D’abord celle des modalités du déploiement de cette digitalisation, mais également celle, souvent plus éthique, des impacts. Pour en savoir plus, entretien avec Cédric Coiquaud, CEO et fondateur du cabinet spécialisé Appi Conseil.
Quelles sont les principales questions soulevées par la digitalisation ?
Elles sont extrêmement nombreuses, et parfois presque philosophiques. Cependant, l’innovation est aujourd’hui une nécessité pour les entreprises, qui doivent autant se poser la question du pourquoi que celle du comment. Le pourquoi dans le sens de « parmi tout ce qui est disponible, quelle est la technologie dont nous avons réellement besoin ? » et le comment tant dans l’architecture applicative que dans le process de déploiement.
La règlementation est également très importante, car la véritable innovation se situe souvent dans une zone grise d’un point de vue juridique. C’est pour cela qu’Appi Conseil intègre dans ses équipes des ingénieurs, mais également des docteurs en droit, et travaille en lien étroit avec les institutions de contrôle, françaises comme européennes.
Comment se déploient ces technologies en entreprise ?
Tout d’abord, il faut être certain du besoin de telle ou telle technologie, puis parfois vaincre certaines habitudes, voire craintes. Nous le constatons par exemple pour des process d’ouverture de compte en zéro clic. Cependant, bien des technologies, aujourd’hui entrées dans les mœurs comme la signature électronique que nous avons aidé à déployer pour des banquiers et assureurs, ne sont jamais qu’une évolution de la signature.
Mais, de par les possibilités offertes par certaines technologies, comme l’IA ou la biométrie, il faut rester très centré sur l’expérience client, la protection des individus et de leurs données, et l’émotionnel que la technologie provoquera une fois intégrée dans le parcours. Il convient donc de se poser les questions de la finalité, de l’acceptabilité par les clients et utilisateurs, de la sécurité et de l’éthique.
Pouvez-vous nous en dire davantage ?
L’enjeu doit être au centre de la réflexion dès lors que l’on parle de digitalisation, car cette sphère ne connait pas l’oubli, et chacun d’entre nous a déjà une empreinte digitale colossale. Cette manne de data n’est pas perdue pour tout le monde ! Ce débat pose in fine la question des finalités et des motivations. La blockchain peut être le levier d’une pyramide de Ponzi, mais Madoff n’en a pas eu besoin.
Si elle sécurise nos transactions financières, la biométrie peut être un moyen de contrôle des populations pour un régime totalitaire. L’IA est un formidable outil d’aide à la décision, mais souffre de biais de conception natifs, se révélant par exemple moins fiable pour l’assistance médicale lorsque le patient est une femme, car ses concepteurs sont majoritairement des hommes.
Selon moi, Homo Sapiens vit un nouveau tournant : l’Ere Digitale que nous construisons actuellement porte notre capacité à manipuler des concepts à son paroxysme. Ce, pile au moment où nous devons changer nos mœurs pour préserver la biodiversité : il n’y a pas de hasard. Ces questions sont aussi centrales que passionnantes, car elles posent au final celle de la condition humaine.
Plus d’infos : www.appi-conseil.com
