Mais l’essor de ces start-ups ne doit pas faire oublier un point clé : en France, l’État et les collectivités publiques représentent près de 60 % du PIB national, et les dépenses consenties par le secteur public ont de ce simple fait une incidence majeure sur l’ensemble de l’écosystème. Ajoutons que les commandes publiques et le soutien de l’État restent d’une importance déterminante dans l’équilibre de bien des entreprises. Mais l’importance de l’État pour la question de la transformation digitale ne tient pas qu’à son seul poids économique, et la législation est un facteur essentiel.
L’importance du cadre réglementaire et légal
De par l’importance prise par l’utilisation des outils informatiques à tous les niveaux de la société, le digital est directement ou indirectement à la source d’une importante législation, qui est autant la résultante des effets de la technologie que de leurs conséquences sociétales – et on pourra penser que le numérique a singulièrement influencé « l’envie de pénal » évoquée par Philippe Muray.
La législation, d’origine européenne ou strictement française, encadrant les usages du numérique, généraux comme la RGPD ou le droit à la déconnexion, ou plus spécifiques comme les DSP1 et 2 pour le secteur de la monétique, ne sont donc que le reflet de la multitude des applications de cet outil. Les entreprises se doivent évidemment de tenir compte de ce cadre normatif, en sélectionnant des outils en conformité par exemple.
Mais si le droit peut être contraignant, bien des dispositions des différents règlements comportent d’importantes clauses incitatives, que les entreprises peuvent utiliser à bon escient. Ces aspects incitatifs illustrent par ailleurs un autre rôle que peut tenir l’État : celui de stratège.
L’impulsion étatique : quel impact pour la transformation numérique ?
Depuis Colbert – a minima -, l’impulsion donnée par l’État est centrale dans le développement de l’économie. Ainsi, la politique industrielle de la France sous De Gaulle puis Pompidou a été d’une importance cruciale pour faire émerger des filières entières, comme celle du nucléaire. Aujourd’hui, l’État investit pour le développement de l’hydrogène.
Perçu comme un élément clé pour réussir la transition énergétique et comme vecteur de croissance économique, le numérique fait l’objet d’une attention particulière. Si l’investissement de l’État dans le secteur est surtout perceptible par le soutien de start-ups (et Business France est à ce titre un outil très performant) ou l’aide à la création de filières de formation dédiées, on ne peut exclure à terme le retour d’une posture plus volontariste de sa part.
Alice Drout