Dans un contexte où l’industrie maritime cherche à réduire son empreinte carbone, le navire Anemos de l’entreprise bretonne TOWT vient de franchir une étape historique. Ce colosse de 81 mètres de long, alliant technologie de pointe et propulsion éolienne, a transporté plus de 1 000 tonnes de marchandises à travers l’Atlantique en 18 jours, démontrant la viabilité du transport maritime à voile à grande échelle.
« Ce premier voyage a été un peu compliqué », admet le capitaine Hadrien Busson. « Nous avons dû ajuster constamment le positionnement des voiles pour optimiser notre trajectoire face aux conditions météorologiques changeantes. » Cette traversée a ainsi permis à l’équipage de tester les limites du navire et d’affiner ses procédures opérationnelles.
Une prouesse technologique
Équipé de voiles automatisées issues de la course au large et d’un système de routage basé sur l’intelligence artificielle, l’Anemos représente une avancée significative dans le domaine du transport maritime durable. « Nos navires émettent environ 90 % de CO2 en moins qu’un porte-conteneurs traditionnel », explique Guillaume Le Grand, président de TOWT. « Avec le déploiement de notre flotte, nous visons l’économie de 2 400 tonnes annuelles de CO2. »
Pour ce premier voyage, l’Anemos a transporté une cargaison variée, comprenant du champagne, du cognac, du vin et des produits alimentaires comme des confitures. « Nous étions chargés à plein sur cette traversée et la demande est soutenue », se réjouit Guillaume Le Grand. Cette forte demande témoigne de l’intérêt croissant des entreprises pour des solutions de transport plus écologiques.
18 000 tonnes de marchandises décarbonées chaque année
TOWT ne compte pas s’arrêter là. Sept autres navires similaires ont déjà été commandés aux chantiers Piriou de Concarneau, avec l’objectif d’avoir une flotte entièrement opérationnelle d’ici 2027. La sœur jumelle de l’Anemos, baptisée Artemis, doit d’ailleurs s’élancer ce mercredi du Vietnam pour son voyage inaugural. « Ce sont les voiliers-cargo les plus grands du monde et nous commençons à avoir un impact réel sur le transport maritime », affirme Guillaume Le Grand. Avec ses deux premiers navires, TOWT vise le transport de 18 000 tonnes de marchandises décarbonées chaque année.
Un modèle économique prometteur
Bien que la vitesse moyenne de l’Anemos (10,5 nœuds) soit inférieure à celle des porte-conteneurs traditionnels, son modèle économique repose sur la réduction des coûts de carburant et l’attrait croissant pour le transport écologique. L’Anemos effectuera environ une douzaine d’allers-retours par an au départ du Havre, avec comme prochaine destination Santa-Marta en Colombie.
L’initiative de TOWT s’inscrit dans un mouvement plus large de transformation du transport maritime. Selon l’International Windship Association, une quarantaine de gros cargos dans le monde utilisent déjà le vent comme énergie d’appoint, permettant des économies en carburant allant jusqu’à 20 %. Cependant, ces innovations restent encore marginales dans une flotte mondiale qui dépasse 105 000 navires de plus de 100 tonnes. Les défis à relever incluent l’adaptation des infrastructures portuaires et la formation des équipages à ces nouvelles technologies.
Le succès de l’Anemos pourrait encourager d’autres acteurs du secteur à investir dans des solutions similaires. « La transition vers un modèle réellement vertueux doit conjuguer alternatives plus propres et effort de sobriété », souligne Pierre Grateau, entrepreneur dans le domaine maritime. Alors que l’Organisation Maritime Internationale vise une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur d’ici 2050, des initiatives comme celle de TOWT ouvrent la voie à un avenir plus durable pour le transport maritime.