Par Jane Kochanski, Expert Cour d’appel de Paris
La pandémie actuelle a obligé les sociétés à comprendre le besoin impérieux de numérisation et le traducteur juridique ne sera pas épargné. La réponse à la situation sanitaire sera avant tout une réponse digitale à la puissance dix !
L’accès plus rapide aux prestations, des coûts plus abordables et la liste des bénéfices est longue… Certes, nous sommes au 21e siècle mais la digitalisation connaît encore des limites, parfois même des pannes et, poussant plus loin notre propos, également des erreurs. La machine n’est pas un magicien de mots. De même, un mot pourrait, selon le contexte, se traduire par des termes différents en fonction des critères et le sens de la phrase. Le mot d’ordre pour le traducteur n’est certainement pas de laisser faire la machine et le maître mot est « non, prudence ! ».
La machine est plus rapide que l’homme et traduira plus de mots à la minute et à l’heure. Mais, en face, le Client souhaiterait-il vraiment un traducteur robot capable de régurgiter une note, une plaidoirie, sans soin, sans finition et, au-delà de tout cela, sans réflexion. Le danger, hélas est que le robot traducteur empêche le traducteur de réfléchir et d’optimiser son activité linguistique et juridique. Nous ne pourrons pas se laisser faire et se plier face à la montée en puissance technologique.
Et alors la solution est-elle forcément numérique, le robot traducteur peut-il réellement exister seul… ?
Cette question sera à nuancer. Le traducteur serait-il capable de guider la machine et de rester maître de son travail malgré la puissance technologique ? Cela semble peu probable. Le traducteur juridique s’engage sur la qualité de son travail et le fait qu’il a procédé lui-même à la traduction sans appel à des tiers. Considérons donc le robot comme un tiers, dégageant donc la responsabilité du traducteur ? Aussi, la question se pose concernant l’engagement de confidentialité. Avant de commencer une traduction juridique le traducteur s’engage solennellement à respecter la confidentialité de ses travaux. Cela sera fortement disproportionnée par l’utilisation d’un robot.
Un service juridique a besoin de son traducteur « humain » pour faire face aux dossiers complexes et avant tout pour assurer le respect de la politique d’engagement. Vive la liberté d’expression écrite et protégeons le traducteur juridique face à la dominance technologique.
Jane Kochanski
Expert Cour d’appel de Paris