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Sport en entreprise : le bien-être des collaborateurs est devenu un moteur majeur de l’engagement au travail


Par André Lenquette Directeur Général associé de SPART et Président du Think Tank Ad Corpus Sanum. Grande démission, absentéisme, burn-out… L’engagement et la santé des collaborateurs ont pris un sérieux coup dans l’aile ces dernières années. Quelques jours avant la semaine pour la Qualité de Vie et des Conditions de...

Man tying jogging shoes.He is running outdoors on a sunny day.

Par André Lenquette Directeur Général associé de SPART et Président du Think Tank Ad Corpus Sanum.

Grande démission, absentéisme, burn-out… L’engagement et la santé des collaborateurs ont pris un sérieux coup dans l’aile ces dernières années. Quelques jours avant la semaine pour la Qualité de Vie et des Conditions de Travail, amorcée ce lundi 19 juin, la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a annoncé un plan national pour accélérer sur le sport en entreprise. Et si ce sujet, actuellement à la traîne, était en réalité une clé pour recréer l’engagement perdu de collaborateurs en quête de sens ?

Expérience collaborateur. Deux mots qui concentrent aujourd’hui les principaux enjeux des chefs d’entreprise en matière de ressources humaines.

Les profonds bouleversements du monde du travail, en partie liés à la pandémie et la pénurie de talents dans certains secteurs, ont inversé le rapport de force entre employeurs et employés. Désormais, il n’est plus seulement question de rémunération, de primes ou de plan de carrière, mais bien de qualité de vie au travail, résumée par l’acronyme QVCT – Qualité de vie et des conditions de travail, pour décider de conserver son poste actuel ou de rechercher un nouvel emploi.

Désorientés par un monde en proie à de multiples crises, les collaborateurs cherchent à (re)donner du sens à leur engagement dans le travail. Alors que leur lieu de travail se transforme avec le numérique, ils aspirent notamment à respecter un équilibre entre leur vie personnelle et professionnelle, une notion particulièrement renforcée depuis que nous avons presque tous goûté aux avantages du télétravail.

Finalement, les changements ont été tels dans nos vies ces dernières années que les capacités de résilience de chacun ont été mises à rude épreuve. Et ce n’est probablement pas fini, car si les entreprises US ont commencé à battre le rappel d’un retour au bureau, la résistance est particulièrement forte dans notre pays. Le monde du travail poursuit donc sa mue, et les problématiques de bien-être au travail ou de santé mentale qui en découlent occupent une place de plus en plus prépondérante dans le dialogue social.

Sport en entreprise : il y a encore du boulot…

Les chefs d’entreprise reconnaissent les enjeux et les effets positifs du sport en entreprise, notamment en matière de santé physique et mentale pour leurs collaborateurs (gestion du stress, réduction des troubles musculo squelettiques et des troubles cardiovasculaires…), mais aussi de cohésion d’équipe, de productivité, d’engagement et donc de retombées économiques. Pourtant, les programmes intégrant la pratique d’une activité physique et sportive (APS) peinent, dans les faits, à se mettre en place au sein des organisations en France.

Selon une enquête du Medef, seuls 13% des dirigeants d’entreprise ont pris des mesures pour permettre à leurs collaborateurs de pratiquer une activité physique ou sportive. Et la situation est encore pire dans les PME et TPE, qui représentent plus de 95% du tissu économique français. Les principaux freins sont d’abord logistiques – manque de ressources pour animer les programmes, mais aussi manque d’accompagnement ou méconnaissance des dispositifs, cadres juridiques et fiscaux pouvant aider les entreprises dans cette démarche.

Certains préjugés persistent également. Pratiquer une activité physique en entreprise n’est pas réservé aux sportifs ! Pour démocratiser le sport en entreprise, on préfère désormais parler d’APS, pour évoquer une offre dont l’objectif est d’améliorer la santé et le bien-être des collaborateurs, sans nécessairement rappeler la dimension de compétition entre collaborateurs, et donc sans attente de performance.

Pouvoirs en action

Ce constat rappelle la nécessité de renforcer la communication et surtout d’accompagner les chefs d’entreprise pour les aider à passer à l’action. Ainsi, à l’approche des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le Ministère des Sports a réuni le 12 juin dernier les acteurs du sport, du secteur privé et de la fonction publique, pour définir et porter un plan d’accélération de la pratique sportive en milieu professionnel, avec notamment, à compter du 1er juillet prochain, le lancement d’un challenge « Faites vos jeux en Entreprise », piloté entre autres par le Medef et la Fédération Française du Sport en Entreprise.

Objectif du dispositif : atteindre au moins 24 % d’organisations proposant un programme d’activité physique et sportive à leurs collaborateurs en 2024, à la fois dans le secteur privé et les administrations. Alors que le lien social a subi une érosion, la France se prépare à accueillir l’un des plus grands événements sportifs mondiaux, nous sommes donc à un moment clé où plus que jamais, la promotion d’une pratique du sport inclusive, qui n’aggrave pas les inégalités et embarque les publics les plus éloignés de la pratique, est essentielle.

S’il n’est pas l’unique clé pour permettre de réengager leurs troupes, le bien-être en entreprise doit impérativement remonter dans les priorités des dirigeants et l’expérience collaborateur devenir un pilier centrale des stratégies de RSE. En temps de crise et de profonds changements, travailler sur l’engagement des collaborateurs est indispensable pour ne pas impacter les performances des organisations. Alors, on s’y met ? 

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