Tous les candidats à l’élection présidentielle devront prendre en compte la réalité économique et consumiériste de notre époque, sous peine d’être hors course ou ringardisés. Adeptes d’Uber, Amazon, Airbnb, PriceMinister, Blablacar, EasyJet, Whatsapp, Tinder ou Vente-Privée, les Français ne se comportent plus comme à l’époque de François Mitterrand ou Jacques Chirac. Avec les nouvelles technologies, les applications, les achats impulsifs sur Internet et l’essor de nouveaux géants numériques, les consommateurs se sont spontanément ubérisés.
S’il y a bien une expression qui inonde les débats politiques ou économiques aujourd’hui, c’est celui de l’ubérisation de notre société. Et en amont de la transformation digitale des entreprises, il y a celle, non moins fondamentale, du consommateur. Avec la double mutation technologique et sociologique, les citoyens-acheteurs ont désormais des comportements et des attentes en rupture totale avec les générations précédentes.
« L’uberconsommateur est porteur d’un nouveau modèle de consommation qui n’est ni ostentatoire ni identitaire »
Expert du marketing digital et observateur attentif des bouleversements de notre époque, Nicolas Riou a publié il y a quelques semaines, « Le consommateur digital » (aux éditions Eyrolles, avec une préface de Maurice Lévy, PDG de Publicis) où il se livre à une pertinente analyse de cette nouvelle tendance consumiériste.
Pour ce spécialiste qui dirige depuis 2004 l’agence Brain Value, le consommateur du XXIème siècle possède plusieurs caractéristiques : « Il est libre et actif en profitant d’une liberté de choix démultipliée et s’affranchit des parcours tracés pour lui. C’est aussi un individu pragmatique et économe, avec une approche décomplexée vis-à-vis de la quête des bonnes affaires. Expert et exigeant, parce que surinformé et vigilant, il sait ce qui est possible ou ce qui ne l’est pas et connaît le juste prix des choses… L’uberconsommateur est porteur d’un nouveau modèle de consommation qui n’est ni ostentatoire, comme dans les années 1980, ni identitaire, comme dans les années 2000, mais fonctionnel. Expérimentateur et social addict, il utilise des outils comme Uber, Amazon, Prime ou Whatsapp, ce qui lui permet de conjuguer toutes ses vies… »
La classe politique à la traine
Cette véritable révolution représente un défi majeur pour les entreprises. Quelques trop rares personnalités politiques (comme Emmanuel Macron, Nathalie Kosciusko-Morizet, Axelle Lemaire ou Benoît Hamon) ont compris cette extraordinaire mutation économique et sociétale et l’ont intégré dans leurs projets et leurs programmes.
Avec l’économie collaborative qui remet en question les modes et les finalités de notre consommation, les réseaux sociaux, les appareils mobiles, les données numériques et le commerce en ligne, ce sont les consommateurs eux-mêmes qui mettent en pratique cette uberconsommation. Pour donner naissance à un nouveau monde et une nouvelle façon de vivre.