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Pour un leadership éthique


Lorsqu’on apprend que les grands sportifs consomment des substances dopantes pour améliorer leurs performances, la plupart d’entre nous s’en offusque, à juste raison. C’est introduire ainsi une forme de déloyauté dans un résultat flatteur, obtenu grâce à des artifices. Les chefs d’entreprise sont confrontés aux mêmes tentations.

Entreprendre - Pour un leadership éthique


La concurrence exacerbée, l’omniprésence de l’état, avec ses taxes et ses normes hallucinantes, l’exigence de performances d’année en année plus élevées, la pression toujours plus forte pour des résultats encore meilleurs peuvent amener les moins solides, mentalement, à franchir la ligne jaune. C’est pourquoi, parfois, au sommet de grands groupes industriels et financiers, des dirigeants peu scrupuleux se laissent aller à des actes contraires à l’éthique.

Selon André Comte-Sponville, l’entreprise est amorale par nature, c’est à dire hors du champ de la morale. Mais elle est toutefois contrainte par des lois, des règlements et des usages qui circonscrivent sa liberté d’action.

Toute action de l’entrepreneur qui tendrait à lui permettre de se soustraire à ces obligations ou de les enfreindre est donc contraire à l’éthique puisqu’il se débarrasse ainsi, frauduleusement, de contraintes qui pèsent sur ses concurrents.

Légèreté dans l’application des textes sociaux, infraction aux règles de la concurrence, abus de position dominante, tromperie sur la qualité des marchandises ou des services, mauvaise foi, non-respect de la parole donnée, fausses allégations, pots de vin, menaces, chantage, la liste est longue des manquements à l’éthique, dont la responsabilité est trop souvent rejetée sur la concurrence féroce qui règnerait aujourd’hui sur les marchés.

Est-il utile de rappeler que, pour un chef d’entreprise, l’exemple n’est pas l’une des façons de conduire ses équipes ; c’est la seule, selon Albert Schweitzer. Pour maintenir un haut degré de confiance entre clients, salariés, fournisseurs et banques, un leader scrupuleux se montrera toujours rigoureux dans son comportement. Il n’a aucune raison de trahir, à la tête de son entreprise, les principes qui guident sa vie personnelle. En se soumettant à une éthique stricte au quotidien, le chef d’entreprise s’assure d’un leadership incontesté. Non seulement il jouit du réel bonheur de se maintenir en harmonie permanente avec lui-même, mais l’aura dont il est nimbé auprès de ses collaborateurs rend plus efficace son management et fait de lui un point de référence incontournable, facilitant évidemment le fonctionnement quotidien de son organisation. Rappelons que le Leadership ne naît pas d’un pouvoir mais d’une reconnaissance et d’une culture d’entreprise irréprochable, simple et sincère.

Le récent projet de faire entrer Marc Bloch au Panthéon remet en lumière quelques leçons de son ouvrage écrit pendant la dernière guerre mondiale, « L’étrange défaite » et en particulier celle-ci :   

« Être un vrai chef, c’est, avant tout peut-être, savoir serrer les dents ; c’est insuffler aux autres cette confiance que nul ne peut donner s’il ne la possède lui-même ; c’est refuser, jusqu’au bout, de désespérer de son propre génie ; c’est accepter, enfin, pour ceux que l’on commande en même temps que pour soi, plutôt que l’inutile honte, le sacrifice fécond. Jadis, des hommes qui n’étaient ni des sots, ni, devant le péril personnel, des lâches, avaient eux aussi trop promptement succombé devant l’infortune. À leur mémoire, l’histoire militaire ne réserve que mépris. »

Alain Goetzmann
Coach et Conseil en Leadership & Management

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