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Tourisme : Cherbourg, Saint Vaast, Barfleur, les perles du Cotentin

Avec ses côtes escarpées et ses routes de campagne, le Cotentin, presqu'île brumeuse et tempérée, s'enfonce dans la Manche. À la proue de ce navire de roc, Cherbourg se dresse, face aux rivages anglais. Cette Normandie secrète et pittoresque, chère à l'écrivain Jules Barbey d'Aurevilly, ne peut qu'enchanter.

Saint-Vaast-la-Hougue

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Falaises vertigineuses, marais envoûtants, sentiers nimbés de mystère : le Cotentin décline sa douceur préservée au fil de balades et d’expériences où beauté et sincérité se conjuguent. Vous goûterez à la saveur iodée de bords de mer enchanteurs et au parfum d’étonnants tropiques comme « reconstitués » au jardin de Vauville. Aux confins de cette péninsule battue par les vents, vous découvrirez un extraordinaire patrimoine bâti : rues majestueuses de Valognes, le « Versailles Normand », châteaux de Carneville, de Saint-Sauveur-le-Vicomte, de Bricquebec. Tout témoigne ici de la richesse de l’histoire.

NATURE ET GOURMANDISE

Réserve ornithologique à Vauville, calme de la vallée de Quincampoix, beauté sauvage de la baie d’Ecalgrain ou du nez de Jobourg, la nature est maîtresse en Cotentin. Qu’elle ait la douceur des villages du Val de Saire ou la grandeur des panoramas de la Hague, elle éclate partout de vigueur, de force, de couleurs, baignée dans cette lumière incomparable dont de nombreux artistes se firent chantres : Millet, le révillais mais aussi Trauner le décorateur fétiche de Carné ou encore Prévert, le poète à l’abri de son refuge de Saint-Germain-des Vaux à la Hague. La cuisine et ses produits ne sont pas en reste.

Les amateurs de gourmandise ont aussi matière à se réjouir. La célèbre vache normande fut longtemps, dit-on, la « nourrice » de Paris. Il est vrai qu’elle fournit à profusion camemberts, petits-suisses et beurre. Quant à la crème, elle est incontournable. Viande, coquillages, poisson, desserts, on la trouve partout. Vous aimez les produits de la mer ? Saint-Vaast-la-Hougue est le plus ancien bassin ostréicole de Normandie. Savourez sans mesure le goût de noisette de son huitre, nature ou avec un trait de citron ! Et que dire des marmites de Blondes de Barfleur (moules) ou des Demoiselles de Cherbourg (petits homards)…

Si vous êtes plutôt « poissons », vous apprécierez un délicieux filet de bar de ligne ou les maquereaux frais pêchés dans la Grande Rade ! Régalez-vous aussi de jambon de la Manche, de charcuteries de la Trappe de Bricquebec, de Pain Napoléon (plié et créé à l’occasion de la visite de l’Empereur, il est élaboré à base d’eau de mer), de graissin (sorte de rillettes hachées grossièrement), de fromages, de Brioche du Vast, de Teurgoule, (riz au lait cuit au four, avec un soupçon de cannelle)…

CHERBOURG, CITÉ TRANSATLANTIQUE

De Guillaume Longue-Épée au Second Empire, de Louis XVI qui y fit son seul voyage en province, aux émigrants qui s’embarquaient, les yeux fixés sur leur rêve transatlantique, Cherbourg, ce port à la pointe de l’Occident, a mené la vie tumultueuse des grands aventuriers. Régulièrement envahie par les hordes guerrières successives, ravagée par les conflits européens puis mondiaux, la ville a toujours su, vaillamment, se reconstruire. Position stratégique par excellence, elle changera même six fois de « propriétaire » durant la guerre de Cent Ans et ce, sans jamais être conquise. Les années passent et c’est au tour de Louis XVI d’être fasciné par cette côte sauvage baignée de lumière. Il rêve d’y construire une rade. Brisé par la Révolution, ce projet sera repris par Napoléon puis par le Second Empire.

Mais c’est au XXème siècle qu’on voit y accoster des navires fabuleux qui emportent à leur bord les rêves hollywoodiens. Dans l’immense gare transatlantique Art déco construite par René Levavasseur, on se presse pour tenter d’apercevoir les voyageurs prestigieux. Ici, les milliardaires Benjamin Guggenheim et John Astor embarquent sur le fatal Titanic, Charlie Chaplin organise en 1952 une conférence de presse, critiquant l’Amérique maccarthiste qu’il vient de fuir. Y passe aussi, l’excentrique Salvador Dali aux fabuleuses moustaches, Georges Simenon (qui consacre à la ville deux textes La Marie du Port et Le vieux couple de Cherbourg) ou encore les explosifs amoureux Burton-Taylor.

A cette longue liste, il faut, bien entendu, ajouter Jacques Demy qui offre à la ville une renommée mondiale, son compositeur fétiche Michel Legrand, ou encore Jean-Jacques Beineix, jeune assistant-réalisateur, entraîné sur le tournage de La Course à l’échalote dans une folle virée nocturne par son complice Serge Gainsbourg…

SAINT VAAST, BARFLEUR ET L’ÎLE DE TATIHOU

Lovée en mer à quelques encablures du port de Saint-Vaast-la-Hougue, Tatihou cache bien son jeu. Qui songerait, en voyant cette petite île seulement hantée par les oiseaux de mer, qu’elle connut au cours de l’Histoire le bruit et la fureur des grandes batailles ? Après les Vikings au IXème siècle, c’est Édouard III d’Angleterre, dans sa hâte de conquérir le royaume de France qui prépare, en 1346, un débarquement sur le continent. Un grand seigneur normand acquis à sa cause, Geoffroy d’Harcourt, lui offre le moyen d’accoster en Cotentin, en lui ouvrant le chenal de l’île.

En 1692, pour aider son cousin, le catholique Jacques II d’Angleterre, à retrouver son trône, Louis XIV met à sa disposition une flotte. Le 12 mai, la bataille de la Hougue voit s’affronter troupes françaises et troupes alliées anglo-hollandaises. À son terme, onze vaisseaux français sombrent. Dès lors, sous l’égide de Vauban, deux tours fortifiées sont érigées sur la butte continentale de la Hougue et sur l’île. Elles sont inscrites depuis le 7 juillet 2008 par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité. Aujourd’hui démilitarisée, Tatihou est devenue une réserve ornithologique où l’on peut voir des oiseaux nicheurs : goélands argentés, bruns et marins, tadornes de Belon, petits pingouins…

Accessible à pied à marée basse et en bateau amphibie à marée haute, elle accueille chaque année en août un festival « musiques du large ». Non loin de là, Barfleur, sa ravissante église et ses petites rues séduisent dès le premier regard. Un peu plus loin, troisième port de pêche de la Manche, Saint-Vaast-la-Hougue est à présent une station balnéaire prisée où, retour de la plage, les visiteurs aiment à se perdre dans le dédale des petites ruelles bordées de ravissantes maisons de pêcheurs.

Alors laissez-vous tenter. Promenez-vous sur les quais animés, poussez la porte de la chapelle des marins, lézardez sur la plage, profitez de la balade jusqu’à la tour Vauban, faites une halte gourmande à la fameuse épicerie Gosselin… Cette Normandie secrète presque sauvage tranche avec l’urbanité de sa voisine de la Côte Fleurie, du côté de Deauville et Cabourg.

Françoise Lebraz


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