HysetCo doit sa naissance à des acteurs économiques d’importance tels qu’Air Liquide, Idex (spécialiste des énergies durables), Step (Société du Taxi Electrique Parisien) et Toyota. La mobilité collective à hydrogène en région parisienne, tel est son défi pour les années à venir.
HysetCo a eu pour mission de départ de bâtir la première flotte de taxis zéro émission hydrogène, une initiative déjà en cours depuis cinq ans avec sa flotte dénommée « Hype ». L’entreprise doit également accélérer dans le système de distribution d’hydrogène. Avec en mire, la possibilité de mettre en avant une situation exemplaire pour les JO de Paris en 2024. Les stations de recharge qui seront installées peu à peu doivent logiquement être également mise à disposition de tous, particuliers compris.
L’homme de la situation
Loïc Voisin est le président de HysetCo et c’est en cette qualité qu’il est au cœur du dispositif. Ce diplômé de l’Ecole Centrale de Lille dispose d’un parcours classique, de Bouygues Construction à la compagnie Saur Sterau pour rejoindre Suez en 2010. L’énergie, il connaît. En 2016, il est à la tête de l’innovation, du marketing et de la performance industrielle du groupe Suez, avant de quitter ses fonctions en août 2020. Ce professionnel de l’énergie est nommé à la présidence de Hysetco en fin d’année dernière.
Une ambition de taille
L’ambition est de taille : convaincre que l’avenir de la mobilité passe aussi par l’hydrogène. Pour cela, Loïc Voisin évoque ce qui sera « la plus grande flotte au monde de taxis à hydrogène ». Sa feuille de route est tracée depuis la création de HysetCo, la présentation d’Air Liquide avait le mérite de la clarté « Air Liquide est convaincu que l’hydrogène est l’une des clés pour réduire la pollution dans les villes. Pour atteindre cet objectif, l’alignement de tous les acteurs de la filière est nécessaire… Avec ce grand projet, technologie rime avec écologie et nouvelle économie. Le tout, au service de la réinvention du taxi, un des grands métiers de la mobilité. »
Premièrement, lever des fonds
Le nouveau dirigeant de HysetCo voit sa tâche facilitée par les moyens financiers à sa disposition. Une levée de fonds de 80 millions d’euros vient d’être réalisée auprès de différents partenaires, RGreen Invest, Mirova, Raise Impact et Eiffel Investment Group. Air Liquide a également renforcé son investissement dans la foulée, permettant à HysetCo de disposer de 100 millions au total. « Hype » dispose déjà d’une centaine de taxis, cette levée de fonds a permis de mener à bien un projet de croissance externe mené manu militari. En effet, la crise de la pandémie qui a interrompu en grande partie l’activité des taxis n’est pas pour autant une période où rien ne se passe, bien au contraire.
Deuxièmement, changer de dimension
Cela n’a pas pris plus d’un mois. La compagnie de taxis à hydrogène Hype a racheté le groupe Slota, un vétéran du taxi créé en 1932 qui gère une flotte de 600 véhicules diesel à ce jour. Son propriétaire, le fonds Naxicap en avait fait l’acquisition en 2012. La levée de fonds a rapidement été mise à contribution et va permettre de remplacer les taxis de Slota par des Toyota Mirai équipées de piles à combustible. Le soutien au projet est aussi européen, par exemple via le FCH JU (Fuel Cells and Hydrogen Joint Undertaking), qui réunit privé et public, et soutient les activités de recherche dans le domaine des technologies énergétiques, des piles à combustible et de l’hydrogène en Europe.
Troisièmement, miser sur l’électrolyse
L’hydrogène est obtenu à partir de combustibles fossiles ou à partir d’électrolyse. L’option de Loïc Voisin est logiquement d’aller sur la seconde solution, qualifiée d’écologique, ou du moins vers une solution dite bas carbone. Le fait est que le sujet est primordial, car le processus d’obtention d’hydrogène, l’électrolyse, doit encore prouver sa compétitivité réelle au niveau industriel.
Les couleurs de l’hydrogène
L’hydrogène peut être qualifié de blanc, noir, brun, bleu, jaune etc. Cette « colorisation » a pour but de faciliter l’identification des hydrogènes plus ou moins écologiquement corrects. En résumé, lorsque le procédé de production d’hydrogène utilise le charbon, il est qualifié de noir. Le procédé « gris » est l’un des plus courants, il désigne souvent le processus à partir de gaz naturel, mais sa particularité est que le CO2 dégagé lors de la production n’est pas capté. Parmi les autres principales couleurs, le bleu désigne l’hydrogène « bas carbone » qui prévoit de capter 80 à 90% du CO2, bref ni vert, ni gris.
Le rose existe aussi, produit à partir d’énergie nucléaire. Ne parlons pas du jaune, un peu trop fourre-tout pour les néophytes. Le graal est évidemment le vert qui signifie que l’hydrogène est « propre », car il a été produit à partir d’énergies renouvelables, un processus qui bénéficie du soutien de la Commission Européenne. Malheureusement, à ce jour, seul 1% de la production actuelle d’hydrogène répond à cette exigence.
Des discussions animées en Europe
La discussion est d’ailleurs animée entre France et Allemagne qui veulent pourtant toute deux se lancer dans un plan hydrogène d’envergure. Sauf que l’Allemagne veut du vert, que du vert, tandis que la France aimerait y introduire une bonne nuance de rose, nucléaire oblige. La réponse de HysetCo reste à définir précisément, puisqu’elle doit en principe s’orienter vers le vert ou le « bas carbone ». A suivre, car l’aventure ne fait que commencer !
E.S.