Lancée il y a 5 ans, La Chaussette de France (LCF) est le pari fou du président du Groupe Tismail, un entrepreneur bouillonnant d’idées qui, à Troyes, défend le Made in France et les emplois qui en découlent. Pari gagné puisque la marque de chaussettes sportives ultra techniques est présente dans 10 pays européens, plus de 500 boutiques en France et 200 en Europe.
Comment vous êtes-vous retrouvé à l’âge de 30 ans à la tête d’un des derniers fabricants de chaussettes en France ?
Après avoir obtenu mon BAC ES, j’ai fait un IUT Techniques de Commercialisation à Lille puis l’ESC à Amiens. En 2005, avec deux amis de promo, nous avons créé une marque de vêtement innovant pour personnes âgées dépendantes ou semi-dépendantes : Facil’en fil. Le siège était basé à Troyes. En 2010, l’entreprise a été rachetée par le groupe Boldoduc basé à Lyon.
Au même moment, Alain Laumone alors Pdg de Tismail est venu me chercher en me disant « j’ai besoin d’un mec jeune et un peu fou comme toi à la direction générale ». Avec mon épouse et mes deux enfants, nous étions heureux de revenir à Troyes. En janvier 2015, toujours aux côtés d’Alain, j’ai racheté la moitié de Tismail et pris la présidence du groupe. Aujourd’hui, nous employons 48 salariés sur un site de 5000m2 pour un CA de 6M€ pour le groupe Tismail et 700 000€ pour LCF.
Comment est née La Chaussette de France il y a 5 ans ?
Le groupe Tismail a toujours eu quatre pôles de production : les marchés publics (police, gendarmerie, etc.), la grande distribution, les enseignes spécialisées (3 Suisses, La Redoute, etc.) et nos propres marques.
Mais en 2010, on galérait à maintenir les prix, parce que même si on était là depuis 1961, on a toujours été le plus petit des fournisseurs, tout en étant l’un des derniers fabricants de chaussettes en France. Il nous fallait donc trouver une idée pour garantir notre liberté et être moins dépendants de prix imposés.
Il parait que tout est parti d’une belle rencontre ?
Oui, la vie est faite d’opportunités ! LCF La Chaussette de France est née de ma rencontre et de mon histoire d’amitié avec avec Gérald Viossat, qui est aujourd’hui directeur artistique de la marque. Ensemble, nous avons décidé de créer très rapidement une marque de chaussettes polyvalentes, alliant élégance et technicité, qui peuvent être utilisées pour de multiples disciplines telles que le ski, le snowboard, le trek et le trail.
Le groupe Tismail possédait déjà l’expertise de produire des chaussettes de ski d’une très haute qualité en travaillant avec la marque française Rossignol durant de nombreuses années. Cette nouvelle collaboration nous a permis de découvrir l’univers des sports de montagne et de nous faire rapidement un nom auprès des plus grandes stations et des plus beaux évènements.
De 100 000 paires de chaussettes de ski la première année, nous passerons en 2019 à un million avec un prix moyen de 10 €HT la paire.
C’est quoi votre principale force ?
Quand on est arrivé sur le marché, on s’est rendu compte que 100% des acteurs mettaient 80% dans le marketing et seulement 10 à 15% dans le produit. Nous, on a voulu faire l’inverse : miser à 80% sur la qualité et la technicité de nos chaussettes et 20% dans le marketing, en investissant 700 000 euros en 5 ans sur des machines de dernière génération, des fils nobles (soie, cachemire, mérinos, angora…) et de la haute technologie (Coolmax, Biocéramique, Green f il, Friction Free…).
Le bouche à oreille sur la qualité de nos produits a vite fonctionné auprès du monde sportif et LCF est devenue une véritable communauté via les réseaux sociaux, les partenariats et les évènements outdoor. Aujourd’hui, nous proposons des chaussettes pour tous les sports outdoor (ski, snow-board, trek, trail, running, vélo, escalade, etc.) mais également des chaussettes à associer avec ses tenues vestimentaires.
Et ça marche, puisque vous êtes en pleine croissance ?
Oui, c’est vrai, nous avons une croissance de +41% cette année et nous allons agrandir l’usine en 2019 et investir dans de nouvelles machines, et tout cela en total autofinancement. Mais nous souhaitons avancer « step by step ». De 95000 € de CA en 2013, nous arriverons à 700 000 € fin 2018.
Quelle est votre ambition pour le groupe ?
On a créé LCF pour être libres. Et Tismail, c’est vraiment une très belle histoire entrepreneuriale du « Made in France », puisque nous sommes l’un des derniers fabricants de chaussettes dans notre pays et tenons à le rester. Mon ambition pour Tismail, c’est que l’entreprise qui a 57 ans cette année soit encore là dans 57 ans et plus encore. Même si dans le business, il faut toujours savoir rester humbles, notre rêve, ce serait de devenir le « Hermès » de la chaussette en France !