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Thomas Semah (Yneuro) : « Nous avons signé un partenariat avec deux géants du secteur des casques audio »


Incubée à Station F et membre du classement « Future 40 », la start-up française Yneuro travaille avec deux grands constructeurs de casques pour implanter sa technologie de détection des émotions dans leurs produits. Son fondateur, l’ingénieur et spécialiste des neurosciences Thomas Semah (Centrale Paris, ESPCI, Stanford), cherche actuellement de nouveaux investisseurs. Combien souhaitez-vous lever ? Plusieurs...

Entreprendre - Thomas Semah (Yneuro) : « Nous avons signé un partenariat avec deux géants du secteur des casques audio »

Incubée à Station F et membre du classement « Future 40 », la start-up française Yneuro travaille avec deux grands constructeurs de casques pour implanter sa technologie de détection des émotions dans leurs produits. Son fondateur, l’ingénieur et spécialiste des neurosciences Thomas Semah (Centrale Paris, ESPCI, Stanford), cherche actuellement de nouveaux investisseurs.

Combien souhaitez-vous lever ?

Plusieurs millions d’euros. L’entreprise a été lancée sur fonds propres en 2019. Puis des business angels sont entrés au capital. Nous voulons désormais attirer les fonds VC.

Quel est le profil des business angels qui vous soutiennent actuellement ?

Ils sont internationaux. Chaque business angel vient d’un pays différent.

En quoi la technologie développée par Yneuro est-elle disruptive ?

Nous avons conçu des neuro-marqueurs qui sont capables de mesurer la tension, la concentration, la satisfaction et l’engagement d’un utilisateur. Ensuite, notre intelligence artificielle est capable de décoder la singularité émotionnelle de chacun. Cela permet de suivre l’état émotionnel d’un individu : aime-t-il ce titre ? est-il heureux ou concentré en l’écoutant ?

Quelles sont les applications concrètes de cette technologie ?

Le premier cas d’usage concerne la musique. Nous avons développé une interface neuronale brevetée, qui s’intègre dans un casque audio (airpods, casque en réalité augmentée ou virtuelle…), et est capable de décoder les émotions d’un utilisateur afin d’améliorer son expérience multimédia. Elle permet au casque de donner le bon contenu au bon moment à l’utilisateur. Le casque devient un prescripteur. Notre technologie peut également servir dans le domaine du jeu vidéo, du sport ou de la santé connectée.

Envisagez-vous de créer votre propre casque ?

Non. Notre objectif est d’implémenter notre technologie au sein des casques de constructeurs dans le secteur de l’électronique grand public. De notre côté, nous allons nous focaliser sur notre technologie pour apporter de la valeur à nos clients.

Avez-vous déjà approché des grands noms du secteur des casques audio ?

Nous avons signé un partenariat avec deux grandes entreprises du secteur. Début 2024, nous retrouverons donc notre technologie dans les casques audio et oreillettes de deux grandes marques du top 5 mondial.

Comment avez-vous approché ces grands groupes ?

Étant passionné de musique et diplômé en neurosciences, j’ai combiné ces deux passions pour imaginer de nouvelles façons d’interagir avec le contenu multimédia. Avec cette idée en tête, je suis allé taper à la porte de tous les constructeurs de casques pour créer la technologie qui correspondait à leurs besoins. Car j’ai beau créer la plus belle des technologies, si elle n’a pas de marché, je n’en ferais rien.

Quelles sont les attentes de ces grands groupes ?

Ils sont centrés sur l’émotion. Je me suis donc focalisé sur le développement de cette technologie avec le dépôt d’un brevet pour protéger l’innovation. J’ai pu récupérer l’ensemble des données cérébrales, puis via des chaînes de traitement algorithmique leur associer des neuro-marqueurs clés permettant à des casques audio de ne plus simplement diffuser de la musique mais de récolter de façon confidentielle et protégée des données sur les utilisateurs. Nous pouvons ainsi offrir aux utilisateurs une expérience multimédia sur-mesure.

En dehors des constructeurs de casques audio, d’autres types de clients sont intéressés ?

Oui. Les services de streaming, par exemple, comprennent l’intérêt de notre technologie, car cela leur permet d’imaginer de nouvelles interactions avec la musique.

Discutez-vous avec Spotify ?

Nous sommes en discussion avec toutes les plateformes du marché : Spotify, Deezer, Soundcloud. Nous voulons permettre à n’importe quel acteur de développer des applications via notre plateforme d’analyse des données cérébrales.

Quid des labels de musique ?

Lorsque nous avons été finaliste du MidemLab (un concours dédié aux start-up musicales se déroulant à Cannes, ndlr), j’ai pu discuter avec des majors. La technologie peut servir aux labels avant même la sortie d’une musique sur le marché. Grâce à notre technologique qui sait quels attributs musicaux – voix, mélodie, instruments – l’utilisateur apprécie, les majors sauront si telle ou telle musique marchera.

Avez-vous été contacté par des partis politiques ?

Deux partis politiques, très éloignés sur le spectre politique, nous ont approchés lors de la dernière élection présidentielle. Mais nous n’avons pas donné suite, car nous préférons nous concentrer sur le divertissement.

Avez-vous des concurrents ?

Notre technologie est la seule ayant donné lieu à un brevet dès 2018, lorsque j’étais encore étudiant à Stanford (Californie). Nous sommes également l’une des seules sociétés à avoir des résultats concrets et à combiner hardware et software. Notre technologie, qui a été prouvée scientifiquement, apporte un avantage car elle est centrée sur l’émotion.


Qui est Thomas Semah ?

« Je suis le premier entrepreneur de ma famille, et Yneuro est ma première expérience entrepreneuriale. Je rêve d’être entrepreneur et DJ depuis tout petit. Pouvoir combiner les neurosciences, l’intelligence artificielle et la musique est un projet de vie. C’est la preuve qu’on peut transformer une passion en innovation disruptive. A force de persévérance, tous les défis technologiques sont surmontables. »

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