Face à un marché globalisé fortement concurrentiel, et poussées par les ruptures technologiques, les entreprises françaises ont entamé leur mutation digitale. Avec 3 millions de PME en France et 30 millions de consommateurs en ligne, le digital représente un formidable potentiel de développement et doit s’inscrire comme levier de performance, de compétitivité et de croissance.
Le constat est sans appel : les entreprises françaises adoptent moins vite les solutions digitales à leur disposition. Elles accusent un retard par rapport aux voisins européens dans au moins 3 domaines : les présences sur les réseaux sociaux, le e-commerce et l’usage d’outils digitaux dans l’entreprise pour améliorer la productivité.
Plus les entreprises sont petites, moins elles sont digitalisées. 11,5% des PME françaises sont capables de vendre leurs produits en ligne, contre 47% des entreprises d’au moins 250 salariés. L’usage d’outils numériques en interne est également moins important : 11% dans les PME contre 36% dans les ETI et grandes entreprises.
On constate également un plus grand écart dans l’adoption des outils digitaux entre les TPE et les PME en France que dans le reste de l’Europe. « Le digital a tout accéléré. Alors que certains grands groupes et start-up ont su prendre le train en marche dès le départ, certaines PME ont encore du mal à vivre cette transformation qui bouleverse complètement leurs habitudes opérationnelles et leurs logiques de production. Difficile pour ces entreprises de se faire une place dans cette nouvelle économie où le client ne se déplace plus jusqu’au produit, mais où c’est le produit qui va désormais au client. Malgré les efforts que la transformation digitale exige des entreprises, elle s’inscrit dans une dynamique aujourd’hui indispensable en termes de concurrentiels en apportant fidélisation, expérience user unique et différenciation », explique Frédéric Murat, DG de Coursier.fr.
Un fossé entre PME et consommateurs
Un récent rapport Deloitte remarque un écart important entre l’usage du digital par les entreprises françaises et celui de leurs clients. En France, 7 consommateurs sur 10 achètent des produits sur Internet et paient directement en ligne. Dans le même temps, seule 1 grande entreprise sur 2 et 1 PME sur 8 dispose d’une solution e-commerce.
Du coup, les consommateurs français se tournent vers les entreprises étrangères. Les Français sont 6 fois plus susceptibles que les Allemands d’avoir recours à l’importation de produits étrangers lors de leurs achats sur Internet. « Le digital est devenu un outil de fracture : il y a ceux qui y sont, et ceux qui n’y sont pas. Ainsi, il touche désormais tous les pans de l’économie et les PME se doivent d’épouser ces nouveaux usages pour rester compétitives. Ce n’est plus seulement un service mais un outil clé pour une entreprise qui souhaite accéder à un marché », note Frédéric Murat.
Pourtant, l’intérêt de la digitalisation des entreprises, en France comme ailleurs, est une évidence. Ces dernières années, le e-commerce a contribué à 40% de la croissance des ventes en France. La croissance du e-commerce est 20 fois supérieure à celle des ventes offline.
Dans le monde, le e-commerce a généré 1.300 Mds€ de CA dont 300 Mds€ grâce à des produits fabriqués en Europe de l’Ouest. La croissance du e-commerce mondial est estimée à 110% entre 2014 et 2020, celle du e-commerce en Europe de l’Ouest à 70%.
Le digital, une opportunité pour les PME
Les PME françaises digitalisées sont chefs de file pour l’export. En effet, celles ayant initié ou réalisé leur transformation digitale sont 4 fois plus susceptibles d’exporter que la moyenne des PME françaises. Le numérique représente l’opportunité d’accéder à des places de marché globalisées et favorise l’exportation.
« Les sociétés les plus avancées implémentent une stratégie digitale orientée client, assurent une vaste présence en ligne, interagissent avec leurs consommateurs au moyen de plates-formes digitales de gestion de la relation client, permettent aux consommateurs de tester leurs produits à travers des showrooms virtuels ou d’autres technologies intégrées aux boutiques, et bénéficient de processus digitalisés afin d’adapter leur chaîne d’approvisionnement à la demande. Ainsi, la société Aquarelle a initié une transformation digitale et exploité différents outils digitaux pour transformer une société familiale régionale en multinationale », indique Jean-Charles Ferreri, Associé Monitor Deloitte.
De même, les ventes en ligne, véritable potentiel de croissance, ont contribué à 40% de la croissance totale des ventes en France ces dernières années. Certains secteurs sont plus avancés en termes d’adoption des technologies digitales, notamment les PME appartenant aux industries du tourisme et du voyage, de la distribution ou de la restauration.
Le digital, un facteur de croissance
« En utilisant le Web, les PME élargissent leur cible : elles s’adressent à la fois à un public français et international et décuplent ainsi leur zone de chalandise. » Disruptif, le digital redistribue les cartes. « Là où les PME n’avaient l’occasion que de remporter des marchés à leur échelle, la digitalisation leur offre la possibilité d’être plus compétitives et de remporter des grands comptes qui leur étaient jusqu’alors impénétrables », confirme Frédéric Murat.
Ainsi, la transformation digitale favorise la croissance des PME en leur permettant de réduire leurs coûts tout en assurant la croissance de leurs ventes, de leur base de consommateurs, de leur productivité et finalement de leur profitabilité.
Pour autant, le digital doit être au service du développement de l’entreprise, et non le contraire. « Il ne faut pas faire du digital uniquement pour faire du digital. Désormais, les chefs d’entreprise se doivent d’avoir un regard sur une problématique qu’ils ont longtemps ignorée, en se positionnant face à des générations de jeunes dirigeants qui ont une longueur d’avance sur eux. Avoir un regard critique sur les coûts, la logistique et plus largement sur les problématiques RH ou marketing, que le digital va venir bouleverser, reste un des défis les plus difficiles. Pour cela, l’équipe est primordiale : il faut des postes clés pour favoriser l’agilité. Une équipe qualifiée est une garantie de maîtrise des coûts et d’une plus grande efficacité », insiste Frédéric Murat.
La transformation digitale représente une réelle opportunité pour les PME françaises de se positionner dans un marché global en développement, à condition qu’elles prennent le train du changement sans attendre.