Bien que constituant 50,6% de la population active, les femmes ne représentent que 21% des femmes ingénieures en France (13% aux Etats-Unis). Comment en est-on arrivés là ? Comment y remédier ? Comment redorer l’image de l’ingénierie auprès des femmes et rendre le milieu (plus) paritaire ?
En tant que femme, comment tirer son épingle du jeu et s’affirmer, alors que parole et compétences semblent bafouées ? En témoignent les récents scandales Uber, qui aurait fait preuve de laxisme quant à des affaires internes de harcèlement.
Cette sordide histoire aura au moins eu le mérite de mettre non seulement en lumière la situation des femmes ingénieures – minoritaires dans un milieu d’hommes – mais aussi ce genre de pratiques, pas si anecdotiques que cela.
Comment en est-on arrivés là ? Comment y remédier ? Comment redorer l’image de l’ingénierie auprès des femmes et rendre le milieu (plus) paritaire ?
L’infographie ci-dessous s’intéresse à ces questions et essaye de comprendre les origines de ce déséquilibre.
Dès l’école, les filles ont un rapport différent aux maths que les garçons
“Les garçons sont plus forts en maths que les filles.” Quelle fille n’a pas entendu cela durant ses années de collège ? Cette phrase, bien qu’anodine, a une portée beaucoup plus importante qu’on ne le croit, et va s’inscrire dans l’inconscient collectif comme une sorte de modèle, de fatalité. Si une fille est moins bonne en maths qu’un garçon, c’est normal. Si elle est meilleure, alors elle est exceptionnelle – aux deux sens du terme.
Souvent, cette fausse idée aura un impact concret sur les résultats scolaires des filles dans les matières scientifiques, qui, dans un contexte de “compétition” avec des garçons, auront de moins bon résultats que dans un environnement où leur genre n’est pas mis en avant.
En psychologie, on appelle cela “la menace du stéréotype”, et il s’applique dès qu’une minorité est confrontée aux préjugés qui l’entourent. Par exemple, il avait été montré que les étudiants afro-américains – alors considérés comme “intellectuellement inférieurs” – avaient de moins bon résultats lorsque le test était décrit comme une “Mesure de la capacité intellectuelle” que lorsqu’il portait simplement le nom de “Résolution de problème”.
Cette menace du stéréotype peut donc être une première piste de réponse pour savoir pourquoi si peu de femmes choisissent d’étudier en école d’ingénieur (28% des étudiants) : elles ne se sentent pas à leur place !
Malheureusement, une fois dans le milieu professionnel, les stéréotypes persévèrent
D’aucuns penseront : “Le plus dur est passé ! Une fois ingénieures, les femmes sont épanouies !” En fait, 61% des ingénieures ont déjà été discriminées à cause de leur genre (32% plusieurs fois, 29% une seule fois). Cela signifie qu’un énorme travail de sensibilisation et d’éducation reste à faire.
C’est d’ailleurs la mission de nombreuses associations en France : Elles Bougent, qui visent à renforcer la mixité dans les secteurs industriels et technologiques, les campagnes Ingénieuses, qui promeut les formations d’ingénieurs auprès des femmes, ou encore Voy’Elles, qui soutient les femmes ingénieures en activité, via des ateliers et conférences dédiées.