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Qui est Daniel Derichebourg, le patron le plus secret de France ?


Le patron du géant français du recyclage des déchets et des services aux entreprises Derichebourg (5 milliards d’euros de ca) est un mystère. Il n’existe quasiment pas de photo de lui, il refuse les interviews… Daniel Derichebourg est pourtant à la tête de la 232ème fortune française (500 millions d’euros). Quels...

C'est l'un des rares clichés de Daniel Derichebourg (à gauche). Ce dernier a pris, au milieu des années 80, le contrôle de l’entreprise familiale de collecte de déchets et de recyclage fondée par son père, Guy, en 1956.

Le patron du géant français du recyclage des déchets et des services aux entreprises Derichebourg (5 milliards d’euros de ca) est un mystère. Il n’existe quasiment pas de photo de lui, il refuse les interviews… Daniel Derichebourg est pourtant à la tête de la 232ème fortune française (500 millions d’euros). Quels sont les secrets de cet entrepreneur autodidacte, en passe de prendre la main sur Elior group (avec 48,4% des actions) ?

En prenant fin décembre le contrôle opérationnel d’Elior (4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires), n°2 français de la restauration collective, Daniel Derichebourg a marqué les esprits. Preuve de l’engagement du PDG du groupe familial Derichebourg au service d’Elior : en plus de la montée au capital (de 24 à 48%), il a tout simplement pris le fauteuil de Bernard Gault chez Elior, quittant par la même son siège à la direction générale de son propre groupe — Abderaman El Aoufir, n°2 de Derichebourg, a pris la suite.

ENCORE LOIN DU MASTODONTE SODEXO

L’opération consiste à intégrer l’activité de services aux entreprises et aux collectivités du groupe familial (Derichebourg Multiservices), qui pèse 943 millions d’euros, à Elior. L’ensemble formé par Elior et Derichebourg Multiservices représente un chiffre d’affaires de 5,23 milliards et 134 000 employés. On est encore loin de Sodexo et ses 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans la restauration collective et le « facility management ». Derichebourg veut faire du n°3 européen un leader international de la restauration collective.

Daniel Derichebourg est désormais seul maître à bord et de nombreux défis l’attendent, car Elior n’est pas en parfaite santé : Covid, endettement (427 millions d’euros de pertes en 2022), inflation, fermeture de sa filiale américaine… Elior mettra sans nul doute deux à trois ans pour redresser la barre. Mais ce défi n’est pas de nature à effrayer Daniel Derichebourg. Car l’homme est un entrepreneur hors pair, dont la rémunération annuelle (469 000 euros en 2021) est largement inférieure aux autres PDG de son rang (environ 988 000 euros en moyenne).

DANIEL DERICHEBOURG, UN SELF-MADE-MAN DISCRET

C’est au milieu des années 80 que Daniel Derichebourg prend le contrôle de l’entreprise familiale de collecte de déchets et de recyclage fondée par son père, Guy Derichebourg, en 1956. C’est lui, cet ancien mécanicien devenu ferrailleur indépendant – il vidait les caves des particuliers dans les années 1950 – qui va lancer cette incroyable aventure familiale. Mais c’est son fils, Daniel, qui va faire de cette entreprise, suite à de multiples rachats (Penauille, Ecore…) et à une stratégie de diversification rondement menée, un empire du recyclage et du service. Malgré cette réussite entrepreneuriale, Daniel Derichebourg, 232ème fortune française avec 500 millions d’euros, est resté un patron à la discrétion quasi maladive. Il ne donne jamais d’interview et interdit toute photo de lui. D’ailleurs, vous ne trouverez aucun portrait sur le site officiel de l’entreprise.

DES VACANCES AVEC LE PARTI COMMUNISTE

Que sait-on de lui ? Il est né en 1952 et a grandi à Stains (Seine-Saint-Denis) dans la banlieue nord de Paris. D’origine roumaine par sa mère, il est très vite associé à l’activité de récupération de déchets lancée par son père. Celui qui aura quelques années plus tard ses habitudes au Crillon – le palace parisien, où il avait une chambre réservée à l’année et où il dînait souvent avec François Hollande – passe une partie de son enfance dans les camps de vacances du Parti communiste de Stains.

Son père souhaitant lui passer le flambeau, Daniel arrête ses études après le lycée. En 1992, il gagne 300 millions de francs en cédant l’affaire familiale de camions-poubelles à une entreprise américaine. C’est sur ce pactole de départ que Daniel Derichebourg va construire son empire. Un empire qu’il a ensuite développé de main de maître et dont il a réussi à conserver le contrôle : la famille Derichebourg détient encore aujourd’hui 41% d’une entreprise, qui reste, à ce jour, l’une des plus belles réussites dans le recyclage de métaux, le traitement de déchets et la propreté en Europe.

DEUX FILS AUX PARCOURS ATYPIQUES

Peu à peu, à l’image de ce qu’avait fait son père avant lui, Daniel Derichebourg prépare sa succession. Ses deux fils, Thomas, ancien comédien à la télévision et au théâtre (Comédie Française, Odéon), et Boris Derichebourg, ancien coureur automobile (Formule 3000, Formule 3, 24 Heures du Mans), qui dirigent respectivement Derichebourg Environnement et Derichebourg Multiservices, hériteront un jour de l’empire familial. Comme leur père, tous deux sont autodidactes. Une chose est sûre, contrairement à lui, il faudra qu’ils acceptent de sortir de l’ombre. Le groupe n’est-il pas coté au CAC 40 ?

Victor Cazale

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