Les fabricants tirent profit du réchauffement climatique. 2023 a vu la construction de 123 500 piscines, un ralentissement normal par rapport aux chiffres inhabituels des deux années précédentes. 23 % des Français propriétaires disposent d’une piscine, et de belles opportunités existent à présent dans le secteur de la rénovation de piscines existantes.
Développement durable et piscine, la carpe et le lapin ?
L’eau est devenue un élément à protéger et les piscines sont évidemment un sujet dans l’actualité. Bien que cela ne représente qu’une infime partie de l’usage de l’eau au niveau national, 0,06 % selon la Fédération des Professionnels de la Piscine. Cette dernière a d’ailleurs mis en place dès 2006 une Commission Développement Durable. Un phénomène est notable, si le nombre de piscines privées a augmenté, leur taille s’est très fortement réduite.
Si l’on ajoute à cela la baisse de la consommation d’eau grâce à des filtrations intelligentes, la gestion connectée des traitements, les couvertures évitant l’évaporation ou la future création d’une norme environnementale pour les « piscines privées à usage professionnel ». La tendance est à une politique plus raisonnée en matière de consommation.
4 milliards
Le secteur est pourvoyeur d’emplois, les deux tiers de ses 1500 entreprises veulent embaucher de nouveaux collaborateurs permanents. Le marché représente 4 milliards d’euros, soit deux fois plus qu’il y a cinq ans. Un peu plus de la moitié de ce chiffre provient de la vente des piscines et des services, le reste de la vente de produits et matériels. Sans oublier que depuis 2020, la filière est de plus en plus présente à l’international. Le segment rénovation est programmé pour prendre de l’ampleur, sans oublier les spas et des abris piscines toujours plus sophistiqués.
Desjoyaux au top
À Saint-Étienne, Desjoyaux est coté en bourse. La marque est l’une des plus anciennes de France, puisque née en 1966. Son fondateur, Jean Desjoyaux, avait construit sa propre piscine pour sa famille, et décida de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en se disant que d’autres familles seraient évidemment intéressées par ces moments agréables à partager entre enfants, parents et amis.
L’entreprise fabrique à Saint-Étienne (Loire) dans une usine de 45 000 m² et n’a cessé d’innover via le dépôt de quelques 70 brevets, de nouvelles filtrations, d’une offre de balnéothérapie dès la fin des années 80, des premières nages à contre-courant, sans oublier les améliorations esthétiques et les matériaux recyclés. Le fondateur décide à la même époque d’accélérer sur l’export, un point essentiel dans la constitution du chiffre d’affaires actuel de l’entreprise. Ce travail a contribué à en faire le leader de la piscine enterrée sous la houlette d’une direction restée familiale, qui dispose toujours de la majorité de l’actionnariat, à hauteur d’environ 75 %. Jean-Louis Desjoyaux, PDG, a nommé à la direction générale son fils Nicolas qui forme un duo avec sa tante, Catherine Jandros.
« La recherche et le développement sont l’un des moteurs de croissance du groupe », avance le dirigeant. Un nouvel atelier de 10 000 m² vient d’ouvrir, sans oublier des investissements à hauteur de 20 millions d’euros pour automatiser l’injection et une enveloppe d’un même montant pour la participation à un centre de traitements de déchets régional. L’usine et le siège seront autonomes énergétiquement dès l’an prochain grâce à 5000 m² de panneaux photovoltaïques. 160 millions d’euros en 2022, 138,8 millions en 2023 une fois l’effet Covid passé, dont 36 % se font à l’étranger dans quelques 80 pays, l’Europe restant la zone privilégiée. Desjoyaux est à la pointe du secteur, poussé par son introduction en Bourse, réalisée par Louis Thannberger (IPO n°1).
Le sarthois Mondial Piscine, troisième fabricant de piscines français
L’entreprise sarthoise, basée à Cérans-Foulletourte, fait parler d’elle grâce à une nouvelle technologie de piscines enterrées livrables en kit. L’entreprise n’est pas la plus forte du secteur, mais grandit très rapidement grâce à cette innovation. La piscine est installée grâce à des panneaux en polypropylène entre lesquels le béton armé est coulé.
En quatre ans, l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires pour dépasser les 50 millions d’euros. Un défi mené à bien par Mickaël Morin, fils du fondateur de Mondial Piscine, qui produit 3000 piscines par an. L’entreprise dispose depuis 2022 d’un investisseur minoritaire qui la soutient activement, le parisien NextStage AM a en effet investi 10 millions d’euros permettant de conforter le côté industriel et le nombre de concessionnaires. 90 concessionnaires l’an dernier en France et à l’étranger, un chiffre qui doit s’enrichir d’une cinquantaine d’autres en 2025 pour tenir les prévisions, avec un objectif international de vente dans 30 pays au lieu de 17.
Autant dire que Mickaël Morin et son équipe ont des projets plein la tête. Le nouveau slogan choisi par la maison est représentatif de sa politique, « On peut aimer avoir les pieds dans l’eau, tout en gardant les pieds sur terre » qui fait particulièrement allusion à l’aspect durable qui doit lui aussi être accentué à l’avenir. Comme si cela ne suffisait pas, le dirigeant a également l’intention d’investir sur un nouveau segment de marché pour l’entreprise, celui du bien-être en axant son action sur la vente de spas, hammams et autres saunas.
D’autres marques font aussi l’histoire de la piscine en France comme Piscinelle, Waterair, Alliance Piscines ou Diffazur. Des bassins et piscines dont l’accès se démocratise et s’étoffe. La croissance n’est plus celle des années 2020 et 2021, mais les perspectives restent excellentes en France comme en Europe. Allez, on plonge !
Anne Florin