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Julien Courbet : « Qui veut être mon associé ? » est un OVNI audiovisuel


Présentateur de "Qui veut être mon associé ?", émission phare de M6, Julien Courbet répond à nos questions.

Qui veut être mon associé ?

Il y a BFM Business, la voix des entrepreneurs (chaque jeudi à 19h sur Sud Radio), il y a désormais Qui veut être mon associé ? une émission phare grand public sur M6 le mardi. Nous interrogeons Julien Courbet, pour faire un point sur son impact.

M6 innove avec cette nouvelle émission dédiée à la création entrepreneuriale. D’où vient son concept ?

Julien Courbet : Le concept existe depuis très longtemps, mais il n’avait pas encore été adapté en France. Le format est à l’origine une émission créée au Japon en 2001 par Nippon Television sous le titre « Money Tigers ». C’est la version anglaise de la BBC2, « Dragons’ Den », en 2005, qui initiera son succès international, avec ensuite de nombreuses adaptations dans le monde entier, notamment aux USA avec l’immense succès de « Shark Tank » sur ABC, mais aussi en Allemagne avec « Lions’ Den » qui bat tous les records sur Vox. M6 a choisi de l’adapter à son tour en France sous la licence Sony Pictures Télévision Production. Ce type de programme manquait à la télévision française.

On se rappelle de l’émission « Ambitions » présentée par Bernard Tapie en 1986 sur TF1 qui a marqué toute une génération, mais depuis, peu de programmes se sont lancés sur cette thématique. Pourquoi ?

J.C. : Oui, c’est vrai, et en cela Bernard Tapie a été un précurseur. J’ai moi-même eu la chance de présenter et de produire des émissions qui valorisaient déjà l’entrepreneuriat dans les années 90, il y a… plus de 20 ans ! Il y a eu d’abord « Pourquoi pas vous ? » en 1994, puis « Succès » en 1999, toutes deux sur TF1. Par la suite, les chaînes ont été plus frileuses, puisque les patrons français n’avaient plus la cote et étaient souvent et injustement montrés du doigt. L’émergence de la nouvelle économie a changé la donne avec l’éclosion de ces start-ups qui redonnent du sens à l’entrepreneuriat et séduisent les Millenials, en leur donnant envie de créer leur boîte.

Etes-vous satisfait des résultats d’audience et quelles cibles touchez-vous le plus avec ce programme ?

J.C. : La direction de M6 et moi-même sommes vraiment satisfaits, mais aussi très étonnés de battre deux records, l’un très positif, l’autre moins ! Le premier record, c’est celui de notre audience chez les moins de 35 ans. Même dans nos rêves les plus fous, nous ne pensions pas arriver à un tel résultat sur cette cible des jeunes qui, on le sait, a abandonné la télévision au profit de programmes sur Netflix notamment. Les voir revenir vers la télévision et battre même TF1 avec « Qui veut être mon associé ? » est non seulement une surprise mais aussi une grande satisfaction. L’autre record a contrario, c’est le piètre résultat sur les plus de 60 ans, qui sont pourtant de grands amateurs de programmes télévisés. Il y a donc un vrai travail de communication à faire sur ce public, même si on peut raisonnablement penser, qu’à l’âge où certains envisagent de prendre leur retraite, ils sont peut-être moins intéressés par la création d’entreprise.

Comment expliquez-vous un tel succès, notamment sur le public des moins de 35 ans ?

J.C. : Parce que l’image de l’entreprise a changé ! Même si pendant des années certains entrepreneurs ont été montrés du doigt et qu’on l’a encore vu récemment avec des pancartes anti-patronat pendant les manifestations des Gilets Jaunes, la grande majorité des Français, et donc des salariés, fait aussi le constat que le chef d’entreprise est celui qui crée des emplois, qui fait tourner l’économie dans sa région, qui est le premier arrivé dans l’entreprise le matin à 7h et le dernier à en repartir le soir, souvent bien après 21h !

Les mentalités ont évolué. On voit apparaître de nouvelles entreprises qui donnent du sens au travail, notamment dans le domaine de l’environnement et de l’économie solidaire et durable. Cette émission arrive donc à un moment clé en France où le développement des start-ups et l’envie d’entreprendre sont de plus en plus grandes chez les Français, notamment les Millenials. Elle est donc une nouvelle opportunité de valoriser l’initiative, l’innovation et d’apporter une alternative au développement de bonnes idées et de projets novateurs, créateurs d’emplois dans notre pays.

La vraie bonne idée, n’est-elle pas le casting des 6 investisseurs qui constituent le jury ?

J.C. : Oui, c’est évident. Et si ces entrepreneurs-investisseurs talentueux ont choisi d’accompagner le programme, c’est parce qu’ils savent tous les six d’où ils viennent, d’où ils sont partis. Et même si leurs réussites respectives sont incroyables, ils ont eu des hauts et des bas, et donc des échecs parfois cuisants avant de repartir de plus belle ! Eux aussi ont eu un jour une bonne idée et ont eu besoin d’aide, de conseils et de financements pour la développer avec succès. Aujourd’hui, ils ont tous les six en commun de vouloir transmettre leur expérience et miser sur des projets ou des idées qui vont peut-être changer le quotidien des Français.

Ces six investisseurs ont tous des personnalités et des sensibilités différentes. N’est-ce pas ce qui donne aussi toute sa crédibilité mais aussi tout son charme au programme ?

J.C. : Oui, indéniablement. Marc Simoncini (Meetic, Jaïna Capital, Angell), c’est l’entrepreneur-star qui fait rêver toute une génération, mais c’est aussi un artiste avec un côté très « rock and roll ». Eric Larchevêque (Ledger présent au NEXT40), c’est l’ingénieur qui analyse tout et qui nous surprend en investissant dans des projets où on ne l’attend vraiment pas. Catherine Barba (le Peps Lab), c’est la communicante du 3e millénaire, la femme moderne, la busisines-angel du digital, qui se bat pour toujours plus de mixité et de parité.

Delphine André (GCA transport et logistique, mais aussi hôtellerie), c’est le panache et la bienveillance d’une femme d’affaires à la tête de 10 000 salariés dans 15 pays, pour 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Frédéric Mazzela (BlaBlaCar et co-président de France Digitale), c’est le startuppeur de génie qui a transformé l’économie pour toute une nouvelle génération.

Quant à Marc Vanhove que j’adore pour son franc-parler, sa personnalité et son parcours d’autodidacte hors-normes (franchise Bistro Régent avec 130 restaurants), c’est l’entrepreneur de bon sens, le terrien bon vivant, celui qui pose « la » question qui tue. Il apporte une plus-value fantastique à l’émission ! Ils sont tous géniaux et sincères dans leur démarche, à l’écoute de leurs coups de cœur. Ils savent tous que faire ce programme ne les rendra pas plus riches, ils font tous cela pour aider les créateurs, pour leur transmettre leur expérience, en leur disant : « Bravo pour votre idée, je vais vous aider ! »

Avez-vous prévu une saison 2 après les 6 épisodes tournés de la saison 1 ? Et comment sélectionnez-vous les créateurs qui viennent exposer leurs projets ?

J.C. : Il devrait y avoir une saison 2, puisque de mémoire d’homme, je n’ai jamais connu de retours aussi positifs au lancement d’une nouvelle émission. C’est assez incroyable parce que « Qui veut être mon associé ? » est un véritable OVNI audiovisuel ! Ce succès d’audience et d’image est une très bonne nouvelle tant pour M6, que pour les investisseurs du jury et pour les créateurs qui viennent présenter leurs projets d’entreprises. Quant à la sélection des dossiers, elle s’est faite sur casting après annonces.

Tous les candidats ont envoyé des dossiers complets qui ont été analysée par une équipe dédiée au sein de la production. Ils ont été choisis pour être représentatifs de tous les secteurs d’activités, tous les horizons, tous les âges, puisque vous avez pu constater que toutes les générations d’entrepreneurs sont représentées, des plus jeunes jusqu’aux seniors.

Avec « Capital » et « Qui veut être mon associé ? », vous êtes devenu le « Monsieur Entrepreneuriat » de M6. Cela vous fait-il plaisir et l’économie est-elle l’une de vos passions ?

J.C. : Oui, ça me fait plaisir, bien entendu ! Parce que je suis un passionné ! Ce qui me passionne avant tout, comme vous j’imagine avec le magazine Entreprendre, ce sont les destins humains, les grandes aventures entrepreneuriales, les parcours hors normes de capitaines d’industries qui sont souvent partis de zéro, mais aussi les destinées incroyables de ces petites start-ups qui vont devenir de belles licornes. Des chefs d’entreprises comme Bill Gates ou Jeff Bezos m’ont toujours fait rêver. Je suis admiratif de ces femmes et de ces hommes, à l’image de nos six investisseurs de l’émission, qui se battent pour leurs convictions et qui, quoi qu’il arrive, quelles que soient les embûches sur la route, disent « je le ferai » et vont jusqu’au bout !

Si vous comprenez si bien l’entrepreneuriat, n’est-ce pas parce que vous êtes également chef d’entreprise depuis longtemps ?

J.C. : C’est surtout parce que, comme beaucoup de chefs d’entreprises, j’ai connu par le passé des échecs qui m’ont permis d’apprendre, de me remettre en question, de rebondir différemment et de trouver de nouvelles idées. A une époque, j’avais une société de production télévisuelle qui a fait travailler jusqu’à 110 salariés. Mais les temps ont changé, avec l’ultra-concentration, je suis revenu à mon cœur de métier, la communication, et à une société bien plus modeste, avec une équipe de grande qualité mais beaucoup plus réduite. Pour vous donner une image, je suis l’épicerie fine qui se trouve à côté du géant de la grande distribution !

Propos recueillis par Valérie Loctin

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