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Restaurants : ils réinventent la Folie Douce


Le seul nom suffit à séduire, la Folie Douce… un univers montagnard créé de toutes pièces par Luc Reversade, avec sa compagne et ses deux fils, Arthur et César Reversade, l’affaire est à 150 % familiale. La folie est celle qui règne dans les lieux qu’ils ont créé sur les pistes, où l’ambiance est au rendez-vous comme les bons petits plats.

Entreprendre - Restaurants : ils réinventent la Folie Douce

C’est dans la charmante station de Val d’Isère qu’est née la première Folie Douce, à 2 400 mètres d’altitude auprès des pistes. Luc Reversade y a testé son concept, l’a affiné pour finalement le décliner à plusieurs reprises dans les Alpes. L’entrepreneur était moniteur de ski lorsqu’il reprend avec sa mère, ancienne institutrice, un restaurant d’altitude qui existait depuis cinq ans.

C’était il y a quarante ans. Un endroit simple, de quoi se restaurer entre deux descentes de ski, sans même eau courante ou toilettes dans les débuts. Mais, l’ambiance club était déjà présente et l’après-ski festif est né rapidement. Cette caractéristique s’est rapidement transformée grâce à la volonté des propriétaires, pour aller vers un format cabaret en 2010, puis un spectacle de plus en plus abouti avec des tableaux variés pour un moment de fête et de détente.

DE L’APRÈS-SKI AU SPECTACLE PRO

Les « Folie Douce », ce sont de véritables spectacles créés sur les terrasses des restaurants, pour faire la fête et célébrer des moments de bonheur après tant d’efforts sportifs. Si Luc Reversade a eu cette idée, c’est aussi parce qu’il a eu un parcours diversifié. Issu de l’école hôtelière de Grenoble, il fut commis chez Paul Bocuse, raison pour laquelle la restauration reste un vrai sujet.

Il a aussi géré une discothèque dans les années 90 (en Charente où il est né). Une expérience qui a joué son rôle lorsqu’il se dit que l’ambiance de club en après-midi pourrait être un plus pour tous ces touristes qui ne demandent qu’à s’amuser et en ont les moyens. C’était il y a une quinzaine d’années, en 2007, le succès est immédiat et s’est poursuivi depuis lors en affinant l’idée au fil du temps. Les entrepreneurs ont réussi à créer un concept unique, qui a d’ailleurs attiré l’attention non seulement de nombreux artistes, mais également de nombreux concurrents.

UNE ORGANISATION AU TOP

Arthur et César, aujourd’hui directeurs généraux, ont été biberonnés à l’atmosphère de La Folie Douce dès leurs jeunes années. Arthur, l’aîné, rejoint ses parents dans l’affaire dès 2013 alors qu’il n’a que 21 ans. Il connaît déjà le monde, un collège américain, un lycée espagnol, deux ans d’études en hôtellerie en Chine, cela n’est pas donné à tout le monde. Mais les parents Reversade ont des idées claires sur l’éducation, et la découverte de nouveaux pays et nouvelles cultures en fait partie.

Son cadet le rejoint en 2019, à 25 ans, sa période collège américain l’avait finalement convaincu de rester en Amérique du Nord, au Canada, où il poursuivit ses études en gestion et pratique le snowboard en compétition. Tout est prêt pour conforter la success story. Luc décide de développer La Folie Douce sous d’autres cieux, Corinne gère le côté administratif, RH incluses, les frères sont responsables de l’exploitation des différents établissements.

UNE CONCURRENCE ACTIVE

Si la famille Reversade réfléchit à l’avenir, c’est parce que la nouvelle génération est présente, mais c’est aussi parce que la concurrence est très active, en particulier en montagne. De nouveaux groupes interviennent sur le secteur, français et étrangers, avec de gros moyens. Pour poursuivre sur sa lancée, La Folie Douce a choisi depuis déjà longtemps de monter en gamme.

Être au top en matière de restauration, de spectacles, de fêtes requiert le recrutement de grands noms de la cuisine, de DJ, de chorégraphes, etc. Le repas convivial s’accompagne du cabaret pour donner la place à l’atmosphère clubbing à partir de 15 h. La Folie Douce a aussi développé sa partie VIP avec des touristes étrangers très aisés qui apprécient cette atmosphère bien particulière.

QUID DE L’INTERNATIONAL ?

Diverses directions peuvent être envisagées par l’équipe dirigeante pour la poursuite de leur développement. Le premier pas est de décider si le concept développé pour La Folie Douce est absolument et définitivement montagnard, auquel cas, la prospection de nouveaux lieux s’oriente vers de nouvelles zones de montagne à l’étranger. À moins que le cœur du concept réside en réalité dans l’aspect restauration/clubbing/événementiel, auquel cas, la situation géographique importe peu à partir du moment où l’endroit est séduisant pour la clientèle ciblée.

UNE FORMULE AU TOP

Arthur Reversade a accepté d’échanger quelques mots sur le projet qui tient le plus à cœur à sa famille. Ce grand projet aura lieu en France… à Val d’Isère même. Il s’agit de rénover la première friche industrielle de haute montagne, celle de l’ancienne gare supérieure de télécabine de la Compagnie des Alpes, hors d’usage depuis trois ans d’une surface de 1 500 m2, auprès de La Folie Douce. Arthur Reversade : « Nous voulons créer un immense espace d’ateliers pour enfants, où les parents pourront aller à pied à partir de La Folie Douce pour les emmener ou aller les chercher.

Nous pensons également à un magasin de ski, les skieurs pourraient y changer un bâton de ski cassé, acheter des gants perdus, farter les skis, nous avons aussi d’autres idées… Ce projet anticipe un mouvement qui va pousser les activités vers le haut des stations de par le changement climatique et son impact sur l’enneigement. Cette idée est porteuse de sens pour notre PME familiale et porteuse d’emplois, notre vaisseau amiral de Val d’Isère passera de 180 à 250 collaborateurs en deux ans.

Les travaux sont prévus en deux tranches de six mois pour un investissement global d’une dizaine de millions d’euros. La Folie Douce est une marque française, nous avons à cœur en collaborant de renforcer l’attractivité des Alpes françaises, par rapport aux autrichiennes, suisses ou italiennes. Cela va au-delà d’un simple projet et de son éventuelle rentabilité financière, nous voulons construire le flagship de la première station européenne, l’Apple store des restaurants d’altitude à Val d’Isère même ! Nous sommes des entrepreneurs montagnards, notre vision est de devenir plus beau, plus novateur, de participer à notre manière à l’attractivité de la France et de nos Alpes ». C’est réussi !

Anne Florin

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