Depuis la Savoie, Somfy a conquis le monde ! Le groupe basé à Cluses (Haute-Savoie), racheté en 1984 par la famille des fondateurs de Damart, s’est adapté aux évolutions de son marché, celui de l’automatisation des ouvertures et fermetures de la maison.
2016 marque une année charnière dans son histoire, avec l’arrivée à sa tête de Jean-Guillaume Despature, 38 ans, membre de la famille propriétaire, et le dépassement du cap des 1 Md€ de CA… au moment même où les objets connectés envahissent la maison. Une aubaine !
L’esprit pionnier
En 1969, le marché de la motorisation domestique reste à inventer. Pour Somfy (Société d’outillage et de mécanique de Faucigny), petite filiale du groupe Carpano et Pons fondée au XIXème siècle dans la vallée de l’Arve (Haute-Savoie), le rôle de fournisseur pour l’industrie de la mécanique de précision ne suffit plus à remplir le carnet de commandes.
Son directeur de l’époque, Philippe Zoellner, se lance donc dans la recherche d’un domaine d’activité où Somfy pourrait fabriquer et commercialiser des produits finis. Au même moment, un fabricant lyonnais de stores et volets roulants a l’idée de motoriser ses produits. De leur rencontre naissent les premiers moteurs pour stores et volets roulants.
Confiant en sa découverte, le groupe crée une filiale Somfy en Allemagne puis en Suède pour développer à l’international sa production de motorisations. «C’était comme se jeter dans le vide avec un parachute, sans savoir s’il allait s’ouvrir», se souvient Rolf Sjöström, responsable du développement à l’étranger dans les années 70.
L’activité démarre bien mais reste fragile. «Le développement de Somfy était alors à 2 chiffres chaque année !», raconte Louis Mathieu, directeur de la structure France Export, qui a créé 4 filiales entre 1977 et 1979. Mais c’est avec le développement de l’innovation et de nouveaux services que la petite PME décolle réellement.
D’ETI à groupe mondial
En 1984, Somfy change de mains, Damart, créé en 1953 par Paul Despature, devenant actionnaire majoritaire. Paul-Georges Despature, fils du fondateur, cherche alors une entreprise à fort potentiel et voit en cette petite affaire en perte de vitesse (les moteurs perdent leur homologation, 2 filiales sur 3 sont en difficulté) une belle opportunité.
Pendant 10 ans, le nouvel actionnaire réinvestit tous les bénéfices dans la R&D, en développement commercial et en prise de participations dans d’autres entreprises. Le plan à long terme est si simple qu’il fonctionne à la perfection : mise au point de nouveaux produits homologués, développement à l’international et relance de l’outil de production avec la création d’une nouvelle usine à La Garette (Cluses) en 1986.
La marque se fait alors connaître du grand public grâce à une campagne télévisée et au déploiement d’un réseau d’installateurs experts, véritables ambassadeurs de Somfy qui, en 1989, compte déjà 12 filiales et réalise 70% de son CA à l’export.
Au cours des années 90, l’entreprise s’agrandit avec la création de 16 nouvelles filiales et une nette ouverture vers les pays de l’Est, suivant de près la chute du mur de Berlin. Le lancement de la gamme HiPro, des moteurs qui combinent la fiabilité avec l’optimisation de coûts de production, marque un nouveau tournant, permettant à Somfy de reprendre des parts de marché.
Une partie importante de la croissance provient également d’acquisitions, une dizaine en 10 ans, soit 1 par an, à l’image de SIMU, son principal concurrent français, racheté au début des années 90. Entre 1984 et 2000, le CA est multiplié par 15 pour 2.000 collaborateurs.
De nouveaux défis technologiques
Après son entrée en Bourse en 2002, Somfy poursuit sa politique d’innovation et de conquête de marchés à l’international. Désormais, elle couvre trois domaines d’activité : stores et volets roulants, portails et portes de garage, tertiaire et stores d’intérieur.
Toujours pionnière, elle lance de nouveaux protocoles de communication pour ses automatismes commandés sans fil et ouvre les portes de la domotique domestique, un marché aujourd’hui convoité par les géants américains comme Google ou Apple.
Le défi de la maison connectée vient ainsi d’être confié à Jean-Guillaume Despature, nommé à la présidence du directoire en mars dernier. C’est lui qui a piloté avec brio la création de Somfy Chine entre 2010 et 2013 grâce à une joint-venture avec le leader chinois Dooya. «Avec l’impact des objets connectés, notre industrie est en pleine mutation et Somfy a tous les atouts pour y jouer un rôle déterminant», commente le nouveau dirigeant.
«Je mettrai toute mon énergie et mes compétences pour mettre en œuvre les nécessaires adaptations de Somfy à ces nouveaux défis. Pour entamer cette nouvelle phase du développement, je sais pouvoir m’appuyer sur l’esprit d’initiative et de performance de toutes les équipes de l’entreprise».
Il faut dire que le challenge est de taille : Somfy doit consolider son avance sur ses marchés historiques (motorisations et automatismes) tout en anticipant les mutations qu’implique l’avènement de la maison connectée. Avec plus de 1 Md€ de CA en 2015 et une progression de 10,6% du résultat opérationnel courant à 166 M€, le groupe bénéficie d’une bonne marge de manœuvre pour investir dans ces nouveaux projets.