Spécialisée dans la création, la fabrication et la distribution de matériaux composites souples, l’entreprise iséroise, devenue une référence, multiplie les investissements et innovations.
De la toiture du Stade de Lyon aux œuvres d’Anish Kapoor en passant par la façade d’un bâtiment du FBI, les matériaux composites souples de Serge Ferrari règnent en maître.
Présente dans 80 pays, avec 4 filiales (USA, Japon, Hong Kong, Brésil), 5 bureaux de représentation (Espagne, Turquie, Chine, Singapour, Dubaï) et un réseau de quelque 100 distributeurs, cette belle pépite rhônalpine familiale affiche fièrement ses 148,5 M€ de CA, dont 75% à l’international.
Belle histoire de famille
Cette belle réussite familiale commence pourtant sur un désaccord. «En 1970, mon père, Serge Ferrari, quitte le groupe familial spécialisé dans les textiles techniques pour créer son entreprise. Son projet est de développer sa propre technologie qui permettrait de concevoir des membranes composites d’une stabilité dimensionnelle et d’une pérennité jamais vues jusque-là», se souvient Sébastien Ferrari, 57 ans, président du groupe.
Après 3 années de développement, Serge Ferrari vend la maison familiale et rassemble ses économies personnelles pour démarrer l’activité de sa PME implantée à Saint-Jean-de-Soudain, dans l’Isère.
Entouré d’une petite équipe d’une dizaine de personnes, il se lance en pleine crise pétrolière, un mal pour un bien selon son fils. «Les difficultés économiques de l’époque ont donné de bonnes fondations à l’entreprise, qui a dû s’adapter rapidement et se montrer plus performante pour s’imposer face aux concurrents européens déjà en place».
Dès le début des années 80, la PME, qui se cantonnait alors aux produits de commodités, se spécialise sur les segments de niche. Une stratégie qui l’oblige à s’internationaliser.
3 nouveaux pays par an
Pour s’imposer sur ces niches, comme l’architecture ou la protection solaire de bateau, le groupe diversifie son activité, proposant des gammes le plus large possible pour «faire barrage à la concurrence.
En 1980, à mon arrivée dans l’entreprise, nous avons décidé de nous implanter chaque année dans 3 nouveaux pays, en sachant que chacun serait déficitaire pendant 3 à 5 ans. Un travail laborieux puisque nous devons faire homologuer les matériaux aux normes locales, les modifier le cas échéant, convaincre les architectes et bureaux d’études… et vendre !». Mais aussi laborieuse soit-elle, cette stratégie s’avère payante.
«Aujourd’hui, nous sommes présents dans 80 pays avec 4 filiales, 5 bureaux de représentation et une centaine de distributeurs», se réjouit Sébastien Ferrari.
Pour autant, si l’export demeure un axe de développement important, pas question de s’ouvrir à de nouveaux marchés. «Aujourd’hui, notre priorité n’est plus de nous implanter dans de nouveaux pays mais de gagner en part de marché dans ceux où nous sommes déjà présents. L’export représente 75% de notre CA, mais seulement 25% hors Europe. Notre objectif est donc clairement de développer le grand export».
Une volonté qui sera fortement visible à Rio, où l’entreprise a équipé 7 infrastructures pour les jeux Olympiques et Paralympiques qui se dérouleront respectivement en août et septembre 2016. Si le savoir-faire de l’entreprise reste la clé du succès, Sébastien Ferrari affiche aussi sa confiance en ses forces de vente.
Le P-DG s’est d’ailleurs lancé dans une vague d’embauches pour suivre la forte croissance du groupe. «De 107 en 2014, nous devrions atteindre 160 commerciaux d’ici la fin de l’année», se félicite celui qui compte bien faire passer le CA de 148,5 à 215 M€ dès 2018.
L’innovation, le nerf de la guerre
Pour relever ce défi, le chef d’entreprise compte également sur sa politique d’innovation, «l’une des clés de notre réussite !». L’une des dernières innovations du groupe porte sur un secteur, l’aquaculture, où on ne l’attendait pas, avec la création d’une nouvelle membrane à la fois résistante, lisse et recouverte d’une substance anti-encrassement non toxique pour le bureau d’étude norvégien Ecomerden.
Cette membrane habille aujourd’hui les parois d’une cage sous-marine (l’EcoCage) destinée à l’aquaculture. Dans un autre domaine, le groupe vient de lancer le Stamskin One, une membrane combinant prouesses techniques et toucher cuir qui devrait révolutionner le mobilier outdoor.
«Chaque année, nous consacrons 5% du CA à la R&D. Ainsi, nous avons fait le choix de l’intégration verticale du process de fabrication, notamment au niveau des outils de production. Nous sommes également la seule entreprise du secteur à savoir recycler ses produits, via notre filiale Texyloop, basée en Italie. C’est un avantage concurrentiel supplémentaire. Cette capacité à recycler a d’ailleurs été déterminante dans le choix des organisateurs des JO de Londres puisque 80% des structures étaient éphémères, mais aussi pour ceux du Grand Stade de Lyon», assure l’homme d’affaires qui a signé il y a quelques mois un partenariat avec le CEA Tech, le pôle technologique du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives.
Conclue pour 5 ans, cette collaboration porte sur la conception et le développement de solutions innovantes optimisées sur la base de technologies développées par le CEA Tech, notamment dans les domaines des matériaux connectés, instrumentés et communicants.
Entrée en Bourse
Profitant d’un environnement mondial dynamique sur ce secteur d’activité, estimé à 3,1 Mds€, le groupe familial a choisi de s’introduire sur Euronext Paris en octobre 2014.
«Il y a 2 ans, nous nous sommes retrouvés face à un vrai dilemme, nous avions les produits et les marchés mais il nous manquait un élément essentiel : les moyens financiers». Cette introduction en Bourse a permis de lever 43 M€. «Pour la petite histoire, 200 de nos 638 salariés sont devenus actionnaires». Une stratégie de conquête exemplaire !