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Sochaux, Sedan : les atermoiements de la FFF vont-ils condamner deux clubs historiques du football français ?


La sanction est tombée, presqu’imparable, et elle condamne deux poids lourds du football français, deux clubs historiques, sans que l’on sache très précisément ce qui leur est reproché. Et c’est ce qui pose problème. Un clair-obscur sur des décisions sans appel et sans transparence qui jette un discrédit sur la...

Guy Cotret, le banquier d’affaire qui porte le projet de reprise du club de Sedan (Le quotidien du Sport)

La sanction est tombée, presqu’imparable, et elle condamne deux poids lourds du football français, deux clubs historiques, sans que l’on sache très précisément ce qui leur est reproché. Et c’est ce qui pose problème. Un clair-obscur sur des décisions sans appel et sans transparence qui jette un discrédit sur la communauté du football tout entier.

Philippe Diallo, le président de la Fédération Française de Football, serait bien inspiré de s’emparer rapidement de ce dossier et d’exiger à tout le moins une transparence et une motivation précise sur ces décisions qui engagent la vie même des clubs en question.

Dans le cas du FC Sochaux-Montbéliard, club patrimonial du Grand-Est, rappelons que 150 salariés sont également concernés. Le club doubiste, victime d’une gestion calamiteuse de la part de son propriétaire chinois Nenking, aurait pu et dû continuer sa route en Ligue 2. La situation avait même ému l’Elysée qui avait fait savoir son intérêt pour qu’une solution soit rapidement trouvée. L’arrière-petit-fils du fondateur du FC Sochaux, le financier Romain Peugeot, 33 ans, s’est même opportunément décidé à sauver le club.

En quelques jours, il a réussi à mobiliser 8 millions d’euros pour pouvoir lui conserver sa place en Ligue 2. Il fallait 12 millions au FCSM pour pouvoir passer le barrage de la DNCF. Le calendrier était serré. Romain Peugeot avait trouvé la solution in extremis. Il proposait au groupe chinois de réinvestir 4 millions. On croyait le club doubiste sauvé; il n’en fut rien. Romain Peugeot déclare dans L’Equipe sa déception et sa surprise que « la conciliatrice du CNOSF refuse d’étudier les éléments financiers nouveaux qu’on lui présentait » (sic). Une catastrophe pour le club, la région, et les supporters. Sans parler des dégâts sociaux.

À Sedan, dans les Ardennes, le CSSA, et son flambant stade Louis Dugauguez de 21 000 places, avait gagné également le droit de conserver sa place au plan sportif dans le championnat de National (3e division). Mais là, c’est le déficit du club qui posait problème: près de 18 millions d’euros. Presqu’un gouffre malgré les efforts d’un chef d’entreprise local valeureux, Marc Dubois, président du groupe médical Aplus, qui avait recapitalisé le club sur quelques années de plusieurs millions d’euros (15 ?) sur ses fonds propres.

Et c’est tout à son honneur d’autant qu’il acceptait, pour sauver l’institution, de le céder aux repreneurs afin qu’ils puissent réinvestir sur l’avenir. Avec un plan de reprise actionné par le banquier Guy Cotret, ex-dirigeant de la Caisse d‘Épargne et fin connaisseur du monde du football (ancien président de l’AJ Auxerre); on ne pouvait trouver mieux d’autant qu’il a des attaches ardennaises.

Son plan de relance du CS Sedan-Ardennes, soutenu activement par le maire Didier Herbillon, réunissait un beau parterre de chefs d’entreprises (Gérard Lopez, actuel président des Girondins de Bordeaux, l’agent de joueurs Philippe Nabé, le patron de presse d’Entreprendre Robert Lafont, des experts-comptables…) et fut adoubé par la DNCG. On croyait le club sauvé jusqu’à ce que le Comité Exécutif de la FFF décide à la surprise générale de ne pas le valider. Dans Le Quotidien du Sport, Guy Cotret s’est dit « abasourdi et scandalisé. » Les mots sont forts.

Plusieurs questions se posent. Qui prend ce type de décisions? Sur quels critères et quelles justifications? Il n’y a aucune transparence. Ce sont pourtant des jugements graves et importants qui mettent en cause des salariés, des joueurs, des supporters, et des investisseurs voire une population toute entière (celle du Doubs ou des Ardennes) sans que l’on ne sache rien. Madame la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra et à tout le moins le président de la FFF, Philippe Diallo, se doivent de fournir des explications. Il y va aussi de la crédibilité de l’ensemble du football professionnel français. À suivre.

Henry Marin

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