Heureusement qu’il y a des entrepreneurs en France et des salariés avec leur savoir-faire. L’histoire de la faïencerie de Gien remonte à 200 ans. Pascal d’Halluin veut donner un nouveau souffle à cette entreprise mythique dont il est devenu copropriétaire.
Née en 1821, la manufacture a connu son âge d’or de 1850 à 1914, avant d’être confrontée à des difficultés liées à une nouvelle concurrence. A partir des années 1980, le renouveau s’installe avec la contribution de nombreux artistes de renom tels que Paco Rabanne ou Andrée Putnam. La faïencerie de Gien, membre du Comité Colbert qui regroupe les entreprises emblématiques de « l’image de la France dans le monde » et dispose du Label Entreprise du Patrimoine Vivant, réalise environ 10 millions d’euros de chiffre d’affaire, dont plus d’un tiers à l’international.
Sauvegarder 150 emplois
L’analyse d’un dossier de reprise peut prendre des années avant que l’on ne parvienne, peut-être, à une concrétisation. Pour la Faïencerie de Gien, il aura fallu trois années pleines, avant de pouvoir commencer une négociation ardue, due à l’endettement de l’entreprise, un arrêt puis une reprise des discussions. Il faudra attendre la mise en redressement judiciaire, le vote du personnel, et finalement le choix effectué par l’administrateur.
Celui-ci s’est porté en 2014 sur le projet de Pascal d’Halluin, avec un engagement de 2 millions d’euros pour la trésorerie et la préservation des 150 emplois. Pragmatique et raisonnée, la recherche de Pascal d’Halluin était précise « dans le secteur de l’équipement de la personne et de la maison… avec une histoire, représentative du savoir-faire français, … avec un potentiel de relance, facilement internationalisable et avec une dimension haut de gamme ».
Deux hommes pour avancer
Pascal d’Halluin, présenté partout comme le sauveur de la Faïence de Gien il y a cinq ans, n’en est pas à son coup d’essai. Il a déjà prouvé son efficacité dans le secteur de la mode en relançant les marques Cacharel, Lee Cooper et Lacoste. Pour la faïencerie, il n’est pas seul. Contacté alors qu’il avait créé son cabinet conseil, il fait en sorte de ne pas être l’unique maître à bord. C’est avec Yves de Talhouët, d’un profil différent de par ses expériences dans la tech, que la faïencerie est reprise après que 10% aient été proposés aux salariés. Pascal d’Halluin reconnaît qu’avec Yves de Talhouët à la présidence, une grande complémentarité s’est installée, nécessaire pour confronter les points de vue et disposer du recul nécessaire.
De solides convictions
Son parcours professionnel l’a prouvé, Pascal d’Halluin est un homme qui fait son chemin sans craindre les changements et les défis. Il s’inscrit également dans la lignée des managers catholiques traditionnels du Nord. Afin de rester fidèles à ses convictions, il a décidé de passer à l’action en devenant depuis 2018 le directeur général de la FASSIC, la Fondation d’Action Sanitaire et Sociale d’Inspiration Chrétienne, reconnue d’utilité publique. Egalement administrateur de l’Association Parisienne pour les Œuvres Sociales, il creuse sa voie sans concessions, ni oublier l’activité de la faïencerie de Gien dont il est copropriétaire et dont il suit la croissance.
Une belle renaissance
Contribution d’artistes, avantage du made in France, possibilités de personnalisation, innovation avec des « assiettes rébus », des dessins par centaines dans les archives pieusement digitalisées, des nouvelles collaborations avec Roche Bobois, le Bon Marché, ou Monoprix, lancement d’une nouvelle ligne G by Gien, la vie continue désormais de plus belle pour la faïencerie, mais l’innovation reste toujours clairement associée à l’histoire. En effet, ce concept de patrimoine historique est un argument essentiel pour la clientèle qui reste fidèle à cette marque ancrée dans la mémoire collective française.
E.S.