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TheraVectys : la vaccinologie de nouvelle génération

TheraVectys est une start-up française de biotechnologie, spécialisée dans le développement de vaccins fondés sur la technologie des vecteurs lentiviraux de transfert de gène. Cette

Entreprendre - TheraVectys : la vaccinologie de nouvelle génération

Cette plateforme permet d’adresser le champ des vaccins basés, non pas sur des anticorps, mais sur des réponses immunitaires cellulaires : les vaccins T-Cell. Une technologie qui révolutionne le monde des vaccins et permet d’asseoir davantage la légitimité de la France dans ce domaine à l’échelle internationale.

Rencontre avec Pierre Charneau, directeur scientifique de TheraVectys, et principal créateur de cette technologie.

Comment est née la start-up TheraVectys ?

TheraVectys est une société d’immunothérapie, spin off de l’Institut Pasteur. Elle est l’aboutissement de plusieurs années de recherche sur les vecteurs lentiviraux. J’ai pu la fonder en 2005 grâce aux fonds que j’avais reçu en tant que lauréat d’un Prix de l’Académie des

Sciences, pour mes travaux sur cette technologie. En 2017, nous avons créé avec l’Institut Pasteur, un laboratoire commun, une première dans l’histoire de l’Institut. Cette structure permet de rationaliser et de mutualiser l’effort de recherche en bénéficiant de l’environnement high-tech de l’Institut Pasteur et ainsi, accélérer nos développements pré-cliniques. Dès lors, j’ai pris la direction du laboratoire Commun, tout en restant directeur scientifique de TheraVectys.

Pouvez-vous nous expliquer sur quoi repose cette technologie innovante des vecteurs lentiviraux ?

La technologie des vecteurs lentiviraux, est aujourd’hui très largement utilisée, en particulier en thérapie génique et pour les cellules CAR-T à fonction cytotoxique et génétiquement modifiées pour attaquer les cellules tumorales de certaines leucémies. Plus de 140 essais cliniques ont déjà été réalisés sur ces thérapies à base de vecteurs lentiviraux. Au niveau de TheraVectys et de l’Institut Pasteur, plus de 100 millions d’euros ont été investis dans cette plateforme technologique. Sur le plan scientifique, elle consiste à déclencher une réponse forte et ciblée du système immunitaire, constituée d’anticorps et de cellules cytotoxiques. Si de nombreuses technologies vaccinales sont capables d’induire des anticorps, il manquait une technologie qui puisse induire des réponses cellulaires intenses et de longue durée, appelée réponse T mémoire. Or, pour certaines grandes pathologies infectieuses et pour un grand nombre d’indications tumorales, les anticorps sont parfaitement inefficaces. Contre ces pathologies, seules les cellules cytotoxiques, capables de détruire les cellules tumorales ou infectées, sont efficaces. Notre technologie ouvre donc un spectre d’application majeur incluant en particulier le SIDA, le paludisme, la tuberculose et l’immuno-thérapie des cancers.

Le champ d’application semble infini puisque cette technologie pourrait signifier un tournant majeur des technologies vaccinales. Quelles sont vont priorités de développement pour les prochaines années ?

Il l’est, effectivement. Avec cette plateforme technologique disruptive, l’oncologie est pour nous la priorité. Plus de 10 millions de personnes sont décédées du cancer dans le monde en 2023. Des résultats pré-cliniques récents nous ont permis d’obtenir une éradication complète des tumeurs et de leurs métastases pour l’ensemble des animaux dans des modèles du cancer du col de l’utérus et de la prostate. La forte réponse mémoire permet de contrôler au long terme les rechutes tumorales.

Comment se compare votre technologie par rapport à celle de l’ARN messager ?

Les vaccins à base d’ARN messager stimulent essentiellement des anticorps mais la réponse cellulaire T est faible et de courte durée, à l’inverse de notre technologie. Prenons l’exemple des cancers induits par le papillomavirus humain (HPV, cancers du col de l’utérus et cancers oropharyngés) et de la dernière publication de la firme Pfizer/BioNTech basée sur la technologie de l’ARNm qui peut être directement comparée à notre publication sur le même cancer et le même modèle animal. La publication de BioNTech affiche une efficacité partielle sur de toutes petites tumeurs à un stade très précoce, alors que le vaccin de TheraVectys montre une éradication tumorale totale chez 100% des animaux et sur des tumeurs de l’ordre de 20 fois plus grosses et infiniment plus difficiles à contrôler. Une seule injection du vaccin de TheraVectys élimine les métastases et protège contre la rechute tumorale, alors qu’une reprise de la croissance tumorale est observée dans la publication BioNTech.

Qu’est-ce qui rend les vecteurs lentiviraux si remarquables ?

La clé de la rupture technologique liée aux vecteurs lentiviraux se trouve dans le mode d’éducation du système immunitaire. Parmi les cellules du système immunitaire, les cellules dendritiques (DCs) sont en quelque sorte les « chefs d’orchestre », ce sont elles qui vont éduquer les cellules cytotoxiques à reconnaitre et détruire les cellules cibles tumorales anormales ou les cellules infectées. On appelle cette éducation la « présentation antigénique ». Les vecteurs lentiviraux ont la capacité unique, parmi toutes les technologies vaccinales, de transférer l’information génétique de l’antigène choisi au cœur du noyau des cellules dendritiques, garantissant une présentation antigénique efficace et persistante, alors que l’ensemble des autres technologies vaccinales font appel à un mécanisme de présentation indirect, très transitoire, seulement capable d’induire de faibles réponses cellulaires. Pour vos lecteurs férus d’immunologie, les vecteurs lentiviraux sont seuls à exploiter la présentation endogène de l’antigène, alors que les autres vaccins sont basés sur une cross-présentation beaucoup moins efficace.

Quelles sont vos prochaines échéances ?

Après l’accord, fin novembre 2023, par la Food & Drug Administration (FDA), pour initier aux USA notre essai clinique concernant la vaccination thérapeutique contre les cancers du col de l’utérus et oropharyngés, nous allons maintenant procéder à la vaccination thérapeutique d’un premier patient début juillet. Il faudra attendre fin 2024 pour analyser les résultats intermédiaires de cet essai clinique. Il faut noter que nous serons en première ligne de traitement pour la moitié des patients de cet essai, ce qui illustre la confiance dans notre technologie des autorités réglementaires et des cliniciens avec lesquels nous avons élaboré le protocole de l’essai.

L’enjeu désormais est donc de développer de nouveaux partenariats ?

Effectivement, de nouveaux partenariats sont à l’étude ainsi que la recherche de différentes sources de financement avec comme objectif une cotation en bourse dès que possible. Cela nous permettrait de financer de nouvelles phases cliniques de vaccination thérapeutique dans le domaine de l’oncologie (cancer de la prostate, du poumon, hepatocarcinome…) et d’aborder les grandes pathologies infectieuses (vaccin thérapeutique contre l’infection chronique par le VIH, vaccin prophylactique contre le paludisme…), pour lesquelles nous avons de remarquables données précliniques.

Pour plus d’informations  : www.theravectys.com


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