Bienvenue dans la jungle, le ton est donné. Sachez que le métier de cette startup qui a déjà fait ses preuves est le recrutement. Elle a réussi à faire une belle performance en janvier dernier en levant quelques 50 millions d’euros. Et ce n’est pas fini.
Depuis quelques mois, les magnifiques et presque faciles levées de fonds se sont raréfiées, ou leurs montants ont fortement diminué. Pourtant, certaines font exception. Les meilleurs concepts réussissent toujours à attirer les fonds, toujours à la recherche de ces meilleures affaires.
WELCOME TO THE JUNGLE ET SON CONCEPT DE “MARQUE EMPLOYEUR”
Jérémy Clédat, cofondateur et PDG depuis 2015, date de création de l’entreprise, est à la tête d’une équipe de quelques 300 salariés dont la moyenne d’âge est de 31 ans. Il constitue avec le second cofondateur, Bertrand Uzeel, un duo d’optimistes qui a décidé de changer le monde du recrutement connu pour ses lettres sans réponse et ses rendez-vous sans intérêt. Jérémy et Bertrand sont amis, le premier vient du capital risque, le second de la production musicale.
Des profils bien différents qui font la richesse de leur initiative, avec une vraie envie de travailler ensemble. C’est finalement début 2014 qu’ils démissionnent pour travailler sur le concept qui les motive : Welcome to the Jungle, une jungle qui offre une approche humaine et vivante du recrutement, en centrant l’approche sur le candidat. Les débuts se font en Île-de-France avant de se développer sur tout le territoire et plus encore.
Leur réussite est d’avoir su se différencier des concurrents en se positionnant de façon moderne, en adoptant un ton jeune et décalé qui a immédiatement assuré le succès auprès de la Tech et des jeunes entrepreneurs et candidats. Conseils, histoires, reconversions, engagement, bonheur au travail, toutes les questions sont abordées, enrichissant l’offre du site et l’intérêt des candidats. Une approche très communicante, qui a d’abord été qualifiée de « media ». L’approche était et est toujours une « nouvelle expérience de la recherche d’emploi ». L’approche des clients est tout aussi originale et permet aux entreprises de mettre en avant leur attractivité avec un positionnement nouveau. Les grands groupes ont été séduits, mais pas seulement, puisque 5000 clients ont répondu présents.
UNE RÉVOLUTION DANS LE MONDE DU RECRUTEMENT
Si le ton reste un élément essentiel dans la volonté de communiquer des fondateurs, rien n’eût été possible sans une série d’innovations dont la première fut le Welcome Kit. Des contenus intéressants, des processus facilités, mais aussi des services nouveaux comme une plateforme consacrée au développement des collaborateurs, Welcome Originals. Toutes ces expériences sont basées sur le même mantra qu’au départ « notre mission est de donner au travail une place durable dans nos vies ». Autant de réussites dont Pôle Emploi gagnerait à s’inspirer.
L’entreprise emploie plus de 300 salariés, pour des revenus annoncés de 30 millions d’euros fin 2022, soit une performance très encourageante de +60% par rapport à 2021. Même si l’entreprise n’est pas encore à l’équilibre, ce chiffre devrait annoncer une première rentabilité en 2024, du moins pour la France. D’autant que le marché du recrutement est très actif que ce soit en France, comme aux États-Unis.
50 MILLIONS POUR L’AVENTURE AMÉRICAINE
4 millions de dettes seulement pour cette troisième levée de fonds de 50 millions à laquelle ont participé les actionnaires historiques tels que Revaia, XAnge et Bpifrance. Cinq nouveaux venus se sont joints à l’aventure, dont les fonds d’Alexandre Mars (Blisce) et Nicolas Béraud (Kostogri) ainsi que Cipio Partners et le groupe ADP. Le fonds philanthropique Phiture (le fonds Tech non-profit de Raise Sherpas) a également investi de façon plus modeste. Welcome to the Jungle est installée en France et en République tchèque, mais l’aventure américaine fait partie des rêves classiques des startuppers.
En période instable comme actuellement, les projets sont sur pause. L’entreprise a décidé de s’inscrire en faux vis-à-vis de cette frilosité et prévoit de s’installer aux États-Unis dans les mois qui viennent, un mouvement prévu de longue date. Jérémy Clédat entend se positionner dans un premier temps sur l’Est des États-Unis. Le contexte de licenciements massifs de la part des grands groupes de la Tech ne change rien au fait que les demandes d’embauches soient toujours aussi élevées, tous secteurs confondus. Une cinquantaine de personnes doivent être embauchées pour accompagner le projet.
Un succès à rapprocher de l’autre pépite du recrutement et de l’emploi Hellowork, la filiale du groupe breton le Télégramme qui aura réalisé en 2022 94 millions d’euros de chiffre d’affaires, une progression record de 33%.
Anne Florin
