean François.

A l’ouverture de la soirée, l’adjoint au maire du 16ème arrondissement n’est autre que le quadruple champion du monde de muay-thaï également ancien membre de l’Equipe de France de Boxe qui a lui-même connu les Jeux Olympiques à Sydney en 2000, Ali OUBAALI : «  Je suis heureux de vous accueillir ici au nom du maire Francis Szpiner, d’abord pour vous remercier de votre passion et détermination à représenter notre pays au plus haut niveau mais aussi pour vous renouveler mon soutien tant je sais les sacrifices qui sont les vôtres et la difficulté de s’entrainer dans les meilleures conditions sans savoir de quoi les lendemains sont faits » .

Des propos qui seront également complétés par sa collègue, la Conseillère de Paris en charge des JOP 2024, Samia Badat-Karam qui précisera « Parler des JOP c’est bien mais s’intéresser aux athlètes, c’est mieux. Voilà ce soir une action concrète pour que les sportives et sportifs puissent être mieux considérés et qu’on avance sur leur situation trop souvent précaire ». Ces mots résonnent lorsqu’on sait qu’avant les JO de Rio en 2016, sur les 450 athlètes qualifiés, plus de la moitié vivaient avec moins de 500 euros par mois et devaient souvent cumuler les emplois pour s’en sortir puisqu’en France, contrairement à d’autres pays, les Fédérations ne rémunèrent pas leurs athlètes.

Dans quelques mois, les Jeux Olympiques et Paralympiques se tiendront à Paris et si on peut certes s’interroger sur la précarité des athlètes, Sandra Ribeiro est claire : «  Je pense qu’il faut qu’on s’impose et qu’on prenne les choses en main sans attendre que des dispositifs se mettent en place. C’est aussi cela la volonté de Perf’Elite, raccrocher l’écosystème sportif pour qu’il puisse d’abord bénéficier aux athlètes. C’est du gagnant gagnant pour les entreprises partenaires qui jouent le jeu et cela peut changer donne dans une carrière sportive».

En fonction de la discipline qu’on pratique, les opportunités ne sont pas les mêmes mais les sportifs doivent oser et mesurer l’impact que le sport peut avoir dans la société. Cette vision transversale et sociétale est partagée par la Présidente du Comité Olympique et Sportif Ile de France, Evelyne Ciriegi qui s’exprimera « Nous venons de passer les J-500, nous comptons sur vous athlètes pour avoir les médailles évidemment mais bien au-delà, nous comptons sur vous pour rester les ambassadeurs du sport accessible à toutes et tous à tous les âges de la vie. Nous comptons sur vous et vous pouvez compter sur nous pour que les partenaires présents vous accompagnent à relever les prochains défis . Nous sommes à vos côtés aujourd’hui et encore plus demain ».

Si certes des dispositifs existent et sont mis en place par l’ANS ou même la Région, trop d’athlètes n’entrent pas dans les critères d’éligibilité et se retrouvent dans une précarité pouvant impacter la performance et jouer sur le mental. Pour celles et ceux qui font vivre le sport et écrivent son histoire, il serait temps de pouvoir réfléchir à les faire vivre du sport. Pour cela, les partenaires privés, les entreprises et l’ensemble des acteurs du mouvement sportif sont invités à réfléchir et à créer les opportunités qui pourraient permettre qu’un athlète en exercice puisse à la fois performer et en même temps se former et apporter une plus-value à l’entreprise ou la marque qui l’accompagne. Sandra Ribeiro invite les championnes et champions à gagner en confiance et à s’emparer eux-mêmes pleinement de cette problématique afin que leur carrière soit reconnue en compétence et qu’ils soient les premiers acteurs d’un monde où sport, business et valeurs sociétales se côtoient en toute harmonie.  

Crédits photo : Perf’Elite, Florian Costenoble

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