Vendredi 26 avril 2019, le groupe de protection sociale lyonnais APICIL a annoncé les résultats de ses entités. Comme il en est coutume, le mois d’avril a été consacré à la diffusion des résultats de ces assureurs pas comme les autres, les groupes de protection sociale.
Leur gouvernance est paritaire, mais ils se déploient dans un environnement où la concurrence entre acteurs fait rage, tant pour le contrôle des parts de marché que pour l’absorption d’entités concurrentes.
Le secteur a été particulièrement marqué l’an passé par la débâcle d’Humanis, géant du domaine, qui a annoncé une perte abyssale et s’est vu contraint par les partenaires sociaux d’être avalé par le groupe Malakoff-Médéric[1]. La fusion opérationnelle à pas forcé[2] n’a pas permis au nouveau groupe dit « MMH » de publier des résultats de manière ordonnée avec ses concurrents[3].
La première raison de la fragilité de certains de ces groupes tient au niveau de consolidation de leurs multiples entités – jusqu’à cinquante dans certains.
En matière de consolidation, arrêtons-nous sur le résultat du groupe AG2R La Mondiale Matmut. Avec ses 16 000 collaborateurs, 8 milliards de fonds propres, 18 millions d’assurés et 525 000 entreprises couvertes, le géant paritaire et mutualiste, qui se définit modestement comme « le groupe des terroirs et des territoires », annonce une année 2018 perçue comme « contrastée » par certains analystes.[4]
Parmi ceux-ci, d’aucuns décrivent Matmut comme le moteur des résultats du Groupe. AG2R LA MONDIALE présente pourtant un résultat net de 323 millions d’euros, contre 47 pour la mutuelle rouennaise. Pourquoi ces commentaires ? Il est surtout pertinent de soulever la question de l’application des normes IFRS[5] au nouveau géant de l’assurance de la personne et de ses biens, comme il se définit[6]. L’application de ces normes comptables favorise Matmut qui s’offre la chance de présenter un résultat positif.
D’après des sources expertes, le groupe aurait dû présenter un résultat négatif pour la partie relative à Matmut si celle-ci s’était vu appliquer les mêmes normes comptables que le groupe AG2R La Mondiale. Une audace à la mesure de celle de ses choix publicitaires, et un recours à une astuce comptable relativement incompréhensible à l’échelle du Groupe quand on constate qu’en matière de retraite complémentaire celui-ci parvient à ne dépenser que la moitié des 100 millions d’euros de frais de gestion permis par la trajectoire budgétaire imposée par les fédérations Agirc-Arrco.
La vraie leçon des résultats du Groupe s’attache davantage aux frais de gestion, avec un ratio global d’environ 113% (frais généraux / résultat technique et opérationnel). Le Groupe partage un défi commun, gagner en efficience. Un domaine dans lequel ni AG2R LA MONDIALE ni Matmut ne semblent en mesure de donner de leçons à l’autre.
Le Groupe devrait présenter à l’été
son projet industriel, espérons que les deux entités partageront l’objectif de
gagner en efficacité.
[1] https://www.argusdelassurance.com/acteurs/mutuelles-de-sante-ip/resultats-2017-humanis-en-difficulte-sur-l-assurance-de-personnes.129121
[2] https://www.argusdelassurance.com/les-assureurs/groupes-de-protection-sociale/malakoff-mederic-humanis-un-rapprochement-sous-tensions.144785
[3] https://www.argusdelassurance.com/les-assureurs/groupes-de-protection-sociale/resultats-2018-fortunes-diverses-pour-apicil.146625
[4] https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/performances-contrastees-pour-ag2r-la-mondiale-matmut-en-2018-1006384
[5] http://a2consulting.fr/actualites/ifrs-assurance-changements-par-michel-gaude/
[6] https://www.ag2rlamondiale.fr/nous-connaitre/notre-identite