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TV : pourquoi les séries françaises cartonnent


Les téléfilms et séries tricolores enregistrent de belles performances. En 2016, sur les 37 meilleures audiences de l'année en fiction, 35 sont françaises ! Et mieux encore, elles s'exportent.

Entreprendre - TV : pourquoi les séries françaises cartonnent

Les téléfilms et séries tricolores enregistrent de belles performances. En 2016, sur les 37 meilleures audiences de l’année en fiction, 35 sont françaises ! Et mieux encore, elles s’exportent.

Face à l’hégémonie des Américains, les séries, et plus globalement les productions françaises, ont peu à peu réussi à tirer leur épingle du jeu. Mieux, elles s’exportent aux quatre coins du monde ! Mathieu Béjot, délégué général de TV France International, parle même de record historique.

«Selon les chiffres du CNC [Centre national du cinéma et de l’image animée, NDLR], en 2015, les ventes de programmes audiovisuels français à l’étranger ont progressé pour la 6ème année consécutive de 6,8% pour atteindre 164,2 M€, soit le plus haut niveau jamais observé, et connaissent une progression de 42,8% sur 10 ans».

Changement de genre

Paradoxalement, ces performances s’expliquent à travers l’industrie du cinéma américain. «Aux États-Unis, ceux qui ont pris le pouvoir sont des gestionnaires, des personnes qui viennent du marketing, et ont décidé de faire du cinéma à suite, à licence, un cinéma qui s’adresse prioritairement aux enfants, aux adolescents.

Pour voir un divertissement avec  des personnages complexes, les Américains ont dû se tourner vers les séries de HBO, Netflix… Peu à peu, le divertissement audiovisuel et la créativité pour adultes sont donc devenus l’affaire de la télévision», explique Thomas Bourguignon, producteur et DG de Kwai. En arrivant sur le petit écran français, ces séries US ont changé la donne du paysage audiovisuel national.

«En 2001, quand TF1 a commencé à diffuser Les Experts à 20h50, les séries françaises qui passaient en prime time comme Julie Lescautou Les Cordiers se sont pris une sacrée claque. Il y a eu un vrai French bashing sur la série française, qui a pris 50 ans en une soirée ! Les séries françaises ont alors connu un purgatoire terrible». Cette baisse d’audience a forcé les chaînes à revoir leur ligne éditoriale.

«Les talents étaient là, mais bridés. Les diffuseurs ont finalement accepté de prendre des risques, de revenir au format de 52 minutes, un format plus moderne, plus dynamique, les créatifs se sont libérés, les programmes sont devenus plus attirants pour le public mais aussi les acteurs du cinéma, les réalisateurs, les scénaristes. Un cercle vertueux : plus les fictions tricolores sont intéressantes, plus elles attirent les talents».

Montée en puissance

Nouveau format, budget plus élevé, diversification des genres, têtes d’affiche… en 10 ans, la production de séries mais aussi d’unitaires a bousculé ses codes, au point de faire un beau pied de nez aux Américains. «Pour la 1ère fois depuis 2009, l’offre de fiction française dépasse l’offre de fiction américaine. La fiction française occupe 39,4% des soirées dédiées à la fiction, contre 60,6% pour la fiction étrangère, dont 38,2% pour la fiction américaine, 19,1% pour la fiction européenne non française et 3,4% pour la fiction étrangère d’autres nationalités», détaille Mathieu Béjot.

Outre ce passage en force des fictions sur la 1ère place du podium, les productions audiovisuelles françaises ne se sont jamais aussi bien exportées.

«Selon les dernières études, les ventes de programmes audiovisuels français à l’étranger atteignent près de 165 M€, un record. Cette hausse s’appuie sur la progression des principaux genres de programmes. En effet, les ventes d’animation renouent avec la croissance et sont en progression de 12,4%, atteignant 50,6 M€, une progression constante depuis 2008 avec 30,7 M€, soit +64,8% en 8 ans, malgré une légère baisse en 2014. Les programmes de fiction et de documentaire sont en hausse de plus de 6%. Dans le même temps, les ventes de programme info/divers progressent de 11,2%». Preuve que le savoir-faire hexagonal est désormais reconnu.

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