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Talentsoft, star des solutions RH


La société basée à Boulogne-Billancourt poursuit son développement et réalise plus de 50% de croissance en 2016. Retour sur une success story debutée il y a dix ans, grâce à la rencontre de trois associés.  

Entreprendre - Talentsoft, star des solutions RH

La société basée à Boulogne-Billancourt poursuit son développement et réalise plus de 50% de croissance en 2016. Retour sur une success story debutée il y a dix ans, grâce à la rencontre de trois associés.
 

C’est une intuition qui réunit Jean-Stéphane Arcis, Alexandre Pachulski et Joël Bentolila autour d’un projet commun en 2007. L’intime conviction que les logiciels d’entreprises, qui fonctionnent très bien en marketing dans la gestion de la relation client, vont submerger le monde des ressources humaines en s’appliquant aux collaborateurs.

Une raison qui pousse le trio à lancer Talentsoft, éditeur d’une solution d’applications Cloud de gestion des talents en SaaS (software as a service).

Autrement dit, un logiciel qui accompagne les DRH dans leur démarche emplois et compétences, et qui couvre tous les processus de gestion des talents, de l’acquisition à la planification.

«Talentsoft gère le capital humain en enregistrant sur une base de données les interactions avec chaque collaborateur : entretien d’évaluations, augmentations, formations… On lui présente des propositions en accord avec ses aspirations, mais aussi avec les priorités de l’entreprise», explique Jean-Stéphane Arcis, DG de l’ex-start-up, qui n’a pas hésité à quitter une carrière confortable pour entreprendre à l’aube de ses 45 ans.

Le succès de Talentsoft,52 M€ de CA au compteur, repose en grande partie sur l’expérience de ses cofondateurs, âgés de 54 et 44 ans, entrepreneurs de deuxième partie de carrière. Diplômé d’ESCP et de l’Insead, Jean-Stéphane Arcis a été responsable Europe chez Oracle et Siebel, tandis qu’Alexandre Pachulski, le cadet du trio, a fait ses armes auprès de Coca et Apple avec sa propre société de conseils RH.

Enfin, Joël Bentolila a œuvré comme ingénieur en chef chez Computer Associates. À eux trois, ils se complètent et assurent la partie stratégique et financière de Talentsoft, amène la vision produit, les compétences techniques et le management des développeurs nécessaires à la R&D.

«Nous avons les piliers indispensables dans le secteur des nouvelles technologies. Du coup, nous n’avons pas eu à recruter quelqu’un de l’extérieur pour nous compléter. Cela facilite l’arbitrage, c’est un ingrédient important de la genèse réussie d’une start-up», commente le DG. «Notre expérience passée nous permet d’être plus performants, de bien recruter et former nos collaborateurs. Avoir commis des erreurs chez d’autres permet de les éviter chez soi».

 

Partir au bon moment

Il y a une décennie, Talentsoft a saisi le timing parfait pour se lancer avec le modèle SaaS, qui offre de belles opportunités côté start-up et côté client.

Pour ce dernier, il permet d’être abonné à un service et non de faire l’acquisition du logiciel. Ainsi, l’accès à la solution est toujours la dernière version (plus besoin de mettre à jour les logiciels), et elle est personnalisée pour prendre en compte les spécificités de chaque entreprise.

Pour la pépite, plus besoin de maintenir une solution par client, tous se connectant sur le même logiciel. Le SaaS permet ainsi de se concentrer sur une seule version, un seul code… et l’améliorer. De quoi diviser le nombre de personnes dédiées à la R&D par deux.

«Avant, pour grandir, les éditeurs devaient avoir une R&D pléthorique qui passait son temps à maintenir et développer une solution spécifique par client. Aujourd’hui, avec une R&D de 100 développeurs, on fait le travail que l’on faisait avec 300 voir 500 personnes. Grâce au SaaS, il est possible d’impacter le marché international en termes d’innovation, avec seulement une poignée de collaborateurs», souligne Jean-Stéphane Arcis.

Ainsi, l’entreprise des Hauts-de-Seine comptabilise 1.500 clients pour 8 millions d’utilisateurs répartis dans 130 pays, soit 40% de clients hors France. Un développement rendu possible grâce à une levée de fonds de 25 M€ auprès de Goldman Sachs en 2015, qui permet aux Français de poursuivre leur croissance en adressant tous les pays d’Europe, ainsi que le Canada, Singapour et le Brésil.

Pour le trio d’associés, l’histoire qui s’écrit est de dépasser les 100 M€ de CA avant 2020, ce qui serait une première pour un logiciel SaaS dédié en Europe où Talentsoft est numéro 1.

«Le marché des grandes entreprises européennes avait besoin d’un acteur de référence, qui innove régulièrement et comprend les spécificités des grandes organisations européennes. Nous sommes dans une position unique au niveau ratio taille critique/besoin des groupes européens, face à des concurrents américains comme Oracle», analyse le souriant quinqua.

Si Talentsoft grossit à vue d’œil, passant le cap des 600 salariés en moins de deux ans, sa stratégie de développement n’en reste pas moins cohérente : avancer avec l’idée d’une plate-forme qui place le collaborateur au centre, avoir une suite de modules pour répondre aux besoins liés au capital humain afin que l’entreprise puisse mieux attirer ses talents, les certifier, les développer et les connaître.

Toujours à l’affût

En début d’année, pour ajouter une corde à son arc, Talentsoft a fusionné avec e-doceo, acteur de l’e-learning. Une nouvelle identité qui permet à l’entreprise de s’inscrire comme un des leaders mondiaux de l’apprentissage en ligne.

«Avec la digitalisation de l’économie et la transformation des métiers, la formation est un enjeu clé pour les entreprises et doit faire partie intégrante de la gestion des talents. Nous souhaitons offrir aux collaborateurs la capacité de développer leurs compétences en continu, ainsi que de créer et partager eux-mêmes leurs contenus de formation», analyse Jean-Stéphane Arcis.

Talentsoft Learning compte déjà des dizaines de clients comme Armatis, Celio, Française des Jeux, MACSF, Monoprix, Solocal, Spie… et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Profitant de sa bonne santé financière, l’ETI souhaite poursuivre sa croissance de 30%, ambitionne de faire grimper ses revenus hors France autour de 55% et ne se ferme aucune porte. Acquisition ou démarrage d’un pays très concurrentiel comme les États-Unis, le trio toujours à l’affût envisage 2018 comme une année d’étude avant «de passer à l’action dès 2019».

«Nous avons toujours voulu être le poil à gratter des grands éditeurs américains et montrer qu’il n’y a pas de malédiction du logiciel en France ou en Europe. C’est toujours un de nos moteurs. On veut rester une marque forte sur les vingt prochaines années, pérenniser comme Dassault Systèmes à l’époque. On pense long terme», commente le DG.

En dix ans, la start-up est devenue une ETI et une sérieuse candidate au statut convoité de licorne. Au delà des chiffres et du buzz, les trois amis regardent attentivement l’évolution de la société, notamment «les plafonds de verre qui explosent. Quand j’ai démarré, on m’a dit que pour faire du logiciel dans les entreprises en France, le plafond de verre était à 5 M€ de CA.

Ce n’est plus le cas. Je vois l’engouement autour du statut de licorne comme une contribution à faire évoluer la société française vers plus d’ambition et d’innovation». Pas de doute, dans la galerie des acteurs français de l’économie numérique, Talentsoft est bien une pépite.

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