Dans l’offre touristique, certains petits sites tirent leur épingle du jeu en misant sur le beau, le calme et l’authentique, loin des circuits plus classiques.
Cela se passe dans le Jura, à Château-Chalon, sur les hauteurs des monts d’Arbois, et après tout, cela vaut bien les plages de La Baule ou les planches de Deauville. Gustave est étudiant à l’École supérieure de Commerce de Bordeaux, mais l’été, ce fils de viticulteur n’a rien trouvé de mieux que de venir monter sur place chez sa mère son petit camion de restauration rapide « Chez Gustave » à Château-Chalon, au détour d’une petite ruelle typique. Le village, qui fait partie des plus beaux de France, attire malgré son caractère retiré, au-dessus de Poligny, au sud de Dole, un nombre non négligeable d’amateurs d’authenticité et de grand air. Un petit goût de terroir aussi, avec une certaine France qui bosse, qui ne se décourage pas et dont nos médias ne parlent que peu. C’est dommage, cela pourrait donner un autre son de cloche.
Gustave, lui, est souriant lorsqu’il sert ses croque-monsieurs au Comté avec un petit verre de blanc local, le fameux vin jaune du Jura. « Attention, à ne pas confondre avec le vin de paille, vin liquoreux servi au moment des fêtes, et qui est produit du côté d’Arlay, au nord de Lons-le-Saunier. » La réputation des vins d’Arbois n’est plus à faire depuis Henri Maire et ses « vins fous ». Il n’empêche : « je préfère monter mon agence commerciale de ventes des vins des côtes du Jura de plus en plus réputés. »
Cela fait plaisir à entendre. Cette génération qui se retrousse les manches semble si loin des états d’âme d’une certaine autre. La sentinelle du Jura, bijou avec vue panoramique sur les vignobles dorés, ceux qu’avait bien repérés l’écrivain de « Malicorne », Bernard Clavel, qui s’y établira dès 1970. La commune le lui rend bien. Son nom et certaines de ses phrases trônent en effigie à de nombreux coins de rues. « Cette année, les touristes sont bien présents, il y a de plus en plus de Belges et de Hollandais ! » se félicite le patron de la table d’hôte « la maison d’Eusebia », installée ici depuis 6 ans. Tant mieux, ce tourisme de proximité et de charme a tout l’avenir devant lui, à condition de miser sur la qualité, la simplicité et une certaine tranquillité. Loin des flots de voyageurs qui envahissent Le Touquet ou Biarritz, un peu comme on le voit dans le Périgord, dans les Vosges ou en Auvergne.
Aux confins de la Bourgogne et de ses prestigieux vignobles, ces monts jurassiens à pente douce et aux vallons bucoliques ont de quoi attirer nombre de citadins en mal de découvertes et de grand air. Surtout avec l’essor des randonnées. Non, je ne vous fais pas marcher…
Robert Lafont