L’avènement des push web marque-t-il la fin du règne de l’email marketing ? C’est ce qu’affirme Frédéric Mahé, CEO de la start-up française WonderPush. La start-up WonderPush a mis au point la première solution qui permet d’intégrer des notifications ciblées en moins de 5 minutes et sur tous les sites web. Ces messages instantanés sont un moyen nouveau et gratuit pour les webmasters de faire revenir leurs utilisateurs même quand leur navigateur est fermé. Interview.
En quoi les push web constituent-elles une vraie révolution pour les éditeurs de sites Web?
Frédéric Mahé :
Parce que ça donne aux sites web le pouvoir jusqu’alors réservé aux applications iOS et Android de réimpliquer et relancer leurs utilisateurs. En s’abonnant explicitement (via l’opt-in) aux notifications d’un site, l’utilisateur autorise ce dernier à lui envoyer des alertes, y compris lorsqu’il n’est pas en train de le visiter. Les push web s’affichent sur son bureau ou sur l’écran d’accueil de son smartphone. Des messages qui peuvent être hyper ciblés, en fonction de ses goûts, de son expérience, ou de son parcours.
Cela va avoir de multiples conséquences sur la place de Google comme intermédiaire systématique dans la relation utilisateur-web, ou encore sur la suprématie des applications mobiles sur le web, ces dernières n’ayant plus le monopole de l’alerting. Le marketing digital va être profondément bouleversé, à commencer par l’email marketing. S’il semble encore être le mode de communication consacré par les webmasters, je suis convaincu que l’avenir de la fidélisation client appartient aux push web.
Donc selon vous, les push web vont supplanter les newsletters ?
Absolument. Envoyer une newsletter est un processus lourd et coûteux, pour des taux de clics dépassant très rarement les 8%. Trop lent, trop cher, l’email marketing n’est pas adapté à un monde qui se recentre sur le mobile. A l’ère du tweet, la push notification et ses 140 caractères, permet de toucher chaque utilisateur avec le bon message au bon endroit au bon moment, en apparaîssant instantanément sur les desktop et les écrans d’accueil des smartphones. C’est donc l’outil idéal pour faire réagir les utilisateurs de son site web et les réengager.
Les push web ne concernent-elles pas qu’une infime partie des utilisateurs web ?
Ce n’est plus vrai, aujourd’hui près de 40% des utilisateurs sont équipés de navigateurs supportant les push web, Chrome et Safari, soit déjà près d’un milliard d’internautes. Et l’on peut anticiper qu’une très large majorité le sera d’ici la fin de l’année, en raison du déploiement automatique des mises à jour de Chrome et Safari mais aussi des efforts de Mozilla pour doter Firefox de cette innovation.
Ne s’agit-il pas finalement d’un énième canal publicitaire, d’un simple renouveau du pop-up ?
Pas du tout. Car contrairement à ce qui se passe avec la pub, l’utilisateur reste le maître du jeu. A tout moment, il peut résilier (via l’opt-out) son abonnement au notifications d’un sites web s’il considère que les messages qu’il reçoit ne lui sont d’aucune utilité. C’est la grande différence avec l’emailing, le SMS, ou la publicité.
Alors oui, certains seront tentés de faire n’importe quoi au début, et de noyer leurs utilisateurs sous un flot incessant d’alertes sans intérêt. Puis le rapport entre un site web et son utilisateur va aller en se personnalisant et les push notifications seront de plus en plus ciblées, prenant alors en compte les besoins des utilisateurs. Ainsi les push notifications vont s’installer comme l’outil de développement durable des audiences.
Qu’est ce que Google a à gagner de l’ouverture des notifications aux sites web ?
C’est bien difficile à dire. Je pense que Google sent qu’il est en train de perdre sur le mobile la place de porte d’entrée vers le contenu au détriment d’un “walled garden”, un écosystème fermé totalement contrôlé par un Facebook qui se projette comme le nouvel entremetteur sur le mobile. En ouvrant les push aux sites web via les dernières versions de son browser Chrome, Google redonne aux éditeurs les clés de leur relation avec leurs propres clients, c’est à dire ni plus ni moins que la possibilité de s’affranchir aujourd’hui de Facebook pour exister demain.
En quoi la technologie WonderPush repousse-t-elle les limites de Chrome ?
La solution de push web proposée par Google non seulement ne fonctionne qu’avec des sites en HTTPS mais est également fastidieuse à implémenter. WonderPush a développé le premier SDK javascript qui permet une intégration en 5 minutes sur tout site qu’il soit en HTTP ou HTTPS. Ainsi, WonderPush ouvre à l’ensemble des sites une fonctionnalité de Chrome, du blog perso jusqu’au site media en passant par les sites de commerce en ligne.
Vous offrez votre service gratuitement, pourquoi ?
Effectivement, avec WonderPush, l’envoi de push web est totalement gratuit, car nous croyons fermement que tout site Web, y compris le plus petit, doit pouvoir communiquer avec ses utilisateurs, sans avoir à payer, dès lors que ceux-ci sont consentants. Nous pensons que face à l’actuel boum des coûts d’acquisition, développer intelligemment la relation entre un site web et ses clients non seulement pérennise l’audience mais également contribue à l’amélioration du service rendu. A l’arrivée, l’éditeur est gagnant au même titre que l’utilisateur .
Si c’est gratuit, comment allez-vous faire pour couvrir les coûts de développement et de fonctionnement ?
Grâce à un model freemium. D’un côté, nous avons une offre gratuite, en libre accès qui permet à tout éditeur de site web et d’applications mobiles, quel que soit son volume d’audience, d’envoyer des push notifications à ses utilisateurs. De l’autre, nous proposons une offre «Premium», plus haut de gamme avec des fonctionnalités inédites, moyennant un coût mensuel de 50 euros pour 50.000 utilisateurs abonnés aux notifications.
Pour en savoir plus : www.wonderpush.com