Par Tom Benoit, essayiste et directeur de la rédaction de Géostratégie magazine.
La famille de Bernard Arnault a fait part d’une aide aux Resto du Cœur s’élevant à 10 millions d’euros. L’association communiquait récemment à propos de difficultés budgétaires correspondant approximativement à un montant de 35 millions d’euros.
Il est clairement établi que la pauvreté ne représente ni un phénomène nouveau ni un mal typiquement français ; et plus largement, pas même une problématique spécifiquement occidentale. Elle est de tout temps et de tout lieu.
La richesse par habitant a effectivement considérablement baissé en France depuis les années 1980. En cause, un manque de discernement vis-à-vis des conséquences de certaines politiques monétaires régies par l’illusion, une vision socialiste de la nation, ou encore une dépréciation de l’incarnation républicaine.
Pour autant, ça n’est sûrement pas la prospérité de quelques géants dont les succès reposent sur des réussites familiales qui a causé la partielle régression de notre civilisation.
Je pense au contraire que l’essentiel de ce qui pourrait constituer le regain de l’hégémonie occidentale prend ses fondements sur la multiplicité de surpuissances privées.
Nous traitons dans le Géostratégie magazine en kiosque depuis quelques semaines, de l’avenir du dollar dans le système monétaire mondial. Après plusieurs expertises, notamment depuis les USA, où la “dollarisation” n’est pas encore un sujet majeur – faisant étonnement moins parler qu’en Europe –, je suis convaincu que l’exportation du faste et de l’innovation vers les pays du BRICS permettra plausiblement de prolonger la domination de l’Occident sur le reste du monde. Tesla, avec lequel Elon Musk a tout de même effectué le tour d’adresse de “réaméricaniser” le marché premium de l’automobile aux États-Unis, est l’incarnation type de ces nouveaux géants privés qui sont les moteurs de certains grands États.
LVMH est de la race de ces fleurons dont le leadership avantage la France pour que celle-ci puisse conserver sa place de démocratie libérale, plutôt qu’elle ne sombre en direction d’une nation paupérisée. Rappelons qu’il s’agit d’un groupe qui s’acquitte chaque année d’environ 5 milliards d’impôts sur les sociétés, dont près de la moitié en France. D’autre part, en moyenne sur ces dernières années, l’empreinte fiscale totale (IS + TVA + Charges sociales) de LVMH en France représente plus de 4,5 milliards d’euros par an.
Il convient donc de préciser que le don de la famille Arnault aux Resto du Coeur n’est pas le complément tacite d’une imposition qui serait trop faible, comme ce fut exprimé par une partie de la gauche. En outre, les équipes responsables des relations extérieures du groupe ont bien fait savoir que ce don ne bénéficiera pas de déductions d’impôts.
Quant à celles et ceux qui crient au coup de communication, que ceux-ci fassent preuve de bonne foi. Nul ne les invite à la prosternation face à Bernard Arnault. La situation est sans équivoque, le PDG de LVMH et sa famille ont fait un don pour répondre à l’urgence qui avait préalablement été exprimée par une association dont ils ont salué l’histoire et le caractère honorable de l’action. Ceci ne doit pas remettre en question l’idée même de la richesse – en sachant que le meilleur rempart contre la pauvreté, demeure encore le sens de la liberté ainsi que celui de la propriété ; comprenne qui voudra…
Tom Benoit