Faut-il encore investir sur le marché chinois compte tenu des problèmes auxquels le pays doit faire face ?
Soumia Malinbaum : La Chine rencontre en effet des problèmes structurels liés à la fois à une crise immobilière grave, un taux de chômage élevé des jeunes, une déflation, mais aussi des conflits géopolitiques accentués par une relation tendue avec les États-Unis. Une situation qui l’a amenée à revoir à la baisse ses perspectives de croissance.
Pour autant, je crois que la Chine a la volonté et les moyens de rebondir rapidement en s’appuyant notamment sur les secteurs phares de son économie que sont le numérique et les nouvelles technologies.
Où en sont les relations économiques et commerciales entre la France et la Chine ?
Si l’on doit voir un côté positif aux problèmes économiques qui peuvent survenir entre deux pays, c’est l’occasion d’une réflexion commune de repartir sur de nouvelles bases. Selon la CCI France Chine, la France est le premier investisseur européen en Chine en termes de nombre d’entreprises, avec près de 2 100 filiales employant 307 400 personnes.
Il y a une volonté commune pour nos deux pays de s’inscrire dans de nouvelles relations en s’engageant à accorder des conditions de concurrence équitable et non discriminatoires aux entreprises, notamment dans les domaines des cosmétiques, des produits agricoles, de la finance, mais également de la santé…
Comment se portent les entreprises françaises implantées en Chine ?
Bien que les entreprises françaises doivent faire face à différents défis, la plupart restent relativement optimistes quant à leur évolution en Chine. Si nous prenons l’exemple de L’Oréal, fleuron de notre économie française implanté sur le marché chinois depuis 1997, force est de constater que l’entreprise est aujourd’hui leader du marché cosmétique chinois et le 2ème marché mondial du groupe avec 15 000 collaborateurs et 31 marques présentes.
L’Oréal continue d’ailleurs d’investir en Chine avec la construction cette année de sa 1ère centrale de distribution intelligente afin de permettre le pilotage de la livraison de colis pour ses ventes en ligne. Autre exemple dans le secteur des spiritueux, la Maison Camus, qui reste l’une des plus prestigieuses maisons de cognac au succès planétaire, s’est taillée une place de choix dans ce grand pays, la Chine étant un marché porteur notamment pour les cognacs onéreux.
Quelles sont, selon vous, les opportunités futures pour les entreprises françaises souhaitant aller en Chine ?
On profile une tendance ces derniers mois des ménages chinois qui vont consommer moins mais mieux. Prenons l’exemple des entreprises franciliennes, un grand nombre sont spécialisées dans l’art de vivre à la française, c’est exactement ce que la classe moyenne chinoise recherche, à savoir : un savoir-faire et de la qualité. Nos sociétés présentent donc un atout indéniable sur le marché.
Il est néanmoins primordial d’être accompagné. À la CCI de la région Paris Ile-de-France, le Comité d’Échanges Franco-Chinois en lien avec la Team France Export, s’engage au quotidien dans la sensibilisation et la formation afin de fournir aux sociétés les clés pour saisir les meilleures opportunités en Chine.
Propos recueillis par Karine Lions