Par Valéry Lontchi, ancienne avocate et entrepreneure
Mis en lumière par la crise sanitaire, le retard numérique de nombreuses TPE et professions libérales a eu des conséquences très négatives sur leurs activités. En 2020, près de 63% des entreprises françaises n’avaient pas de site internet, de ce fait beaucoup ont dû interrompre totalement leur activité lors du premier confinement.
Aujourd’hui encore la fracture numérique entre grandes et petites entreprises demeure. Les freins souvent évoqués par ces dernières sont le manque de temps, d’argent, ou de connaissances. Avec près d’un million d’entreprises créées l’an dernier, pour faciliter leur transition numérique, de nouvelles pratiques voient le jour, comme le “no code”. Tour d’horizon de cette nouvelle pratique par Valéry Lontchi, fondatrice de Sitalacarte.
Il y a encore quelques décennies la création d’un logiciel ou d’une page web était réservée à une petite élite. Désormais, le boom du numérique a fait tomber ces barrières, réduisant progressivement la complexité du secteur du digital. Depuis quelques années, le “no code” contribue à généraliser l’accès aux outils numériques, partant du postulat que la technologie doit stimuler la création et non l’entraver.
Cette innovation permet, par le biais de plateformes dédiées, de s’affranchir de l’écriture des lignes de codes pour concevoir un site internet ou une application. Cette approche va totalement révolutionner l’accès au numérique, en donnant la possibilité à chacun de concevoir des contenus digitaux sans aucune connaissance technique, en quelques heures et à bas coût.
La pandémie de COVID-19 et la digitalisation accélérée qu’elle a suscitée ont mis en lumière toutes les opportunités que le no code pouvait offrir, notamment un gain de coût et de temps considérables. On assiste alors à une véritable démocratisation de l’accès au digital, par la création d’interfaces intuitives avec des options de customisation faciles d’utilisation, souvent grâce à un système permettant de glisser et déposer des blocs ou encore de changer de couleurs, de textes ou de photos juste en un clic.
En tout cela, le no code est un moyen redoutablement efficace pour dynamiser les petites structures et inciter plus fortement les Français à s’engager dans l’entrepreneuriat. Avec près de 996 000 entreprises créées en 2021, la France est un territoire où la création d’entreprise est en pleine expansion.
Ce dynamisme est décuplé par un taux de digitalisation de ces entreprises en forte hausse. En effet, 66% des TPE/PME ont aujourd’hui un site internet contre seulement 37% en 2020. L’avènement de solutions digitales faciles d’accès a accéléré la transition numérique des petites structures, auparavant freinée par le manque de temps et de moyens financiers, l’absence de connaissances techniques mais surtout par leur insuffisante évangélisation face à toutes les opportunités offertes par le digital.
À ces différentes problématiques, le no code est venu apporter des solutions simples, rapides et peu coûteuses pour booster la visibilité et la productivité des entrepreneurs.
Comment le no code peut aider les TPE et les indépendants à relever plus facilement les challenges de l’aventure entrepreneuriale ?
En premier lieu, ce mouvement affranchit les petites structures de la nécessité du recours à un développeur. Ce dernier, freelance, agence ou salarié, développe des interfaces web adaptées au besoin de la structure, et représente un budget conséquent. Cela ne signifie pas que le métier de développeur est amené à disparaître. Au contraire, la démocratisation du no code leur permettra de se concentrer sur des tâches ou des domaines plus techniques que le no code ne couvre pas.
Son apport fondamental, notamment pour les startups, est la possibilité de vérifier ou trouver plus rapidement et avec moins de moyens leur « product market-fit« , c’est-à-dire de tester leurs idées ou leurs solutions sur leur marché. C’est le meilleur moyen pour eux pour faire évoluer leur projet de façon empirique et itérative, en fonction des retours réels du marché et non de l’idée qu’ils s’en font.
En effet, gardons à l’esprit que le taux d’échec des startups est de 95%, notamment à cause de l’absence de besoin d’un produit sur un marché donné ou de la mauvaise exécution d’une bonne idée. Avec le no code, un entrepreneur peut tester plus rapidement l’adéquation entre son produit et son marché, puis l’adapter à la demande ou pivoter sans avoir exposé trop de frais.
Jean-Rémi Gratadour, directeur exécutif du Innovation & Entrepreneurship Center à HEC Paris, résume ainsi l’objectif du no code : « augmenter les chances de réussite tout en diminuant le coût de la prise de risque. » Le passage accéléré du concept au produit rend les entreprises plus dynamiques et plus compétitives. Le temps autrefois consacré à l’embauche d’un développeur et à la mise en œuvre opérationnelle de la plateforme de l’entreprise est considérablement réduit. L’entreprise peut ainsi se focaliser sur ses objectifs principaux de croissance et consacrer le budget des développements de lignes de codes à d’autres dépenses.
30 % des Français s’inscrivent dans la chaîne entrepreneuriale, soit environ 15 millions de personnes avec une envie d’entreprendre toujours plus forte. C’est ce qui résulte de la dernière enquête sur l’entrepreneuriat réalisée par l’Ifop.
Dans ce contexte, le no code apparaît comme le nouveau fer de lance du dynamisme entrepreneurial !
Valéry Lontchi