Crise sanitaire et incendies ont mis en lumière la lourdeur de l’Etat centralisé. Les crises sont propices au changement, Robert Lafont ne dit pas le contraire en matière économique car il s’agit toujours de la meilleure période pour se réinventer. Aussi, c’est maintenant que doit avoir lieu le débat sur la décentralisation.
Une des raisons de la colère démocratique actuelle
Le débat constitutionnel n’a jamais passionné les foules et même nos politiques peinent à le rendre abordable ou intéressant. Notons également que la dernière réforme constitutionnelle d’envergure relative au quinquennat et à l’inversion du calendrier électoral entre élections présidentielles et législatives, a contribué à présidentialiser une constitution qui n’en demandait pas tant. Nos concitoyens non plus, n’en demandaient d’ailleurs pas tant !
Cette hyper-présidentialisation a contribué à faire qu’aujourd’hui TOUT tourne autour de l’élection d’un seul homme. Le reste n’est aujourd’hui que du folklore !
Dans le même temps, les réformes territoriales ont renforcé différents échelons (agglomérations/métropoles) par rapport à d’autres (communes), ou ont modifié les équilibres (Loi NOTRE), mais sans réelle remise à plat et sans vision politique aboutie. Comment expliquer par exemple que le Tourisme reste une compétence partagée entre communes/EPCI, Départements, Régions et État.
Tout cela a contribué à éloigner les citoyens de la politique et participe, avec d’autres facteurs, de la rupture entre le peuple et ses représentants. La crise des gilets jaunes est liée à ce sentiment d’éloignement et d’abandon.
François Mitterand avait vu juste : « La France a eu besoin d’un pouvoir fort pour se faire et centralisé pour se faire. Elle a aujourd’hui besoin d’un pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire ».
Décentraliser, une nécessité démocratique
Rapprocher les lieux de décisions des citoyens est, plus que jamais, un impératif démocratique. Il en va aussi de l’efficience des politiques publiques avec une plus grande réactivité, et une meilleure connaissance du terrain.
Lors de la crise de la COVID19, l’Etat s’est révélé lourd et pataud, lorsque les collectivités locales répondaient de façon plus proactive aux demandes.
Les Régions françaises ont globalement vu leur taille augmenter, mais sans que cela ne s’accompagne de moyens financiers ou réglementaires. Transfert de compétences ni rime pas avec transfert de ressources et de moyens, et l’État ne peut se satisfaire d’endetter ses collectivités.
A ce titre, le groupe PRG Nouvelle-Aquitaine est à l’origine d’un vœu visant à « redonner des capacités d’agir à la Nouvelle-Aquitaine et aux Régions françaises par un nouvel acte de décentralisation.
On sait aujourd’hui que « l’Etat ne peut pas tout » et que la trop grande concentration tue en fait l’Etat dans ses missions régaliennes. Ce n’est pas vouloir affaiblir l’Etat que souhaiter qu’il se recentre sur le régalien. Que l’Etat soit plus fort sur ce qu’il fait le mieux, et que la proximité de nos collectivités soit améliorée.
Il est temps de responsabiliser nos collectivités par des pouvoirs accrus et ainsi de retisser le lien démocratique aujourd’hui largement rompu comme en témoignent les scores de l’abstention lors des diverses consultations. Le vote doit aujourd’hui faire sens et le citoyen se sentir acteur de la vie démocratique.
De la décentralisation à la régionalisation
Les régions françaises ne peuvent pas rester des nains politiques, il en va aussi du soutien à nos entreprises et de la réindustrialisation. Le monde économique attend une plus grande souplesse, une plus grande réactivité, et c’est ce que peuvent apporter les Régions françaises pour préparer l’avenir et ses bouleversements.
On parle souvent de façon trop abstraite de territoires qui sont au contraire une réalité marquée en France par une grande diversité. Agir en proximité est la garantie d’une action publique plus efficiente car adaptée au terrain.
A l’occasion des dernières élections régionales, j’avais lancé sur Entreprendre un appel visant à créer des fonds régional ouverts aux citoyens et côtés en bourse qui n’investirait que dans les PME familiales régionales. Un bon moyen pour doper l’épargne des français, soutenir nos PME locales, et les faire monter en gamme et en puissance (à retrouver ici : Pour des régions qui investissent les champs économique et financier.
Dénonçant ce qu’il perçoit aujourd’hui comme un « système colonial », Alain Rousset, Président de la Région Nouvelle-Aquitaine, plaide depuis longtemps pour une vraie décentralisation car, comme il le dit : « un Etat centralisé ne se réforme pas, il fait la Révolution ».
Sachons donc prévenir les blocages en décentralisant réellement et en ouvrant une nouvelle page de notre Histoire.
Revenons enfin aux grands penseurs, à Montesquieu qui disait que pour faire de grandes choses, « il faut être avec les peuples ».
Aujourd’hui, nous pouvons bâtir la « République des territoires », aussi, soyons girondins !
Yannick Boutot
Secrétaire national du PRG-Le centre gauche