A 38 ans, Ian Osborne est un homme d’affaires anglais discret, qui cultive le secret. Entrepreneur à succès, il vient cependant de trouver une nouvelle notoriété en France suite au rachat du club de rugby de Brive, via l’entremise de Yannick Bolloré (président de Vivendi). Une bonne nouvelle pour le Top 14.
Le Financial Times titrait il n’y a pas si longtemps « A real man of mystery ». Un mystère que bien des entrepreneurs souhaiteraient décrypter, car
Ian Osborne a réussi le tour de force de construite un fonds d’investissement spécialiste de la Tech valorisé aujourd’hui à 1,5 milliard de dollars. L’homme de 38 ans parvient à fréquenter les stars dans bien des domaines sans jamais être mis en avant. Un vrai spécialiste du verrouillage d’informations le concernant, y com-pris via un engagement contractuel.
JEUNESSE DORÉE
Ian Osborne est un Londonien pure souche, né dans un milieu privilégié, ses parents sont juriste et médecin, il a bénéficié des meilleures écoles. Il est diplômé de la LSE, la London School of Economics en 2005, reconnue internationalement. Un parcours classique suivi d’une entrée dans la vie professionnelle dès la fin de sa vie estudiantine. Une première année en tant que journaliste et sa vie change ensuite de direction.
UN GÉNIE DU RÉSEAU
Le jeune Ian Osborne a rapidement su trouver et s’attirer l’amitié de businessmen internationaux aguerris et respectés. Parmi ces mentors hors normes, le principal d’entre eux est celui qui lui propose de travailler pour lui, Michael Bloomberg, milliardaire, ancien maire de New York, ponte du parti démocrate. Lorsque le jeune Ian Osborne est embauché en tant que consultant, Michael Bloomberg était encore maire de New York.
Le jeune homme fait rapidement ses preuves, parvenant à se rendre in-dispensable, permettant à son mentor de lier de nombreux contacts avec l’élite britannique. Ian Osborne est toujours resté proche de lui. Aujourd’hui, Michal Bloomberg préside le Defense Innovation Board, au service du Ministère de la Défense américain. On peut également citer parmi ses relations le magnat des affaires hongkongais, Li Kashing ou plus près de nous, la famille Burda, les rois allemands de la vente à distance aujourd’hui un empire médiatique, ou encore Yuri Milner, le milliardaire russo-israëlien.
Le talent que tous lui reconnaissent ? Sa capacité à faire le lien entre différentes personnes de haut vol, dans le milieu des affaires ou de la politique, provoquant des synergies pour susciter des opportunités de créations d’affaires et de richesse.
HEDOSOPHIA
Ian Osborne est le fondateur ou l’actionnaire de plusieurs entités, notamment via ses activités de business angels, mais aussi via l’entreprise qu’il a créée en 2012, Hedosophia.
Encore une fois, la réussite est au rendez-vous. Il a toujours poursuivi ses missions de consultant en se concentrant sur les géants de la Tech. Mais pas seulement, il a continué à œuvrer dans les milieux politiques, comme à l’époque pour David Cameron et le maire de Londres, un certain Boris Johnson. La mission du fonds d’investissement d’Hedosophia est de soutenir des entreprises de la Tech et d’internet, ainsi que des family offices, toujours en toute discrétion.
L’entreprise dispose d’une douzaine d’investissements actifs pour une valeur estimée à 250 millions de livres. Ian Osborne est surtout reconnu aujourd’hui pour être l’un des créateurs du phénomène SPAC (Special Purpose Acquisition Company ou Société d’Acquisition à Vocation Spéciale).
LES SPACS, RISQUE OU OPPORTUNITÉ
Les Spacs sont une idée géniale. Il s’agit de créer une coquille juridique afin de lever des liquidités auprès de fonds avec l’ambition de racheter des sociétés en croissance, susceptibles d’entrer en bourse. En France, l’une des plus connues est celle qui rassemble Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, 2MX Organic.
Depuis 2017, Ian Osborne a été mis en lumière par son partenaire du fonds Capital Social, Chamath Palihapitiya. Cet ancien de Facebook apprécie les projecteurs et n’hésite pas à s’exprimer dans les médias, permettant à Ian Osborne de rester en retrait. A eux deux, ils ont fait le buzz avec des opérations célèbres, telles que Virgin Galactic. Cependant, les fameuses SPAC subissent quelques revers en ces temps agités, elles font l’objet de l’attention des pouvoirs
publics car certaines sont soupçonnées de mettre en avant des entreprises basées peu solides, qui risquent de n’être jamais rentables. En attendant, la nouvelle SPAC Hedosophia European Growth a levé quelque 400 millions d’euros l’an dernier sur la bourse d’Amsterdam dans le but de faire ses emplettes dans la Tech sur une durée limitée, deux ans.
AUJOURD’HUI RÉSIDENT HONGKONGAIS
Ian Osborne a 39 ans, le presque quarantenaire cultive toujours la discrétion de façon quasi maniaque. Cela correspond à son tempérament, les grands de ce monde ont fréquemment eu au cours des siècles des éminences grises, il fait partie de cette catégorie qui ne désire pas la reconnaissance médiatique, trop occupé à voyager, à travailler, à toujours améliorer ses contacts y compris à Davos. Espérons qu’un certain hédonisme fait aussi partie de sa vie.
Après tout, Hédosophia fait référence à la sagesse, mais aussi au plaisir. Quelques signes existent. Tout récemment, Ian Osborne, fan de théâtre, est sorti des ornières financières pour produire une comédie musicale londonienne, « Everybody’s talking about Jamie », l’histoire d’un adolescent anglais qui veut être drag queen, basée sur un personnage réel.
Si l’on ajoute à cela qu’il est un vrai fan de rugby, sans doute peut-on bien s’amuser avec Ian Osborne. Bien que pour l’instant, il dispose de quelque 400 millions d’euros à investir, un job à plein temps.
Claudio Flouvat