La fibrillation atriale, spécialité de la jeune pousse provençale, créée en 2016, fait sensation. Sa solution innovante pour soigner les 33 millions de personnes au monde souffrant de cette pathologie affectant le cœur, est directement issue de l’IA.
L’intelligence artificielle crée bien des inquiétudes, mais apporte aussi des solutions, y compris dans le domaine de la santé. Aujourd’hui, elle est surtout utilisée pour l’aide au diagnostic, l’assistance chirurgicale et radiologique, la robotisation, les anticipations médicales, tout comme la création de nouveaux traitements. Elle n’est pas si récente, mais reste à sa place pour l’instant, le médecin restant maître à bord. Les patients ne sont d’ailleurs pas encore prêts à discuter avec un « medbot » pour savoir ce qu’ils ont ou à se faire opérer par un robot sans présence humaine.
L’INNOVATION DE VOLTA MEDICAL
Dans le cas de Volta Medical, il s’agit d’utiliser un logiciel d’IA qui permet aux chirurgiens d’identifier avec précision les zones à opérer sur le muscle cardiaque et de traiter avec le maximum de précision les arythmies cardiaques. La technologie mise au point par l’équipe a obtenu les certifications nécessaires auprès de l’Europe et de la FDA américaine.
Elle est déjà utilisée en France comme à l’étranger dans une trentaine de centres lors d’opérations de patients. Concrètement, le chirurgien doit cautériser via des sondes certaines régions du cœur, le logiciel permet de trouver celles qui sont en cause par l’analyse quasi immédiate des ondes électriques émises. L’algorithme mis au point par Volta Medical exploite les bases de données de millions d’impulsions électriques permettant de repérer rapidement les problèmes du patient pendant l’opération et guide le chirurgien dans sa mission.
UN PRODUIT ÉVOLUTIF
L’entreprise est basée en France, où se situe le cœur du réacteur, la R&D. Les collaborateurs sont eux répartis un peu partout en Europe comme aux États-Unis. Le logiciel continue d’évoluer au fur et à mesure des retours d’expérience.
Les études sur des échantillons de patients atteints de fibrillation atriale se poursuivent, le but étant d’offrir des soins sur mesure pour être plus efficace. De nouvelles études cliniques sont prévues pour continuer à améliorer le produit, mais aussi pour s’adresser à des patients souffrant d’autres formes d’arythmie.
L’un des grands intérêts pour le patient est que les cathéters passent par l’artère, il n’y a donc qu’une petite incision dans la cuisse. L’électrode permet de voir les points nocifs et le chirurgien peut alors les brûler de façon très précise. Le patient peut même rentrer chez le soir même.
FINANCEMENT SÉRIE B
Après un financement de 23 millions d’euros l’an dernier, 36 millions d’euros ont été rassemblés en ce début d’année par l’entreprise grâce à l’appui de Vensana Capital, de Lightstone Ventures et Gilde Healthcare.
Depuis sa création, Volta a levé 70 millions d’euros. Cette nouvelle manne financière va permettre la finalisation des études lancées, le renforcement des équipes, et le début de la commercialisation mondiale des solutions offertes. Le temps est évidemment un point essentiel pour le futur de Volta Medical, car garder une longueur d’avance sur les autres MedTech est essentiel. Aujourd’hui, ses concurrents sont principalement américains.
QUATRE COFONDATEURS POUR CONVAINCRE
Théophile Mohr Durdez, cofondateur et Directeur général de Volta est entouré de trois médecins qui disposaient d’une méthode intéressante pour traiter la fibrillation auriculaire. Il fallait cependant simplifier et modifier cette idée pour la rendre plus intéressante d’un point de vue pratique. Julien Seitz, Clément Bars et Jérôme Kalifa sont cardiologues rythmologues, des experts reconnus dans leur domaine.
Les deux premiers exercent en France à l’hôpital Saint-Joseph, le troisième exerce aux États-Unis dans le Rhode Island, quant à Théophile Mohr Durdez, il est l’ingénieur de l’équipe, diplômé de HEC et de Polytechnique. Cette équipe qui allie les connaissances médicales de haut niveau et le meilleur savoir-faire en matière d’ingénieur fait la différence dans un monde de la santé qui fonctionne souvent en France en cercle fermé, alors que les progrès de l’IA peuvent et vont révolutionner la pratique chirurgicale. La robotisation médicale est en marche.
L’ARRIVÉE DE JOHN SLUMP
John Slump est le nouveau directeur financier de Volta Medical. Un signe positif pour les marchés, car l’homme est connu pour avoir cofondé des startups MedTech américaines et avoir œuvré utilement en matière de levée de fonds. Il avait entre autres participé à l’essor de Farapulse, déjà positionné en rythmologie cardiaque et dont la technologie a été vendue à Boston Scientific.
Volta Medical est une MedTech parmi d’autres pépites et dispose d’un bel avenir devant elle. Une équipe à Marseille, une autre aux États-Unis permettent de consolider les valeurs mises en avant par le management, la recherche de l’excellence, l’amélioration des vies des patients. Pour les dirigeants, la possibilité de confronter ses idées dans une équipe pluridisciplinaire est garant de l’esprit pionnier inhérent à la culture d’entreprise.
Les premières commercialisations du nouveau logiciel sont prévues en 2025. Le marché américain est extrêmement porteur, les cofondateurs espèrent voir les grands centres de chirurgie cardiaque s’équiper de leur technologie comme ils l’ont déjà fait avec d’autres équipements innovants. On est de cœur avec eux.
Anne Florin